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Farnborough 2022
Luc Barry - Septembre 2022 | |
Après une interruption de quatre années, suite à l’édition 2020
annulée cause covid, le salon de l’aéronautique et de l’espace -
deuxième en importance dans le monde après celui du Bourget - qui se
tient habituellement les années paires, ouvrait ses portes du lundi 18
au vendredi 22 juillet ; cette dernière journée étant consacrée
aux jeunes à la recherche d’informations en vue de préparer une
carrière dans le secteur aérospatial. Désormais exclusivement réservé
aux professionnel du secteur et contrairement aux salons précédents, le
grand-public habituellement convié lors du week-end de clôture était
privé du show aérien traditionnel.
Ayant pour objectif 80.000 visiteurs, l’ impression était que ce
nombre n’a pas été atteint ; d’autant plus qu’au cours de la
première journée, la température extérieure culminait à 42° et les
visiteurs se limitaient à déambuler dans les cinq halls climatisés et
ses milliers de stands, tout en délaissant les 55 aéronefs du
statique ; l’absence russe se faisait remarquer aussi bien en
statique que dans les halls.
Le secteur de l’aviation commerciale a subi une chute
vertigineuse du trafic mondial estimé à 50,3 % pour l’année complète de
pandémie 2021 par rapport à 2019, soit une baisse de 4,6 milliards en
terme de passagers. Malgré une nette reprise d’activité depuis ce début
d’année, le monde de l’aviation commerciale doit faire face aux
conflits géopolitiques dont celui qui affecte l’Ukraine; à l’inflation
galopante due à la hausse phénoménale des produits pétroliers ainsi qu’
aux conflits syndicaux en conséquence du manque de personnel des
compagnies aériennes suite à la réduction drastique de celui-ci lors du
pic de la crise sanitaire. Cependant les prévisions les plus réalistes
estiment que la totalité du trafic mondial d’avant 2019, voire une
légère augmentation de 3%, serait atteinte d’ici deux ans. Pour les
avionneurs, l’avenir est à l’optimisme; une récente étude publiée par
Boeing prévoit la mise en service de 41.000 nouveaux avions de ligne
jusqu’en 2041 dont la moitié remplacerait les avions encore en service.
L’Asie serait intéressée pour la plus grosse part soit 40%. L’Amérique
du Nord et l’Europe seraient concernées chacune par 20% tandis que le
reste du monde se partagerait les derniers 20%.
Les constructeurs d’avions et plus particulièrement les
motoristes sont confrontés au gigantesque défi pour l’élimination des
rejets de CO2 dans l’atmosphère produits par l’aviation commerciale
ceux-ci étant estimés à 3% de la totalité mondiale. Ce challenge est
d’autant plus pressant qu’il faut atteindre le seuil Zéro Émission
d’ici 2050 et ce ne sera possible qu’en abandonnant le fuel d’origine
fossile pour son remplacement par l’électricité et l’hydrogène.
L’optimisme en début de Salon s’estompait cependant lors de sa
clôture: les annonces concernant l’aviation commerciale étaient en
nette diminution: les commandes et options atteignaient seulement 400
machines par rapport au 1400 obtenues lors du précédent salon de 2018
soit 297 et 85 respectivement pour Boeing et Airbus, ventes concernant
principalement des avions moyen à court courrier dont près de 255 sont
des versions 8 et 10 du B737 Max qui fait son retour après deux
accidents et sa mise au sol; le reste des ordres de commande se
partageaient entre les autres constructeurs dont Embraer et ATR.
Aviation commerciale.
Plusieurs projets plus ou moins avancés d’avion-taxi à propulsion
électrique E-VTOL ( Electric Vertical Take-off and Landing ) pour usage
en mobilité urbaine étaient proposés à la vue des spectateurs: Embraer
présentait une maquette grandeur nature de la cabine de son futur
modèle .
Wisk Aero start-up en partie aux mains de Boeing proposait son
biplace équipé de six fans sur chaque aile et d’un moteur
arrière pour la poussée. C’était la première apparition en Europe de
cet exemplaire dé commissionné après avoir volé 400 fois et dont il est
prévu un modèle à 4 places. Lilium, société basée à
Munich, présentait le premier E-VTOL en version jet. Prévu pour voler
en 2025, il sera disponible soit en version passagers, équipé de 7
sièges, soit en version cargo notamment pour les services intérieurs en
Scandinavie. Il est commandé à 6 exemplaires par la société de jets
privés belge ASL et un autre utilisateur en Andalousie.
Vertical
Aerospace, start-up anglaise, présentait le VX4 à 8
moteurs et train d’atterrissage rentrant prévu pour 1 pilote et 4
passagers. Il atteindra la vitesse de 241 km/h avec une autonomie de
161km tout en étant 30 fois plus silencieux que l’hélicoptère.
La
multinationale belge Solvay fournit notamment des matériaux composites
dans la fabrication de cet engin. Flying Group , société belge
d’avions-taxi a signé un accord pour la livraison de 50 exemplaires,
soit le premier concernant une société avions d’affaires. 1400
exemplaires sont en pré-commandes d’American Airlines, Virgin Alantic,
Avolon et Bristow Helicopters.
Comme d’habitude, la compétition pour la vente des avions de
ligne se poursuivait entre Boeing et Airbus.
Boeing présentait au sol et en vol la version la plus longue de la
série des B737 Max le modèle7, dont c’était la première sortie
internationale ainsi que son B777-9, le plus grand biréacteur au monde.
La présence du constructeur américain était plus imposante
grâce à la venue d’un B787-9 et du B777-9 ce dernier décoré du thème
Football World Cup de Qatar.
Chez Airbus, exposition au sol d’un des six A350-900 d’ITA -
successeur d’Alitalia - et d’un A220-300 d’Air Baltic qui dispose
dorénavant uniquement de ce modèle dans sa flotte. L’A350-900 du
constructeur servait aux démonstrations aériennes.
L’E190-E2 d’Embraer aux couleurs Profit Hunter participait au
show aérien tandis l’E195-E2 décoré Tech Shark était exposé
au sol.
Une version actualisée du DHC6 dénommée Guardian 400, de
surveillance maritime, à la décoration camouflée, était aussi une
première à Farnborough.
Un ATR 72-600 comme celui exposé effectuait le 21 juin le premier
vol 100 % SAF - Sustainable Air Fuel - de la compagnie norvégienne
Braathens entre Malmo et Stockholm. Le Dornier 328-ECO de nouvelle
génération était également proposé avec une motorisation compatible aux
normes SAF.
Le Saab SF340 propriété de l’université de Cranfield est utilisé
notamment pour la formation des futurs ingénieurs de tests en vol et
comme laboratoire volant.
Au point de vue aviation commerciale supersonique, le projet de
Boom Technology se concrétise par l’annonce prévue du premier vol en
2019 avec l’utilisation de carburant totalement durable. Le marché
estimé est de plus de 1000 exemplaires pour ce type d’avion. Capable de
transporter entre 65 à 80 passagers pour un rayon d’action 7867 km, il
volera à mach 1,7 à l’altitude de 60.000 pieds. La société a déjà reçu
des commandes et options pour 20 exemplaires.
Aviation d’affaire
Gulfstream Aerospace présentait sa gamme d’avions d’affaires
biréacteurs G500, G600 et G650er ; ces deux derniers sont
désormais certifiés pour atterrissage en pente d’approche de 6° en
usage au Stolport de London City Airport.
Un
exemplaire du G650R était également présenté sous la livrée Qatar et le
dernier-né G800 de 19 places à très long rayon d’action de 14.000
km avait effectué sa première traversée de l’Atlantique-Nord au départ
de Savannah en Georgie, USA, pour livraison au Service Center de la
Compagnie, à Farnborough. Un Dassault Falcon 8x et un Avanti P180
Evo étaient les seuls autres business jets présentés au salon.
Eviaviation montrait la maquette du prototype Alice, jet
électrique américain équipé de deux moteurs disposés à l’arrière dont
le premier vol est prévu en août. Sa capacité d‘emport est de 9
passagers ou fret sur 815 km et 97 exemplaires sont en commande dont 12
pour DHL.
Aviation générale
Remarquons le peu de machines représentées dans cette catégorie
d’avions légers: un Pipistrel Surveyor équipé pour surveillance
maritime, cartographie, photos aériennes etc; un ULM Zenair CH750; le
Pipistrel Velis Electro ainsi qu’un Grob G109b Vigilant T1 de
la British Disabled Flylng Asociation spécialement adapté pour le
pilotage par des personnes à mobilité réduite et l’Ulm Comco Ikarus C42
de construction allemande dont plus de 1200 exemplaires ont été
construits depuis 1996.
Avions militaires
Les dépenses militaires et de défense sont en augmentation suite
au conflit ukrainien et au renouvellement de nombreuses flottes d’avion
d’entraînement. Les négociations et conclusion des contrats lors des
salons restent confidentiels et sont rarement communiquées lors de
ceux-ci.
Embraer exposait son cargo multi mission KC390 Millenium; il est
commandé par le Brésil, le Portugal et la Hongrie ainsi que les
Pays-Bas, depuis le 16 juin, en vue de remplacer ses C-130. L’Emb
314 Super Tucano, avion d’attaque léger et d’entraînement avancé,
dont 260 exemplaires ont été livres à une quinzaine de forces
aériennes. Au stand turc TAI, l’on remarquait la maquette grandeur
nature du TF-X, chasseur de conception entièrement turque lorsque
les moteurs du prototype seront remplacés par des moteurs de
construction nationale. Le roll out est prévu en mars 2023; le premier
vol en mars 2025 et les livraisons devraient débuter en 2028. Le Hurkus sert à l’entraînement primaire et comme chasseur léger.
La
maquette de l’avion d’entraînement avancé monomoteur Hurjet était
présentée; 12 exemplaires sont déjà réservés par la force
aérienne turque en vue de remplacer ses T38 et F5. Au statique Airbus
se trouvaient l’A400M et le CN295W.
Le Bell V280 Valor aéronef à rotors basculants ayant effectué son
premier vol en décembre 2017 est toujours en développement.
Il est capable d’emporter 12 soldats équipés et remplacera le Sikorsky
UH60 Black Hawk. Leonardo exposait ses avions d’entraînement T345a et
T346a.
Les américains, comme d’habitude, occupaient une place imposante du
statique: le Locheed Martin F35A Lightning II était la vedette ;
Boeing Poséidon P8A; Lockheed C130H; MDD F15E et
Lockeed Martin F16CM. Au stand Martin Baker, leader mondial en
fourniture de sièges éjectables, l’on pouvait observer une maquette de
cockpit du chasseur sud coréen KF 21 Boramae avec le siège MK 18 qui
équipera les 120 exemplaires commandés par la force aérienne
nationale.
Espace
Un hall était dédié aux différents programmes spatiaux de l’ESA
en focalisant les activités de l’industrie britannique dans ceux-ci.
Missiles, drones UAV Unmanned Aereal Vehicle et R-UAV Rotary Unmanned Aereal Vehicle
Parmi les nombreux engins de ce type exposés au salon, l’allemand
MBDA présentait son missile tactique Spear; première apparition
du missile naval israelien Rafael Ice Briker de longue portée 300km
utilisable à partir d’un navire, d’une base terrestre ou d’un aéronef.
Turk Aircraft Industries présentait Paksunger drone bimoteur et Anka un
monomoteur léger;
Roketsan, autre constructeur turc,
proposait le missile de croisière çakir, d’une portée de 150 km.
Chez Leonardo, l’on trouvait le drone R-UAV Aw Hero, pour usage
civil et militaire. Le constructeur allemand Diehl présentait le
missile air-air de courte portée IM 2000, en vue d’assurer la
relève des missiles Sidewinder, conçus dans les années cinquante, encore
largement utilisés pat l’OTAN. Ce missile est également prévu pour
livraison à l’Ukraine.
Hélicoptères
Les Bell 429 et 505; Boeing CH47d Chinook et AH64E
Apache; la version polonaise modernisée du Sikorsky UH60 black
Hawk;
Les Leonardo AW149 et AW159 Wildcat; la maquette
TAI Gokbey hélico multi rôle; le Westland S61 Seaking; les
Airbus Helicopters H175M, H135 et la maquette du H145.
Les démonstrations aériennes mettaient en scène l’A350 d’Airbus,
les Boeing B777-9 et B737 MAX 10;
l’Embraer 190-E2;
les
turcs ATAK Helicoptere,
et Hurkus;
les P8 Poseidon,
F-35B,
Chinook
et Typhoon de la
Royal Air Force
ainsi que pour la finale, le team de démonstration de
la Force Aérienne de la République de Corée, Black Eagle, avec leurs RT50B Golden Eagle.