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Le ballon captif Belgacom de Bruxelles 2003-2005.
Luc Barry - Février 2019
Au
début des années 2000, François-Xavier Rémion actif dans le domaine de la communication et promotion d’événements ainsi qu’Eric Derwael
directeur marketing sont séduits du succès des ballons captifs construits par la société française Aérophile depuis 1993. Munis d‘une
nacelle circulaire reliée au sol par un filin ils amènent à bord trente personnes à la hauteur de cent cinquante mètres, offrant une vue à 360
degrés qui porte de trente à quarante km par temps clair. Comme support publicitaire il est possible d’apercevoir ces ballons jusqu’à quatre
kilomètres de distance. Cette attraction touristique attire de nombreux curieux dans le monde à Paris, Bordeaux, Chantilly, Bologne, Berlin ainsi qu’en Chine, au Japon, aux États-Unis et en Australie.
Le 8 novembre 2002 est fondée à Bruxelles la société anonyme Areobrussels au capital initial de soixante-deux mille cinq cent euros. Près de la
moitié des actions sont détenues par Aérophile et le reste est entre les mains des deux hommes d’affaire bruxellois à plus ou moins parts
égales. Derwael devient le directeur marketing; Rémion un des trois administrateurs; Jéróme Giacomoni, Mathieu Gobbi respectivement fondateur et directeur général d’Aérophile en sont les deux autres.
Selon l’annonce parue dans le Moniteur Belge la nouvelle société a pour mission la conception, la fabrication, l’acquisition, la vente et
l’exploitation de ballons captifs, le transport commercial de passagers ainsi que l’utilisation en vue de promotions ou de spectacles.
Dès
lors, l’achat du ballon captif de type Aérophile 5500 immatriculé F-GXLS est négocié tout en choisissant un site approprié et aisément
accessible au public car l’infrastructure nécessite des abords dégagéspour une utilisation en toute sécurité. Le choix se porte sur le parc
de l’espace Gaucheret situé dans la commune de Schaerbeek au nord de la capitale bruxelloise. Celui-ci est proche de la gare du Nord et des
tours Belgacom situées dans le quartier d’affaires dénommé World Trade Center. L’opérateur en télécommunication y voit une aubaine afin de
promouvoir son nouveau logo en devenant le principal sponsor de cette aventure.
Après
de multiples pourparlers les autorisations sont finalement obtenues de la Régie des Voies Aériennes, de la ville de Schaerbeek et de l’IBGE -
Institut Bruxellois pour la Gestion de l’E
nvironnement
qui gère le terrain. Un bail avec la ville ainsi qu’un contrat de sponsoring engageant Belgacom sont signés chacun pour une durée de
trois ans.
Fixé à dix euros par trajet le tarif est réduit à huit euros pour les seniors et groupes de plus de dix personnes tandis
que la gratuité est accordée aux enfants des écoles de Schaerbeek. Accessible tous les jours en été de neuf à dix-neuf heure avec nocturne
jeudi et vendredi jusque minuit, horaire toutefois réduit en hiver les vendredis et samedis de dix à dix-huit heure, les organisateurs
espèrent atteindre le cap des cinquante mille voyageurs pour la fin de l’année à raison de six vols à l’heure chacun d’une durée de dix
minutes.
Le 3 avril 2003 débutent les préparatifs au gonflage : deux camions citernes remplissent pendant quatre heures à
l’hélium l’enveloppe du ballon pour l’inauguration officielle fixée au 9 avril en présence d’une cinquantaine de personnalités dont le
champion de Belgique de tennis de table Philippe Saive parrain du ballon; le bourgmestre de Schaerbeek Bernard Clerfayt et la ministre
des communications Isabelle Durant. Malheureusement ce premier vol est reporté au lendemain car la vitesse du vent dépasse le seuil maximum
autorisé de trente-cinq km/h et le 11 avril c’est au tour du public à découvrir la nouvelle attraction.
L’euphorie
des débuts fait rapidement place à l’incertitude. La ville de Schaerbeek prévoit un plan d’aménagement du site : à la place de la
pelouse qui abrite le ballon une tour de 31000 m² ainsi que 120000 m² de logements devant l’hôtel Présidence, qui se trouve en face du
ballon, doivent être construits pour 2007.Les responsables d’Aérobrussels souhaitent rester bien au-delà de la fin
du
bail de la ville car les investissements ne peuvent être rentabilisés qu’après cinq années minimum d’exploitation. De plus, en signant le
contrat, les responsables d’Aérobrussels prétendaient ignorer le fait de la construction d’une tour dès 2006 ce que démentent catégoriquement
les autorités de la ville. Un pétition est lancée avec l’appui de l’hôtel Présidence et recueille seulement deux cent vingt-trois
signatures. Une commission de concertation se déroule malgré tout en décembre 2003 au cours de laquelle la direction de l’hôtel affirme ne
pas vouloir de logements en face de son entrée et Aérophile fourni ses arguments en faveur du ballon : la disparition de celui-ci entraînera
une réduction des espaces verts; la tour d’une hauteur de 100 m provoquera une ombre considérable aux alentours; le trafic dans le
quartier augmentera ainsi que l’insécurité car le ballon est illuminé jour et nuit. Finalement l’échevine de l’urbanisme de la ville refuse
tout changement aux plans du quartier Gaucheret initié en 1995 par l’échevin de l’urbanisme de l’époque Bernard Clerfayt et évoque le fait
que le terrain a déjà fait l’objet d’une option d’achat. Malgré ces problèmes il est décidé de poursuivre l’exploitation jusqu’à la fin du bail.
La
saison 2004 se termine nettement moins bien que l’année précédente suite aux mauvaises conditions climatiques survenues principalement au
cours de l ‘été : seulement quinze mille personnes ont emprunté le ballon soit dix mille de moins que l’année précédente. Pour éviter des
frais supplémentaires le ballon est dégonflé pour la période d’hiver et ne reprends du service qu’à la mi-mars 2005.
Comme la saison précédente, celle de 2005 n’est pas favorable au point de vue météorologique et pèse lourdement sur les finances d’Aérobrussels.
Depuis le 1er avril, début de la saison touristique, seulement cinquante-quatre jours sont propices aux vols; de plus le manque
d’activités touristiques autour de la place
Gaucheret
renforce les difficultés accrues par la perspective des fins de contrats avec Belgacom et avec la ville ceux-ci se terminant respectivement en mars et décembre 2006.
Un nouveau coup dur surgit au cours de la nuit du 25 novembre 2005 : une tempête de neige accompagnée de rafales de vent et d’un orage entraîne une accumulation
de neige sur le ballon qui doit être descendu en urgence; l’enveloppe du ballon est endommagée et ne peut être réparée; il est décidé de dégonfler et ranger prématurément le ballon.
Après
deux années de fonctionnement il est mis fin de commun accord à la convention d’occupation du terrain. Un nouveau sponsor et un
nouvel emplacement doivent être trouvés pour la nouvelle saison 2006. Des négociations sont entamées avec la ville de Bruxelles pour
installer le ballon captif soit sur la place d’Espagne face à la gare centrale mais la ville refuse car elle ne désire pas voir de la
publicité planer au-dessus de la Grand-Place, soit au Heysel près du Trade Mart mais les pourparlers échouent dans les deux cas. Des
discussions ont ensuite lieu avec les Institutions Européennes pour qu‘elles financent un projet dans le cadre des festivités du
cinquantième anniversaire du traité de Rome en 2007. Pour des raisons de sécurité aussi bien formulées par la police que par les autorités
communales, le projet d’installation du ballon sur le Rond-point Schuman proche des bâtiments des Institutions Européennes n’aboutit pas.
Aucun autre emplacement n’est trouvé, la société est déclarée en cessation de payement le 4 mars 2006 et mise en faillite le 4 septembre. Le ballon
est ensuite vendu au Maroc pour installation à Marrakech.
Description du ballon :
L’enveloppe
du ballon au gaz est faite en nylon/caoutchouc, gonflée en permanence à l’hélium avec un volume de 5500m³.Chaque mois 70 m³ s’évaporent et tous
les quatre mois elle est en partie regonflée. Trois personnes sont nécessaires en permanence au bon déroulement des opérations; un préposé
au sol s’occupe de la vente des tickets tandis qu’à bord prennent place le pilote (le ballon est certifié et homologué en tant qu’aéronef) et
un technicien chargé de la descente du ballon en cas d’urgence. Si le câble de rappel du ballon se rompt le technicien ouvre le panneau de
déchirure au moyen de la corde y attachée; le ballon se dégonfle et la nacelle atterrit en douceur.