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ici : Histoire - Sabena entre 2 GM - 2
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La SABENA pendant la période de l’entre deux guerres.
Luc Barry -
Juin 2021
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Deuxième partie : SABENA en Afrique et la Ligne Belgique-Congo (LBC)
LARA : première ligne coloniale régulière en Afrique
En septembre 1919, le Cenac et la
Sneta (1) décident, sous
l’impulsion du Roi Albert, de créer une ligne aérienne au Congo ayant
comme point de départ la capitale Léopoldville et l’arrivée à
Stanleyville, chef-lieu de la Province Orientale où se trouvent les
importants gisements de métaux précieux. Le but est de relier le
terminus du Chemin de Fer du Bas-Congo au point de départ de la
Compagnie du Chemin de Fer du Congo Supérieur aux Grands Lacs Africains
(CFL) en suivant le cours du fleuve Congo au moyen d’hydravions car la
région équatoriale dispose de cours d’eau larges et nombreux. En
hommage au Roi, cette liaison est nommée LARA (Ligne Aérienne Roi
Albert) et utilise six hydravions de conception française Levy-Lepen
propulsés par un moteur Renault de 300 CV capables de transporter
une charge utile de 300 kg. Les essais débutent le 15 février 1920 de
Léopoldville à Bolobo et 1er avril de Léopoldville à Gombé en
transportant du courrier. La première section de 500 km est mise en
service le 1er juillet 1920 de Léopoldville à Gombé avec escale à
Bolobo. Il s‘agit de la première liaison aérienne intérieure régulière
sur le continent africain. La deuxième section (635 km) est exploitée à
partir du 1er mai 1921 de Gombé à Lisala avec étapes intermédiaires à
Coquilathville et Mobeka. La troisième et dernière section longue de
535 km est inaugurée le 1er juillet 1921: Lisala – Basoko -
Stanleyville. Désormais deux fréquences sont effectuées chaque mois,
donnant correspondance aux navires venant de Belgique au port de Boma.
Le 7 juin 1922, le Cenac juge les résultats d’exploitation de la ligne
satisfaisants et met fin à l’expérimentation de Lara. Quatre
vingt voyages ont été effectués soit 1000 heures de vol et 125.000 km
parcourus. Nonante cinq passagers ont emprunté la ligne et 1800 kg de
courrier transportés sans incident majeur. Cependant le matériel volant
vétuste n’a pas donné satisfaction: l’humidité et la chaleur tropicale
provoquent le décollement des plaques en triplex de la coque des
hydravions au point que la flotte entière subissait des réparations
après chaque vol .
SABENA AFRIQUE : début d’une nouvelle compagnie aérienne
Sabena Afrique, branche congolaise, est créée en même
temps que
la compagnie nationale le 7 mai 1923. Sa mission est de continuer et de
développer le travail entrepris par LARA. La décision est prise
d’abandonner l’usage de l’hydravion pour adopter l’avion terrestre
bénéficiant d’une plus grande capacité d’emport et d’une
vitesse plus élevée. L’ itinéraire de la première ligne envisagée du
Bas-Congo au Katanga ne suit plus le cours des fleuves
comme l’effectuait la LARA mais en survolant les forets et savanes ce
qui nécessite la création de pistes secondaires espacées chacune d’une
cinquantaine de km en vue de ravitailler et dépanner les avions au
moyen d’hydroglisseurs et d’auto-chenilles. Les travaux
d’infrastructure financés par la Sabena débutent fin de
1923.
PREMIER RAID BELGIQUE - CONGO
Sabena commande dix trimoteurs Handley Page, en 1924, dont huit sont destinés à Sabena Afrique pour être acheminés,
en pièces démontées, au Congo par voie maritime. Cependant le
lieutenant aviateur Edmond Thieffry, avocat au barreau de Bruxelles,
propose à la Sabena (dont il ne fait cependant pas partie) d’amener
l’un de ces avions par la voie des airs vers la colonie et de démontrer
la possibilité d’une liaison aérienne entre les deux pays. Après maintes hésitations des
autorités et de Sabena, car aucun aviateur n’avait encore traversé de
part en part le désert du Sahara, il obtient les autorisations
nécessaires ainsi que l’appui du gouvernement belge.
Au matin du
12 février 1925, le HP W8F immatriculé O-BAHO baptisé « Princesse
Marie-José », fille du Roi Albert, décolle de l’aéroport de
Bruxelles. A bord ont pris place Edmond Thieffry en tant
que chef de mission; le pilote Léopold Roger qui rejoint son Poste au
Congo et le mécanicien Joseph De Bruycker. Après de multiples
péripéties, dont l’attente pendant dix huit jours à Bangui de la
livraison par bateau depuis Léopoldville d’une hélice de rechange,
l’avion atterrit dans la capitale congolaise le 3 avril. Le voyage de
8400 km effectué en cinquante et un jours totalise septante-cinq heures
et vingt-cinq minutes de vol à la vitesse moyenne de 106 km/h.
Cette expédition fournit la preuve qu’une ligne aérienne entre les deux
continents est réalisable.
RAID THIEFFRY
12/02/1925 |
BRUXELLES – LAPERIERE – DIJON |
7H55 – 14H15 |
383 km |
13/02/1925 |
DIJON – LYON |
11H40 – 14H12 |
175 |
14/02/1925 |
LYON – PERPIGNAN |
10H20 – 14H00 |
375 |
16/02/1925 |
PERPIGNAN - ALICANTE - ORAN |
8H45 – 17H15 |
850 |
17/02/1925 |
ORAN – COLOMB BECHAR |
10H50 – 16H15 |
550 |
19/02/1925 |
COLOMB BECHAR – OUALLEN |
7H15 – 15H15 |
880 |
22/02/1925 |
OUALLEN (BIDON V) – GAO |
8H00 – 14H30 |
950 |
23 - 24/02/1925 |
ENTRETIEN DE L’AVION |
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25/02/1925 |
GAO – TILLABERRY – NIAMEY |
7H45 – 17H10 |
400 |
26 – 28/02/1925 |
REPOS DE L’EQUIPAGE |
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01/03/1925 |
NIAMEY – TESSAOUA |
6H50 – 13H15 |
630 |
02/03/1925 |
TESSAOUA – ZINDER |
8H05 – 9H05 |
110 |
05/03/1925 |
ZINDER – LOGONE – BOUAY M’BASSA |
6H20 – 17H55 |
1250 |
12/03/1925 |
BOUAY M’BASSA – FORT ARCHAMBAULT |
6H25 – 9H05 |
600 |
13/03/1925 |
REPOS DE L’EQUIPAGE |
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14/03/1925 |
FORT ARCHAMBAULT – BANGUI |
6H15 – 11H55 |
550 |
14/03 – 02/04/1925 |
ATTENTE D’UNE HELICE DE RECHANGE |
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02/04/1925 |
BANGUI – IREBU |
6H30 – 11H00 |
564 |
03/05/1925 |
IREBU – LEOPOLDVILLE |
6H30 -11H00 |
507 |
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51 JOURS
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75H25
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8391 km
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LIGNE BAS-CONGO AU KATANGA
Le HP 8WF O-BAHO est mis en ligne sur le réseau aérien domestique
du Congo le 25 avril 1925, ainsi qu’un premier avion de ce type déjà
arrivé par bateau, sur la première section de la ligne du Bas - Congo
au Katanga inaugurée ce jour. D’une longueur de 850 km elle relie
Léopoldville à Luebo en passant par Kwamouth, Bandundu, Ilebo. L’escale
terminale de Luebo mène aux centres industriels diamantaires du
Kasai.
Première section loepoldville-Luebo
Aérodromes et terrains de secours :
1 |
N’DOLO |
1000 X 300 |
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2 |
KIMBOKO |
630 X 225 |
26 |
3 |
KAMBUTU |
630 X 225 |
40 |
4 |
LANGA LANGA |
630 X 225 |
30 |
5 |
KUNSULU |
70 X 235 |
40 |
6 |
KWAMOUTH |
625 X 200 |
23 |
7 |
LEBIBA |
630 X 225 |
32 |
8 |
BAKALA |
900 X 225 |
45 |
9 |
BANDUNDU |
1000 X 600 |
35 |
10 |
BIMA |
600 X 200 |
17 |
11 |
KASA VENBA |
630 X 225 |
25 |
12 |
KILLIMURRA |
660 X 170 |
43 |
13 |
MABENGA |
600 X 200 |
45 |
14 |
EOLO |
600 X 200 |
40 |
15 |
M PANU |
580 X 300 |
30 |
16 |
MANGNAY |
600 X 200 |
40 |
17 |
LUBUE |
400 X 300 |
42 |
18 |
PANGU |
400 X 300 |
20 |
19 |
SUNGULA |
400 X 220 |
43 |
20 |
ILEBO |
400 X 300 |
32 |
21 |
PEGIANGU |
600 X 200 |
36 |
22 |
DAMIANGO |
600 X 200 |
40 |
23 |
IBANGE |
600 X 200 |
30 |
24 |
KALAMBA |
600 X 200 |
40 |
25 |
LUEBO |
800 X 300 |
28 |
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Total
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822 Km
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Trois
DH50A rejoignent à partir de mai les premiers HP 8WF. La deuxième
section s’ouvre le 9 février 1926, également longue de 850 km: Luebo -
N’Gulé en pénétrant dans la riche province du Katanga avec ses
gisements d’or et d’uranium de l’Union Minière en desservant
Luluabourg, Dibaya, Kanda - Kanda, Kamina et Bukama. Cette dernière
donne correspondance avec la CFL, voie mi-fluviale, mi-ferrée qui relie
le Katanga à Stanleyville. La troisième et dernière section est mise en
service le 20 mai 1927, en reliant N’gulé à Elisabethville. le Roi
donne son autorisation pour nommer cette première grande liaison «
Ligne Aérienne Roi Albert «. Entre-temps, le 10 novembre 1926,
Léopoldville et Boma distantes de 375 km sont reliées par air. Le
trajet total entre la capitale du Katanga (Elisabethville) au port de
Boma se fait en deux jours et demi en donnant correspondance aux
paquebots ce qui met Elisabethville à vingt et un jours de
Bruxelles. Deux lignes secondaires partant de Luebo complètent la
liaison Bas - Congo / Katanga. La première vers Tshikapa de 160km
est mise en exploitation le 14 décembre 1927 et relie à l’Océan les
immenses installations de la Forminière - Société Internationale
Forestière et Minière du Congo - en charge de l’exploitation des mines
de
diamant, d’or et d’argent dans le Kasai ainsi que l’exploitation de
cultures de coton, palme, cacao et caoutchouc. La seconde vers
Lusambo longue de 325 km est ouverte le 17 avril 1928 et permet une
relation rapide entre le Bas - Congo et le Kasai - Sankuru; cette ligne
est prolongée de 500 km le 1er janvier 1929 jusqu’à Kabolo, gare
ferroviaire de la ligne CFL qui mène au lac Tanganika. La crise mondiale de 1930 entraîne la suspension dès
janvier des sections de Luebo à Luluabourg; de Lusambo à Kabolo
et de Luebo à Tshikapa. L’année suivante les sections de Léopoldville à
Boma et de Luluabourg à Elisabethville sont également suspendues. Cette
dernière ne sera pas reprise car le chemin de fer de Lobito à Dilolo
est mis en exploitation. Dans le courant de 1934, la crise se
résorbe et les activités aériennes reprennent normalement.
LIGNE BAS - CONGO VERS LES PROVINCES DU NORD
La ligne
Léopoldville - Coquilathville ouverte le 20 mai 1928, d’une longueur de
730 km passe par Badundu et Inongo en desservant les régions peu
accessibles du Lac Léopold. Le 9 avril 1931 est inaugurée la section de
875 km reliant Coquilatville à Stanleyville avec escales à Basankusu,
Lisala, Bumba et Basoko. L’embranchement Coquilathville - Libenge d’une
longueur de 450km est opérationnel en juillet 1930.
LIAISON BELGIQUE – CONGO : Préparation
En
janvier 1928 le gouvernement belge crée une commission
interministérielle en vue d’étudier les problèmes techniques,
économiques et financiers qui résulteraient de la création d’une ligne
entre la Belgique et la colonie belge. Il en découle notamment
l’établissement d’un cahier des charges auquel doit répondre l’avion à
mettre en œuvre: celui - ci doit être entièrement construit en métal et
assemblé en Belgique; muni d’un moteur refroidi par air; capable
d’atteindre un rayon d’action de 1000km à la vitesse de 180 km/h; d’un
poids total ne pouvant pas dépasser 6500 kg avec une charge utile de
1500 kg. Le choix se porte finalement sur le Fokker F VII-3m. Une
trentaine de ce type d’avion sont commandés et livrés dés 1930 en vue
de remplacer les HP 8WF devenus obsolètes. Huit d’entre eux sont
expédiés par bateau au Congo à partir de 1934.
Techniquement trois routes étaient possibles à travers
l’Afrique vers le Congo: à l’ouest la route de Dakar en longeant la
cote atlantique; à l’est la route du Nil et au centre la route du
Sahara. La route de Dakar, 10735 km, la plus longue est jalonnée de
nombreux postes TSF et d’aérodromes de secours échelonnés tous les 100
km. Depuis 1925 les avions français assurent chaque semaine la liaison
Toulouse - Dakar via Marseille, Barcelone, Alicante, Tanger,
Casablanca, Agadir, Cap Tuby, Villa Cisneros, Port Etienne et Saint
Louis. La route du Nil, 9800km, semble intéressante en parcourant des
régions naturelles peu hostiles. Mais le survol exige au préalable des
autorisations délicates à obtenir des nombreux pays survolés: France,
Italie, Grèce, Egypte et Soudan. La route du Sahara la plus courte et
la plus directe passe par Paris, Marseille, El Golea, Reggan, Gao,
Zinder, Fort Lamy et Bangui soit 8255 km traversés uniquement de
territoires administrés par la France. Reste cependant la traversée du
Sahara, dont le désert Tanezrouft (pays de la soif) de Reggan à Gao sur
1200 km, l’un des déserts les plus inhospitaliers du monde. Ce trajet
emprunté par les autocars Renault à six roues de la CGT – Compagnie
Générale Transatlantique est balisé tous les 100 km à partir de Reggan
par des bidons vides d’essence et réserves d’eau numérotés de 1 à 16.
La plus célèbre, Bidon V, se trouve à mi - chemin d’Ouallen à Tessalit
et possède sept abris pour la nuit dont deux carcasses de bus, un
réservoir d’essence actionné par une pompe à main et un phare.
Une mission d’étude menée en fin 1928 arrive à la conclusion que la
route empruntée par le vol expérimental de 1925 passant par le
Sahara est la plus avantageuse. Les négociations entre les
gouvernements français et belges débutent en 1929 en vue d’obtenir les
droits de passage et d’atterrissage dans les territoires sous
administration française et s’entendent pour exploiter en commun une
ligne transafricaine assurée alternativement par Sabena et une
compagnie aérienne française à désigner. La convention est signée le 23
mai 1930 après de nombreux obstacles de la part du gouvernement
français et des querelles entre les compagnies aériennes privées
françaises candidates à l’exploitation de la future ligne. La France
obtient la limitation de l’exploitation commune de la ligne jusqu’à la
frontière nord du Congo Belge. La convention est ratifiée par la loi
belge du 7 mai 1931. La crise économique de 1930 et divers problèmes
retardent la mise en service de la LBC. Le gouvernement de la Colonie
refuse de contribuer aux importants moyens financiers nécessaires au
démarrage de la ligne et le gouvernement de Bruxelles se retrouve seul
au financement. Les autorités françaises tardent à débloquer les fonds
à l’infrastructure terrestre de la ligne transafricaine et ne
parviennent toujours pas à désigner la compagnie française qui sera
chargée de l’exploitation pour le compte de la France. Finalement en
1934 la formation de la Régie Air Afrique entraîne celle-ci à
obtenir la permission d’effectuer les vols de L’Algérie au Congo
tandis qu’Air France, formée en 1933, effectue le trajet de Paris à
Alger. Entre temps du 23 décembre 1931 au 4 janvier 1932, Tony Orta
directeur de Sabena Afrique, le chef pilote Prosper Cocquyt , le
radiotélégraphiste Timper et le mécanicien Devismaison effectuent un
vol de prospection afin de reconnaître l’infrastructure d’une future
ligne régulière et à tester le matériel volant. La mission passe par
Lyon, Marseille, Barcelone, Alicante, Oran, Alger, Laghouat, Adrar,
Reggan et retour via Colomb Bechar, Oran, Barcelone, Toulouse, Paris et
Buxelles. La voie est ouverte pour une future ligne régulière entre les
deux métropoles.
PREMIERES LIAISONS REGULIERES BELGIQUE – CONGO
Le départ du premier vol de la Belgique au Congo est fixé au 23 février
1935 avec comme équipage du Fokker F VIIb 3m OO-AGH, les pilotes
Prosper Cocquyt et Jean Schoonbroodt ainsi que le radiotélégraphiste
Fernand Maupertuis; Tony Orta les accompagne comme passager pour
prendre ses fonctions de directeur de la compagnie au Congo. L’avion,
baptisé « Edmond Thieffry » en
hommage à celui qui s’était envolé dix ans plus tôt, décolle à quatre
heures du matin sous les applaudissement d’un public nombreux.
L’itinéraire est identique à celui emprunté par Thieffry mais les
étapes sont réparties de telle façon que le voyage aller nécessite six
jours : Bruxelles-Oran; Oran-Reggan; Reggan-Niamey; Niamey-Fort
Lamy; Fort Lamy- Coquilathville; Coquilathville-Léopoldville tandis
que le retour n’en compte que cinq : Leopoldville-Fort Archambault;
Fort Archambault-Niamey; Niamey-Reggan; Reggan-Oran; Oran-Bruxelles.
Après quelques problèmes, dont un détour de 350 km pour
cause météo au dessus de la France, un fort vent debout oblige
d’atterrir à Alicante au lieu d’Oran et la perte d’une journée et demi
à Zinder conséquence d’une tempête de sable, l’avion atterrit à
Léopoldville le 28 février soit cinq jours et demi après son départ de
Belgique. Le retour se déroule le 4 mars 1935 suivant le programme
prévu. Le premier vol commercial démarre de Bruxelles
quinze jours plus tard soit le 15 mars. Le Fokker OO-AGI « Léopold
Roger » piloté par Jo Van Ackere et Auguste Closset accompagné du radio
- mécanicien Louis Bergmans a comme passagers deux journalistes: René
Wevenbergh du « Vingtième Siècle » et Albert Bouckaert du « Soir ». Des
lors les départs se font tous les quinze jours dans les deux sens
alternativement avec Air Afrique qui utilise un trimoteur Bloch 120.
Pour la compagnie française les escales d’ Alger, El Golea et
Alouef remplacent Oran, Colomb Béchar et Reggan escales servies par
Sabena. Gao, Niamey, Zinder, Fort Lamy, Fort Archambault, Bangui et
Cocquilathville sont les escales communes aux deux compagnies. Air
Afrique attérrit à Brazaviile au lieu de Léopoldville pour Sabena. Le 9
novembre 1935 est ajouté la section française Elisabethville -
Madagascar exploitée par la Régie Malgache en Caudron Goéland via
Broken Hill – Tête – Mozambique – Maintirano en prolongement de la
ligne Alger – Brazzavile; Le 15 novembre Sabena inaugure le
prolongement de la LBC vers Elisabetville suivant le trajet
Leo- Banningville- Port Francqui – Luebo - Luluabourg - Kamina –
Bukama - Elisabethville et Air Afrique pour ne pas faire concurrence à
la compagnie belge emprunte le trajet Brazzaville – Banningville – Port
Francqui - Luluabourg – Kamina – Elisabethville.
A partir d’octobre 1936, le S73 remplace le Fokker sur la LBC à raison
d’un vol par semaine; celui- ci s‘effectue en quatre jours
au lieu de cinq, soit trente six heures de vol effectif. Six
passagers au lieu de deux prennent place à bord d’une cabine
insonorisée, chauffée ou ventilée selon le cas. Le mécanicien-radio
en tant que barman sert potage chaud, petits pains au jambon ou au
fromage, une bouteille de bière ou de vin et une banane comme dessert.
La tête de ligne LBC est transférée de Léopoldville à Stanleyville et
cette dernière est atteinte via Bangui et Bumba. Un vol bretelle
en Fokker part de Bangui à Leopolville via Bumba – Libenge -
Coquilathville -Banningville. Un deuxième vol bretelle aussi effectué
en Fokker part de Stanleyville à Elisabethville via Kindu - Kabolo
-Manono - Bukama.
Le 26 janvier 1937, le S73 OO-AGP, lors du vol vers Bruxelles parti de
Colomb Bechar, s’écrase contre une montagne lors de son approche à
douze km d’Oran: les quatre membres d’équipage et huit passagers sont
tués; il s’agit du premier accident sur la ligne.
Trois JU52 arrivent en Afrique par leurs propres moyens en 1938. Le
premier exemplaire OO-AGV attérit en avril pour opérer la section
Stanleyville - Elisabethville; les deux autres JU52, exemplaires
OO-AUF et OO-AUG livrés en décembre, sont destinés aux vols de
Stanleyville à Libengé et de Stanleyville à Usumbura. Entre-temps le
6 novembre est mis en service le S83 sur la ligne vers Léopoldville. A
l’escale de Libenge, un JU52 assure la correspondance vers
Elisabethville.
Premier avion de la Sabena à train d’atterrissage
escamotable, la vitesse de 360 km/h en fait l’avion de transport le
plus rapide du monde et Sabena s’adjuge le « Ruban Bleu « des
traversées intercontinentales. Le trajet en S83 est ramené à
trois jours et demi dont vingt quatre heures de vol
effectif. Le nombre de passagers à bord
est ramené à huit et leurs bagages ainsi que 450 kg de fret et poste
plus 150 kg d’eau potable. Le service devient bi-hebdomadaire, les
voyages sont effectués en matinée pour assurer le maximum de
confort aux passagers et toutes les dépenses telles le logement;
les repas et les boissons aussi bien aux escales qu’en vol sont
comprises dans le prix du ticket. Le 20 novembre est célébrée la
centième liaison entre la Belgique et le Congo opéré par le S83
OO – AUD.
Le 1er janvier 1939, l’itinéraire de la LBC est modifié au début de son
itinéraire africain: les escales d’Oran et de Reggan sont remplacées
par celles d’ Alger et d’El Golea en réduisant le trajet de 300km. En
avril la LBC est scindée en deux parties: le trajet Bruxelles -
Gao est effectué en S83 et la section Gao – Léopoldville se fait en
JU52.
Le 28 novembre sont inaugurées les lignes du Kivu et du Kasai en S83.
La première effectue le trajet Léopoldville – Stanleyville
- Irumu – Beni – Goma - Costermanville - Usumbura. La seconde relie
Leopoldville à Luluabourg via Kikwit, Tshikapa et
Luebo.
Le 3 septembre 1939, suite au conflit naissant en Europe, a lieu le
dernier départ de Bruxelles vers le Congo et trois jours plus tard
arrive le dernier avion parti du Congo.
Noms actuels :
| Banningville | Badundu |
| Coquilathville | Mbandaka |
| Costermanville | Bukavu |
| Elisabethville | Lubumbashi |
| Port Francqui | Ilebo |
| Jadotville | Likasi |
| Luluabourg | Kananga |
| Stanleyville | Kisangani |
| Usumbura | Bujumbura |