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Le Textron AirLand Cessna E530 Scorpion
Michel Anciaux - Juillet 2016
Les
drones sont aujourd’hui un apport indispensable à la lutte anti-drogue,
le contrôle des frontières, sans oublier la lutte anti-terroriste tel
que commenté régulièrement dans les actualités internationales.
Mais on doit compter avec ses limites, l’une d’elles étant les restrictions de vol au-dessus de zones habitées.
Une solution relativement peu couteuse pourrait être le Scorpion, un
nouvel avion, jet multi missions, développé par la société américaine
Textron
AirLand. Son avantage étant son coût de production et son prix de vente.
Si
l’heure de vol sur un Lockheed Martin F-16 est aux alentours des 25 000
$ US (Le Pentagone indiquait 24 899 $ US en 2013), pour le Scorpion on
pourrait espérer un coût entre les 2 500 $ et les 3 000 $. Son prix de
vente s’estime à moins de 20 million de dollars l’unité.
Autre comparaison, le Scorpion peut effectuer les mêmes missions que le
General Atomics MQ-1 Predator mais aussi 65% des missions du
controversé Lockheed Martin F-35.
Ce
projet ouvre un nouveau segment sur le marché des avions multi rôles et
se situe entre les turbo hélices anti guérillas et les avions de
chasses conventionnels.
Le Scorpion est défini comme avion
biréacteur léger à coût réduit capable d’accomplir des missions ISR
(Intelligence, Surveillance and Reconnaissance) ainsi que la défense
aérienne, de la surveillance maritime, du bombardement, des opérations
de contrôle et est une plateforme d’appui et d’assistance en situation
de catastrophe naturelle ; sans oublier ses capacités d’avion
d’entrainement.
Afin
de limiter les frais de conception et accélérer le développement du
projet, il a été fait usage de composants existants et testés, en
particulier ceux de la famille des jets d’affaire Cessna.
Par exemple, les ailes sont copiées du Citation M2, la même chose pour
le train d’atterrissage qui est typique de la famille des Citation. Le
mécanisme des flaps quant à lui est celui du Citation XLS alors que
celui des ailerons est copié du Citation X. On peut estimer à 70%
l’utilisation de composants de la famille Citation alors que seuls 9%
sont propre à la conception et au développement du Scorpion. Il est
aussi à noter que le fuselage est en matériaux composites.
Par
contre l’avion est équipé de commandes conventionnelles afin de
diminuer aussi les coûts d’études, conceptions et développements
qu’impliquerait un système de control digital type fly by wire.
Le moteur Honeywell TFE731 est une technologie bien connue et fiable et
est en fait une extrapolation du TSCP700 utilisé comme turbine
auxiliaire sur les McDonnell Douglas DC-10.
Développé et fabriqué initialement par la Garrett Air Research dans les
années 1972, près de 11 000 unités ont été produites accumulant plus de
100 millions
d’heures de vol.
Il équipe notamment les Learjet 35/36/55, le
Falcon 10, le Citation 650 II et la version TFE737-50 est utilisée sur
le Falcon 900DX.
Des communiqués de presse signalent que l’utilisation d’autres types de moteurs est à l’étude.
Ces turbines permettent à l’avion d’opérer à des vitesses de l’ordre
des 100 kts (185Km/h) à 455 Kts (840 Km/h) et atteindre un niveau de
vol maximum de 45 000 ft.
Dépendant des missions à effectuer, l’appareil aura une autonomie entre
3h et 5h (soit une distance de 4 400 km à la vitesse de 830 km/h et 4
000 kg de combustible) mais il est
envisagé la possibilité d’équiper les avions de série du système de
ravitaillement en vol. Le Scorpion a un poids à vide de 5 350 kg et son
poids maximum au décollage est de 9 640 kg.
Même
si le Scorpion n’existe qu’à l’état de prototype et qu’il n’y a pour le
moment aucun contrat d’achat confirmé, les dirigeants de l’entreprise
Textron ont communiqué qu’il existe un intérêt tant en Afrique
(Nigeria)qu’en Asie ; une présentation fût même organisée pour les
autorités du commandement de la Fuerza Aéréa Colombiana à la fin du
mois d’avril 2015 suite à la présence remarqué et les contacts établis
par cette entreprise américaine lors du dernier salon Expodefensa 2014
organisée à Bogota.
La Fuerza Aéréa Colombiana est dans une phase d’étude et évaluation dans le cadre du remplacement de ses Cessna A-37 Dragonfly.
Le
prototype effectua son premier vol le 12 décembre 2013 et a accumulé
plus de 400 heures d’essais en vol avec une fiabilité de 95%.
La soute, d’une capacité de 1 400 kg, permet l’emport d’armement ou
équipement électronique de vigilance tel que cameras thermique du
modèle L-3 Wescam MX-15 ainsi que des équipements de regroupement
d’informations.
6 points d’encrage, sous les ailes, permettront l’emport de munitions
JDAM (Joint Direct Attack Munition ou bombe intelligente), SDB (Small
Diameter Bomb), bombe à guidage laser
(Enhanced Paveway IV), missile air-sol AGM-114 Hellfire ou encore des
nacelles équipées de canon.
Le programme d’essais de ces armements devait démarrer à la fin de
l’année 2015 pour autant qu’il n’y ait pas eu de changements de
dernière minute.
Cobham fut sélectionné pour les équipements des postes de pilotage qui auront, entre autre, des planches de bord tout écran.
J’ai
eu la possibilité de contempler cet appareil lors de sa première
présentation au public au salon aéronautique de Farnborough en 2014; il
était aussi dans le statique du dernier salon du Bourget en 2015.
Sa présence à FIDAE 2016 n’est pas passée inaperçue et il est à espérer
que des futures options ou ordres d’achat permettront de lancer sa
production.
Il faut compter un délai de 2 ans entre la signature du contrat et la
livraison de l’avion à son client mais ces délais pourraient être
réduits une fois la chaine de production bien en marche.