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Air Belgium International

Luc Barry - Juin 2020

 Abelag Airways, précurseur d’Air Belgium International, est fondée le 3 mai 1979 par le tour-opérateur Sun International, propriété de Rudolf Van Moerkerke (Note1); Abelag Aviation et Herfurth, propriétaire de Belgavia, société de handling pour avions. C’est la première fois en Belgique qu’un voyagiste participe activement dans la gestion financière d’une compagnie aérienne. Le but est l’exploitation de vols charters long-courrier ainsi que dans le bassin méditerranéen à l’aide d’un B707-351C, OO-ABA. Malheureusement les droits de trafic sont refusés par les autorités belges à cause du monopole de la Sabena. En conséquence, l’avion est loué, de juin à octobre 1979, chez la compagnie française UTA, suite à la mise au sol de tous les DC10 après l’accident, près de Paris, d’un avion de ce type, appartenant à Turkish Airlines. Il est ensuite donné en location à d’autres compagnies dont Ontario Worldair pour être remplacé par un B737-2P6, OO-ABB, en janvier 1980.

   


 Des intérêts divergents amènent Abelag à se retirer en mai 1980, cédant ses parts à Sun International qui renomme la compagnie Air Belgium pour concurrencer TEA et ses vols inclusive-tours Sunsnacks. Un deuxième B737-2Q8, est livré neuf en mars 1981, immatriculé OO-RVM en référence à Rudolf Van Moerkerke.

 En été 1983, Air Belgium et Sobelair signent une collaboration en vue de procéder à des échanges d’avions lorsque l’un d’entre eux est immobilisé. Celle-ci se matérialise par la prise en location d’un B737-229, OO-SBT, de Sobelair, du 1er avril au 30 sept 1985, et d’un autre en location d’America West, ré immatriculé OO-PLH. Le premier B737-3Q8, OO-ILF, mis en ligne en Europe arrive à Bruxelles le 23 mars 1986, en provenance de Montréal et bat le record du monde dans sa catégorie, ayant parcouru la distance de 5560 km en 6h20 avec une charge de 2000 kg; il reste malgré tout 3700 kg de carburant à l’atterrissage. Un deuxième exemplaire aux couleurs de Sunworld, OO-ILG, est brièvement utilisé pendant le mois de mai 1987.

   


 La compagnie ouvre une division fret active de décembre 1986 à juillet 1988 avec la mise en service d’un Dassault Falcon 20DC, OO-STE, remplacé l’année suivante par un autre de même type, OO-STF, en vue d’effectuer des vols cargo vers Madrid pour le compte de DHL.

 


 Le 29 octobre 1988 arrive le premier B737- 4Q8, OO-ILH, qui remplace le dernier B737-300 de la flotte immatriculé OO-ILF.

 


 Le B757-23A, OO-ILI, est introduit en octobre 1989 sur le réseau long-courrier. Il est aménagé en plus de la cabine touriste d’une classe business en prévision des vols à destination des Caraïbes, de Mexico et de l’Amérique du sud. Le premier vol à destination de Fort Lauderdale en Floride via une escale technique à Bangor au Canada débute le 23 octobre 1990 pour continuer ensuite jusqu’à Mexico: la ligne connaît le succès au point que la compagnie pense ajouter un deuxième B757 pour éventuellement opérer sur Ho-Chi-Minh et Pnom Penh, mais cela ne réalisera pas. Cependant l’escale de Mexico, peu rentable, est abandonnée en octobre 1991. Au cours de cette année, Sobelair entre dans le capital d’Air Belgium, à raison de 35 %, en vue de la libéralisation du ciel européen effective dès juin 1993. Une demande commune des deux compagnies est introduite auprès de l’administration de l’aéronautique pour opérer une ligne régulière sur Londres-Gatwick, escale non-desservie par Sabena, en suggérant le vol matinal effectué par l’une et le retour au soir par l’autre; celle-ci sera cependant refusée. Par contre, la demande d’Air Belgium pour effectuer d’autres lignes régulières vers des destinations touristique est acceptée et les premiers vols débutent le 21 novembre 1991 d’abord vers Palma ensuite Alicante, Faro, Funchal, Malaga, Las Palmas et Tenerife; s’y ajoutent pour l’horaire d’été 1994 Almeira, Fuerte ventura, Ibiza, Lanzarote, et Menorca vols effectués soit en B757 soit en B737- 400. Pour 1992 l’escale de Fort Lauderdale sur la ligne vers Curaçao est remplacée par Miami.

 Les résultats financiers ne sont pas bons en 1995 et ont pour conséquence l’arrêt des long-courriers et le retrait du B757, en mars 1996, remplacé par un B737-3Q8 aux couleurs de National Jet, OO-ILK, opéré par DHL pendant l’hiver 95-96 pour une période de cinq mois en vue d’effectuer des vols cargo entre Bruxelles, Nuremberg et Budapest.



 Van Moerkerkerke décide la mise en vente du groupe l’année suivante, cependant un nouveau logo apparaît sur les avions.

     


Le groupe anglais Airtours Holding présente la meilleure offre et rachète en février 1998 dans un premier temps toutes les activités touristiques du groupe ensuite en avril 1999 Air Belguim et les parts que Sobelair détenait dans la compagnie aérienne. Deux A320-200, OO-AEY et AEZ entrent dans la flotte en mai et juillet 1999 et gardent les couleurs d’Airtours International Airways - propriété du holding Airtours - avec de petits titres Air Belgium et rejoignent les derniers Boeing encore en service un B737-3Q8, OO-ILK, et un B737-46B introduit en juillet 1991, OO-ILJ, celui-ci repeint en janvier 2000 aux couleurs du chocolatier belge Léonidas.

       


 La concurrence entre tour-opérateurs pousse Air Belgium à cesser ses opérations le 31 octobre 2000 et la faillite est prononcée le mois suivant.




(Note 1)  L’histoire de la compagnie aérienne belge est étroitement liée à celle de Rudolf Van Moerkerke fondateur de l’empire touristique Sun International.
 Rudolf est né à Ostende en 1924; son père coursier exploite une petite société constituée d’une charrette tirée par un cheval tandis que sa mère travaille dans un hôtel de la ville. La guerre terminée, le jeune homme est engagé par le bourgmestre de Courtrai, propriétaire d’un petite flotte d’autocars et président de la fédération qui regroupe les professionnels du secteur. Le jeune employé se fait rapidement remarquer par ses qualités professionnelles et devient secrétaire de cette fédération. Son mariage, la naissance du premier fils, l’occasion manquée de progresser dans sa fonction ainsi que les nombreux trajets entre son domicile et le travail l’incitent à se tourner vers une fonction plus lucrative en tant que courtier d’assurance. Ses nombreuses relations lui donnent l’opportunité d’entrer en contact avec une société anglaise acheminant des touristes vers le continent dont la Belgique. Choqué que les cars une fois arrivés par voie maritime à Ostende ne puissent continuer légalement leur route, il s’adresse à Eduard Anseele, ministre des transports, dans l’espoir que celui-ci fasse modifier cette loi jugée absurde. Quelque temps plus tard l’adaptation de la loi permet la continuation du trajet pour la moitié des bus anglais avec obligation d’utiliser des cars belges pour l’autre moitié. Comme Van Moerkerke est seul au courant de la nouvelle loi, il fonde en 1953 sa propre société de cars West Belgium Coach forte à son apogée de plus de trois cent véhicules.
 En 1968 VM procède au rachat d’un petite agence de voyage bruxelloise à la dérive en maintenant le nom Sunair qui fait allusion au soleil du sud de l’Europe de plus en plus apprécié par les touristes belges. La société prend de l’expansion et se modernise en 1970 par la construction d’un immeuble hyper-moderne à proximité de son concurrent Jetair, près de l’entrée de l’autoroute E40, Ostende-Bruxelles. Devenu populaire dans sa région, Rudolf van Moerkerke, poussé par ses deux fils joueurs au club de basket BC Oostende, en devient le président et principal sponsor. Renommé BC Sunair Oostende; les membres du club appellent dorénavant Van Moerkerke « Mister V » surnom qu’il gardera tout au long de sa vie. Possédant une des plus grosses fortunes de Belgique, Van Moerkerke reste un homme prudent et ne désire pas investir la totalité de celle-ci dans Sunair. La société s’ouvre à l’actionnariat privé en 1974; modifie sa dénomination en Sun International et devient le premier opérateur de tourisme coté à la bourse de Bruxelles en 1984: 45 % des parts sont aux mains de la famille Van Moerkerke via sa société Faminvest/Famfinance (Note 2); 20 % sont la propriété de Sofina - Société Financière de Transports et d’Entreprises Industrielles, proche de la famille Boël; 15 % au nom d’Oranje Nassau Nederland; 10% apportés par l’assureur Assubel et 10 % de parts anonymes. Possédant une trentaine d’agences le groupe devient le plus important tour opérateur de Belgique en occupant plus de 30 % du marché.
 Estimant le coût moins élevé d’opérer des avions à son propre compte plutôt que les louer à partir d’autres sociétés, VM lance sa propre compagnie aérienne Air Belgium en mai 1980 et rachète en devenant la division produits de luxe du groupe, Airtour le plus ancien voyagiste belge fondé en 1955 par l’anversois Charles Wirtz leader du marché pendant 20 ans mais subissant les dernières années la concurrence de Sunair et Jetair.
 Une importante étape est franchie en 1986 avec l’introduction du concept de village de vacances à vocation populaire Sun Parks constitué de bungalows dans le style des habitations de pécheurs à la côte. Le premier s’installe en 1987 à Oostduinkerke suivis par ceux de Vielsalm, De Haan et Mol. Malheureusement, l’investissement de 12 milliards bf est un échec et entraîne d’énormes pertes en 1996 car la fréquentation n’est pas celle espérée ce qui entraîne le retrait de Kaufhof/ITS et de Sofina suite à leur désaccord à poursuivre cette coûteuse aventure.
 Ces problèmes financiers entraînent VM à céder, en 1997, Air Belgium et toutes les autres activités touristiques au groupe anglais Airtours Holding. Malgré cette reprise, Sun International ne parvient pas à regagner la confiance des clients tandis que son concurrent Jetair passe de 350.000 voyageurs en 1995 à 850.000 fin 2000 et les affaires périclitent au point qu’ Airtours Holding essaie en vain de trouver un nouvel acquéreur et se retire. Le groupe Sun International est déclaré en faillite le premier novembre 2000. VM se retire partiellement des affaires tout en s’occupant d’une dizaine des sociétés (assurances, immobilier, art etc.) qui gravitaient autour de son empire dont seul subsiste Sun Parks, non-repris dans la transaction de vente par les anglais, renommé Sun Parc Resorts lors de la cession à son fils Mark en 1998.
 Roger Van Moerkerke s’éteint le 4 décembre 2014 à l’âge de nonante ans.
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(Note 2)  Faminvest/Famfinance est constitué de 47,5 % des parts détenues par le groupe de grands magasins allemand Kaufhof via sa filiale touristique ITS – International Tourist Service (quatrième voyagiste allemand en importance) et le reste est entre les mains de la famille Van Moerkerke