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Synergie civile et militaire pour la gestion de l'espace aérien belge.
Luc Barry - Décembre 2019 |
Dans les espaces aériens belge et luxembourgeois, les
services de contrôle du trafic aérien sont assurés par trois organismes
indépendants :
- Skeyes, entreprise publique autonome belge, grâce à son centre CANAC
2 (Computer Assisted National Air Traffic Control Center) situé à
Steenokkerzeel à côté de la tour de contrôle de Brussels Airport gère
le trafic aérien civil général GAT (General Air Traffic) au-dessus de
la Belgique et d’une partie du Luxembourg jusqu’à une altitude de 7500m.
- L’espace aérien supérieur des pays du Benelux et de l’Allemagne du
Nord-Ouest est géré par le centre MUAC (Maastricht Upper Area Control
Center) d’Eurocontrol situé à Maastricht.
- La responsabilité du trafic aérien militaire OAT (Operational Air
Trafic) incombe à la Défense au moyen de son centre ATCC (Air Traffic
Control Center) situé à Semmerzake.
L’espace aérien au-dessus de la Belgique est restreint tout
en étant considéré comme le plus complexe d’Europe, après celui de la
Suisse. Il est situé au croisement, géré par Skeyes, des grands axes
formés par les aéroports d’Amsterdam-Paris et Londres-Francfort, ce qui
entraîne le passage de plus de trois mille avions par jour, soit plus
d’un million de mouvements par an. Pour ses missions d’entraînement en
vol, la Défense a exploité au maximum son espace aérien réservé.
Il était donc nécessaire qu’une collaboration se fasse entre
civils et militaires pour exploiter au mieux l’espace aérien belge et
en assurer la continuité de la sécurité ; d’autant plus que le trafic
aérien civil est en constante augmentation.
Pour ces raisons, par un accord gouvernemental et dans le
cadre du projet Belgian Airspace 2030, il était décidé d’obtenir une
meilleure coordination entre contrôleurs civils et militaires comme
c’est déjà le cas aux Pays-Bas, en Allemagne et au Danemark.
Au cours de ces deux dernières années, le système SAS2
(Shared Air Traffic Services System 2) était développé afin d’intégrer
les fonctionnalités nécessaires pour le contrôle du trafic aérien
militaire dans le système en usage au MUAC. En pratique, le matériel
nécessaire était installé à Steenokkerzeel chez Skeyes et dans les
bases aériennes de Beauvechain, Koksijde, Florennes et Kleine-Brogel.
Le 26 mars 2019, l’essai d’acceptation sur site était
effectué avec succès et le 2 décembre les vingt-deux contrôleurs
aériens militaires et le staff déménageaient de Semmerzake pour
rejoindre leurs collègues civils dans la salle opérationnelle du centre
CANAC 2, en conservant chacun son statut et ses spécificités soit
militaires soit civils.
D’ici 2024, le nouveau système SAS3 remplacera le SAS2
actuellement utilisé par Eurocontrol et les militaires et permettra aux
trois organisations gérant l’espace aérien belge d’utiliser un système
unique de contrôle du trafic européen dans le but d’une meilleure
coopération et de mieux atteindre les objectifs du Ciel Unique Européen
SES (Single European Sky).
A cette occasion, une cérémonie avec
mise en place des couleurs nationales était organisée dans les locaux
de Skeyes à Steenokerzeel, ce 2 décembre, avec la participation de la
Musique Royale de la Force Aérienne, en présence de François Bellot,
Ministre Fédéral de la Mobilité, des autorités militaires représentées
par le Général-Major Aviateur Frederik Vansina, chef de la Composante
Air et les responsables de Skeyes : Renaud Lorand, président ainsi que
Johan Decuyper, CEO . Un survol de quatre F-16 clôturait la matinée.
Note: Le SES est une initiative de la Communauté Européenne
prise à la fin des années nonante afin de rendre le trafic aérien plus
efficace, compétitif, sécurisé et respectueux de l’environnement en
supprimant les frontières aériennes nationales. Concrètement, cela se
réalisera d’une part en créant des routes aériennes plus courtes et
directes entraînant une réduction de consommation en carburant ainsi
qu’une diminution du CO2 des avions et d’autre part en supprimant la
fragmentation actuelle des systèmes de gestion du trafic aérien composé
de vingt-huit blocs nationaux remplacés par un réseau de neuf blocs
régionaux déjà créés mais pas encore opérationnels.