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 Cette journée ensoleillée du 18 avril 2019 aura vu la visite du Ministre de la Défense Didier Reynders à la base de Florennes.
 Après le camp militaire de Marche en Famenne et d'autres installations, le ministre a rejoint la base namuroise. Le point d'orgue de cette journée fut un vol à bord d'un F-16B, une première pour le nouveau ministre.
Mais d’abord, revenons sur la conférence de presse où Monsieur Reynders était entouré du Général Vansina, des Colonels Polome (commandant de la base), Van Pee (officier de projet pour l'acquisition du F-35) et Cruysberghs (chef du projet du programme des avions pilotés à distance MQ-9B). Celle-ci a relaté et précisé le futur proche de la base de Florennes.



Monsieur le Ministre de la Défense : “Je pense que ma venue ici à Florennes est un passage obligé après ma rencontre avec les Composantes Terre et Médicale. C'est aussi un moyen de discuter des enjeux et des perspectives pour le futur. Je sais qu'il y a une grande motivation du personnel de la force aérienne.
Il y a eu un certain nombre de décisions sur le remplacement de la capacité des C-130 avec l'arrivée des A-400M qui vont venir prendre place à Melsbroek. En décembre 2018, la décision a été prise de commander un simulateur de vol ainsi que la construction du bâtiment pour l'y installer. Un avion ravitailleur en vol va aussi bientôt arriver, si on y ajoute les drones MQ-9B de la classe MALE (Medium Altitude Long Endurance) et le remplacement de nos F-16 par une flotte de 34 F-35A, cela permettra  de moderniser notre équipement. Il y a aussi des défis importants au point de vue du personnel ici à Florennes mais également à Kleine-Brogel.
La livraison des premiers F-35 se fera ici à Florennes, ce qui nécessitera des travaux importants à réaliser dans une infrastructure qui fait 700 hectares. De tous les contacts que j'ai eus avec les différentes composantes, il ressort qu’il y a un vrai besoin d'équipements nouveaux. Des décisions ont été prises et il y en aura encore. Il y a un besoin en infrastructure mais surtout dans le recrutement de personnel. On n'est pas loin des 2000-2500 recrutements nécessaires pour cette année 2019. Rien que pour Florennes, nous sommes à plusieurs centaines dans les années à venir. Si nous voulons aller plus loin dans un recrutement y compris de jeunes femmes dans notre armée, c'est voir dans quelle mesure on peut concilier des vies professionnelles et les vies familiales. Et dans une région comme Florennes, on voit bien qu'il y a des petites communes autour mais avec une capacité d'accueil qui ne correspond pas à la taille d'une base comme celle-ci. Je m'en suis entretenu ce matin et nous allons lancer le projet d'une crèche dans la base de Florennes avec des moyens budgétaires en interne. On nous donne une évaluation de coûts de 700000 €. Cela ne doit être qu'un exemple de ce qui peut être développé. Nous avons besoin de cette capacité d'accueil pour attirer de nouveaux militaires ou civils dans nos effectifs mais également pour les garder.
Un autre point, je me suis entretenu ce matin avec le Ministre de la Mobilité François Bellot et je dois préciser que nous avons des demandes de ministres régionaux en rapport avec les problèmes chez Skeyes. Il faut se rendre compte qu'en cas d'arrêt du contrôle aérien belge, les militaires continuent à opérer. Nous savons faire voler nos avions et équipements, mais nous n'avons pas pour l'instant les licences et les autorisations juridiques pour pouvoir reprendre le contrôle aérien qui est réalisé par les civils, par Skeyes en l’espèce. En cas exceptionnel de crise ou catastrophe, il y a des possibilités d'intervention.
Le Général Vansina va vous détailler les plans pour les infrastructures ici à Florennes”.

Le Général Vansina : “Je vais débuter avec le MQ-9B qui n'a plus rien à voir avec nos B-Hunter. Vous avez les chiffres devant vous. Par exemple, il a une envergure d'un Boeing 737et c'est vraiment une autre classe d'engin. Ce qui est vraiment innovant, c'est que pour la première fois un engin piloté à distance pourra évoluer dans le même espace aérien que les avions civils ou militaires avec des pilotes à bord. Jusqu’à présent, nous avions des zones spécifiques pour ces vols. Les MQ-9B eux seront équipés d'un radar pour "voir" les autres avions. C'est un engin d'observation avec une tourelle stabilisée pour prendre des images. Les B-Hunter devraient être retirés en 2021 et nous avons acquis deux systèmes Sky Guardian comme on appelle le MQ-9B ; chaque système sera composé de deux appareils et d'une station au sol (ground control station), ici à Florennes. L'équipage d'un MQ-9B se compose d'un pilote, d'un opérateur de senseurs et d'un chef de mission. A côté de cela, il y a un soutien opérationnel. La formation aura lieu aux USA et c'est la firme General Atomics près de San Diego qui construit l'engin.
Pour l'infrastructure, nous attendons l'accord préalable du gouvernement pour fin 2019 pour l'attribution du marché avec une fin des travaux en 2023 et ainsi accueillir les MQ- 9B.


Le F-35 est un avion de 5ième génération, un peu plus grand que le F-16 mais surtout plus long et équipé d'un moteur beaucoup plus puissant. Il a la même durée de vie théorique de 8000 heures pour la cellule ce qui lui permettra un avenir de 40 ans. Ce qui en fait un avion de 5ième génération, c'est tout d'abord une capacité de fusionner les données. Un pilote de F-16 aujourd'hui doit regarder divers écrans et intégrer des informations qu'il reçoit pour avoir une idée du champ de bataille aérien. Pour le F-35, son cockpit peut être comparé à un iPhone volant avec une fusion des données comme le font les jeunes aujourd'hui. L'autre capacité importante de cette machine concerne les liaisons de données de manière furtive. C'est également un avion qui est dit "furtif" ce qui ne veut pas dire qu'il est invisible, mais il est beaucoup moins visible que d'autres avions de chasse. C'est un avion qui commence à se répandre, il y a de plus en plus d'utilisateurs. 14 pays dans le monde, dont six pays en Europe qui sont nos partenaires habituels. On peut parler d'une standardisation autour de cet avion. Monsieur le Ministre a parlé d'une livraison à partir de 2023 avec un rythme de quatre – cinq avions par an. L'idée de base est de former notre personnel aux USA vraisemblablement à Luke AFB en Arizona pour nos pilotes (à partir de 2022) et les techniciens probablement à la base d'Eglin en Floride. Les premiers avions arriveront ici à Florennes en 2025. Les F-16 monoplaces seront disponibles pour des opérations jusque fin 2028 et là, il restera encore quelques biplaces avec du potentiel.




Pour les systèmes liés, nous aurons un centre de simulation ici à Florennes et un autre à Kleine-Brogel et qui d'ailleurs seront interconnectés. Ceux-ci permettront aux pilotes d'effectuer une partie de leur temps de vol annuel sur le simulateur pour deux raisons : tout d'abord parce que ces simulateurs sont devenus très performants, et ensuite parce que le F-35 est équipé de systèmes qui ne peuvent être activés qu'en l'air, en temps de guerre.
Tout le personnel existant sur F-16 sera converti sur F-35. Le système étant beaucoup plus secret, il y aura beaucoup plus de mesures de sécurité liées à cet avion.


Au point de vue de l'infrastructure, l'idée de base est de remplacer les installations vétustes sur les deux bases aériennes par du neuf. Là aussi, les contraintes au niveau de la sécurité sont telles que nous devons construire du neuf. Ce seront des zones centralisées et dédiées à ces nouvelles capacités avec une intention particulière au bien-être du personnel masculin et féminin. L'accord doit arriver en 2019 pour les deux bases. Le début de travaux ici commencera mi-2022 pour terminer fin 2024. A KB, il y aura deux ans de décalage pour finaliser les travaux en 2026”.

Après ces discours, quelques mots sur le vol à bord d'un F-16B du ministre. Celui-ci avait pour pilote Tim de la 350 Sqn et ils étaient accompagnés d'un autre F-16B (avion – photographe) et d'un F-16A pour une simulation d'interception. Après un passage par le Lion de Waterloo, le F-16 s'est dirigé vers Liège, la ville du ministre. La phase d'interception a impressionné ce dernier par la proximité avec l'autre appareil.



Voici ce que nous en a dit Tim, le pilote : “C'était un vol calme, nous avons été jusque 4 G et effectué un looping. L'interception en vol est une manœuvre qui est au cœur même de notre travail journalier”.



Nul doute que le Ministre de la Défense n'oubliera pas de sitôt sa visite printanière sur la base de Florennes. Cette rencontre avec le personnel et la presse aura marqué un point important pour le futur de la base et de la région.