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Salon de l'aviation et de l'espace
ILA 2018 Berlin
Luc Barry - Juin 2018 | |
En se focalisant sur le futur et le développement des nouvelles technologies, le Salon ILA veut se positionner en tant que leader dans la présentation des innovations qui touchent le secteur
aérospatial. Du 25 au 29 avril, plus de 180.000 visiteurs, professionnels et amateurs, ont parcouru les 1100 stands d’exposants originaires de 41 pays ainsi que le parc d’avions statiques comptant
200 aéronefs anciens et actuels. Cette édition de la plus ancienne exposition aéronautique au monde a mis à l’honneur la France, partenaire privilégié de l’Allemagne, certainement en ce qui concerne
les activités aérospatiales. Lors de la visite du Salon, les ministres de la défense des deux pays, Florence Parly pour la France et Ursula von der Leyen pour l’Allemagne ont annoncé la mise en route de
plusieurs programmes d’armement en commun : développement d’une nouvelle génération d’avion de combat FCAS (Future Combat Air System);
d’un nouvel avion de reconnaissance maritime pour remplacer les Breguet Atlantic français et Lockheed P3 Orion allemands ainsi que la
réalisation de nouveaux véhicules blindés terrestres.
La
Bundeswehr, forces armées allemandes, principal exposant du salon
présentait dans l’un des cinq halls ses plus récentes technologies dont
une simulation en maintenance du chasseur Tornado sous forme Virtual
Reality. A l’extérieur plus de 40 avions dont les avions de transport
Airbus A310MRTT Medevac, A400M, A319CJ et C160 Transall; les avions
de combat Panavia Tornado et Eurofighter Thyphoon; les
hélicoptères Airbus Tiger, NHIndustries NH90, Westland Sea Lynx et
Seaking, ainsi que divers drones et autres engins
motorisés occupaient la majorité de l’exposition statique alors qu’un
display en vol réunissait une vingtaine d’aéronefs de toutes les
composantes de la défense allemande.
Le Salon ILA de Berlin se
distinguait des autres par l’importance de son exposition ayant pour
thème l’Espace dont l’entièreté d’un hall lui était dédié. A
l’extérieur, une réplique haute de 18 m, à l’échelle 1/4, de la fusée
Ariane 6 indiquait la direction du hall où sont mis en évidence les
programmes de l’Agence Spatiale
Européenne ESA, réalisés en
collaboration active avec les centres de recherche et les industries
allemandes. De nombreuses maquettes et répliques tel le satellite
franco-allemand Merlin, pour l’étude du méthane dans l’espace; la
construction du service module Orion, construit en partie
en
Allemagne, nouveau véhicule de transport spatial pour des missions
lunaires; la construction du futur lanceur européen Ariane 6 ainsi que
maintes animations expliquaient les points forts des nombreux projets
du futur. Les programmes en cours ou prévus cette année comme la
nouvelle mission spatiale « Horizons » avec à bord de l’ISS
(International Space Station) l’astronaute allemand Alexander Gerst; le
lancement de quatre
nouveaux satellites de construction allemande
faisant partie du nouveau système GPS européen Galileo et le programme
BepiColombo, mission non- habitée euro-japonaise sous leadership
allemand vers la planète Mercure attiraient particulièrement l’intéret. Sous le thème « Space World », les programmes spatiaux
des autres nations se dévoilaient dans un hall séparé où l’on pouvait y
découvrir les derniers détails des programmes américains en ce qui
concerne la station spatiale ISS et les missions d’exploration
planétaires comme la mission InSight Lander dont le lancement vers Mars
a eu
lieu le 5 mai dernier et qui doit atterrir sur la planète rouge
après un voyage de six mois. Son module de recherche HP 3 Mars Mole, de conception allemande a pour rôle d’effectuer des
sondages sismiques et géodésiques à l’aide d’une foreuse qui devra
insérer une bande constituée de senseurs thermiques à une profondeur de
5 m en dessous de la surface de la planète. Les autres agences
nationales telles que russe, ukrainienne, brésilienne
exposaient une large gamme de lanceurs et d’engins spatiaux. L’agence
japonaise JAXA expliquait la mission de sa sonde lancée en décembre
2004 destinée à étudier l’astéroïde Ryugu et à ramener en 2020 un
échantillon sur terre à bord de l’atterrisseur Mascot fourni par les
agences spatiales allemande DLR et française CNES.
Un hall était entièrement consacré aux 280 « Suppliers », fournisseurs de matériel non-aéronautiques pour les constructeurs du
secteur
aérospatial. Le Career Center, plateforme pour les ressources humaines
et de recrutement attirait les jeunes dans une ambiance détendue en
présentant des opportunités de formations et de carrières issues de 40
sociétés et institutions.
L’aviation commerciale dominée
par le constructeur européen Airbus occupait une grande partie de
l’aire réservée à l’exposition statique. La principale innovation était
l’Airbus A340 BLADE (Breakthrough Laminar Aircraft Demonstrator in
Europe) dont c’était la première apparition en public. Cet avion
expérimental est une concrétisation du programme européen Clean Sky
ayant pour objectif la réduction des émissions de CO2 de 50 %; des
émissions de NOX de 50 % et de réduction en pollution sonore de 50 %
d’ici 2030. Ce laboratoire volant dispose d’ailes dont les parties
externes ont été remplacées par de nouveaux composants, au design
contribuant à diminuer l’écoulement de l’air le long de celles-ci.
L’Airbus
A380 aux couleurs d’Emirates, centième exemplaire actif au sein de
la compagnie, et l’Airbus A350-900 du constructeur impressionnaient
comme toujours les spectateurs.
Air Baltic, compagnie de lancement du Bombardier CS300, avion de ligne régional de 135 places, présentait l’un des huit exemplaires déjà en service sur ses lignes.
Visite surprise de l’An225 Mrija, le plus grand et le plus lourd de tous les avions commerciaux, capable de transporter une charge maximum de 250 tonnes.
L’on pouvait aussi apercevoir deux réalisations classiques issues de l’industrie aéronautique allemande : les bimoteurs Do328-110 et Do228 NG.
Les Falcon 2000LX de Dassault
et Phenom300 d’Embraer étaient les seuls représentants de l’aviation
d’affaire. Parmi les avions légers et de tourisme l’aviation
allemande exposait le GROB G120TP, biplace d’entraînement à train
rétractable utilisé dans diverses forces aériennes dont l’Indonésie, le
Myanmar, l’Argentine et le Mexique ainsi qu’un Grob G520T désigné pour
des missions de reconnaissance et de surveillance; il s’agit du premier
avion entièrement fabriqué en matériau composite ayant battu le record
du monde d’altitude en atteignant 13629m.
L’association allemande DWFV exposait quelques avions amphibies de ses membres : un hydravion classique Lake Buccaneer La4-200 et les ULMS Fly Synthesys
Catalina NG, Flywhale Aircraft Adventure IS sport et Progressive Aerodyne Searey.
Le biplace d’entrainement à la voltige de haute performance Akaflieg Munchen MU30 Schlaero (SCHLepp AERObatic) posait fièrement à côté des planeurs Akaflieg Munchen MU-31 et Akaflieg Berlin B-13.
Outre l’importante
représentation militaire allemande, l’Armée de l’Air française avait
envoyé deux Dassault Rafale et un Lockheed C-130J-30; l’Aeronautica
Militare Italiana, un Eurofighter Typhoon et un Leonardo T346; la
Polish Air Force, un Mig 29 Fulcrum; la force aérienne hongroise, un
Saab JAS 39C Gripen; le Boeing E3a Sentry provenait de l’Otan; un Casa
295 de la Force Aérienne Portugaise représentait la division aviation
de transport d’Airbus.
Remarquable aussi était la présence des différentes composantes aériennes des États-Unis : Le Boeing CV-22B Osprey, deux Lockheed Martin F-16C et le
C-130J-30, le Boeing E/A-18G Growler et le P-8A Poseidon, le F-15E Strike Eagle et le F/A-18E Super Hornet.
Deux exemplaires de l’avion furtif Lockheed Martin F-35A Lightning II
apparaissaient pour la première fois au salon après avoir effectué,
depuis leur base en Arizona, un vol sans escale de 11h30, ponctué par
dix ravitaillements en vol. Cet avion est en compétition avec
l’Eurofighter pour remplacer les anciens Panavia
Tornados encore en
service dans la Luftwaffe. Une autre nouveauté au Salon de
Berlin était l’avion patrouilleur et de reconnaissance maritime
japonais Kawasaki P-1, premier avion au monde équipé de la technologie
« Fly-By-Light » utilisant des signaux lumineux pour éviter les
interférences électromagnétiques aux senseurs.
Concernant
les hélicoptères, les modèles militaires exposés dépassaient en nombre
les civils; première apparition publique du Sikorsky Ch-53 King
Stallion l’hélicoptère le plus puissant jamais construit aux Etats Unis
et successeur possible du CH53G actuellement en service dans la
Bundeswehr. Citons le Sikorsky MH-60R Seahawk, le H145M d’Airbus;
le Boeing AH64D Apache et le CH47F Chinook pour les
voilures tournantes à vocation militaire; alors qu’un Bell 429 et un
Eurocopter EH135 étaient les seuls machines civiles exposées.
Le
marché des drones, plus particulièrement ceux utilisés pour des
missions complexes aussi bien civiles que militaires, est en pleine
expansion. IAI Industries d’Israël exposait le MALE (Medium Altitude
Long Endurance) Heron TP d’une endurance de 52 heures avec charge d’une
tonne utilisé en Afghanistan par l’armée allemande. Le NT161 est
un drone tactique pouvant atteindre une altitude de 3500m construit par
la firme Serbe CTT Composite Technology Team. Le drone Skeldar
proposé par le consortium suédo-suisse UMS trouve son application dans
les missions aussi bien terrestres que maritimes; Le Schiebel
Camcopter S100 est un hélicoptère télécommandé autrichien
spécialement adapté pour des missions maritimes de type SAR (Search and
Rescue), de surveillance, de lutte anti-drogue et anti-pollution ayant
une portée de 200km. Diverses universités allemandes dévoilaient leurs
projets de drones expérimentaux.
Comme déjà renseigné dans
le paragraphe consacré à l’Espace, le DLR (Deutsche Zentrum Fur
Luft-und Raumfahrt) est actif dans la recherche spatiale en général et
dans le développement d’engins spatiaux en partenariat avec les
différentes universités allemandes. Son rôle est également primordial
en ce qui concerne la recherche aéronautique. Pour effectuer ses
missions le centre dispose de plusieurs avions et hélicoptérers. L’Airbus A320 ATR-Advanced Technology Research Aircraft sert de
laboratoire volant pour la recherche et le développement des systèmes
embarqués; le Dornier Do228-112 teste les nouveaux types de radar et sa
large cabine permet d’embarquer un large éventail d’instruments de
mesure pour l’observation terrestre; le Dassault Falcon 20E est
utilisé pour des missions d’observations sur le climat et l’influence
des gaz d’échappement d’avion dans l’atmosphère; le Cessna 208b Grand
Caravan est une classe volante pour entraîner le personnel
technique du secteur aéronautique et peut également servir pour la
photographie aérienne ainsi qu’au contrôle du trafic routier.;
l’Eurocopter EC135 ACT/HFS simule et teste en condition réelle les
nouveaux systèmes de contrôle de vol et le rôle du Bolkow BO105
consiste à étudier en vol les caractéristiques du rotor et l’écoulement
de l’air le long des pales de celui-ci mais aussi à observer le trafic
routier ou les catastrophes naturelles.
Quelques aéronefs souvent d’aspect futuristes étaient
présentés soit en projet soit sous
forme expérimentale : le DLR exposait ses
drones-gyrocoptéres pour le
transport cargo à basse altitude ALAADy (Automated Low Altitude Air
DeliverY), l’un en version light d’un poids maximum de 45kg pouvant
emporter 15 kg de charge et l’autre en version lourde de 450 kg dénommé
Air Dolly. Airbus montrait son CityAirbus taxi aérien
urbain sans pilote pour quatre passagers entrainé par huit moteurs
électriques dont le premier vol est prévu en fin d’année. Le Spaceliner
est un autre projet du DLR 4184 en coopération française pour un avion
suborbital hypersonique capable de décoller comme la navette spatiale.
Composé de deux éléments, l’étage supérieur est conçu pour transporter
50 passagers. Arrivé à son altitude de croisière de 80 km, il coupe ses
moteurs et plane en pouvant atteindre après 90 minutes l’Australie
depuis l’Europe. Promotheus est un avion expérimental sans pilote
conçu également par le DLR pour tester des scénarios et des manoeuvres
complexes en vol sans mettre en danger la vie des pilotes. SKYLON C1
4193est un véhicule spatial réutilisable non-habité de type HOTOL
(Horizontal Take-off and landing) imaginé par la firme anglaise
Reaction Engine. Il devrait pouvoir mettre sur orbite basse terrestre
une charge de 17 tonnes ou amener 11 tonnes de fret vers la station
spatiale ISS. Une version pour 30 passagers et un pilote est également
envisagée. PARSIFAL (Prandtplane Architecture for the Sustainable
Improvement of Future AirpLanes) est une coopération
internationale d’avion de transport du futur pour 250 à 350 passagers
d’une envergure maximale de 36m. Ce projet respecte la norme Horizon
2020 adoptée par la Communauté Européenne et son plan Clean Sky
imposant
des réductions de bruit et la consommation de carburant (voir
plus haut dans cet article). Le K2020 ALNA Advanced Low Noise
Aircraft est une autre étude pour un avion répondant à cette norme
européenne et l’hélicoptère rapide de démonstration Racer (Rapid and
Cost-Effective Rotorcraft) en est la proposition d’Airbus pour une
voilure tournante. Capable d’atteindre une vitesse de plus de 400 km/h
cet hélicoptère sera équipé de deux nouveaux moteurs Safran Areto-1X 25
% plus puissants que les moteurs existants de meme encombrement avec
l’avantage qu’un des deux pourra etfre mis en veille pendant les phases
de vol en croisière autorisant ainsi une plus grande autonomie.
Respectant la tradition les présentations en vols mettaient en scène les avions et hélicoptères les plus significatifs présents au Salon tandis que la
Patrulla Aguila et ses Casa C-101 offrait un splendide divertissement aux spectateurs.
Plus d’une
vingtaine d’avions et hélicoptères historiques complétaient
l’exposition au sol dont la plupart participaient le week-end au show
aérien. Parmi les Boeing N2S3 Stearman, Douglas Dc3 et Dc6, Fouga CM170
Magister, North American AT6 Harvard et T28 Trojan, Piaggio P166, Zlin
Z326A, Alpha Jet et autres Bell 47, l’avion de combat russe de la
deuxième guerre mondiale Iliyushin IL2 Stormovik magnifiquement
restauré se démarquait des autres avions vintages.