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Salon international de l'aéronautique et de l'espace.

Paris - Le Bourget

Luc Barry - Juillet 2017


  Créé en 1909, le plus ancien et le plus grand salon de l'aviation au monde s'est tenu à l'aéroport du Bourget du 19 au 25 juin dernier. Malgré une légère baisse des entrées, politiques de restrictions budgétaires chez certains exposants en ce qui concerne les visiteurs professionnels; contexte sécuritaire renforcé et météo caniculaire au cours du week-end réservé au grand public, les organisateurs du salon restent cependant satisfaits de cette 52è édition fréquentée par 320.000 personnes.
 Plus de 2 300 exposants originaires de 48 pays ont occupé les 6 halls abritant notamment les 27 pavillons nationaux dont celui de la Belgique et les 340 chalets réservés aux réceptions et négociations de ventes. La venue de 290 délégations officielles originaires de 98 pays reflète l'importance accordée à cet événement par les responsables politiques dans le monde et la présence de 3 450 journalistes accrédités prouve l’intérêt que porte le public au domaine de l'aérospatial. Les 140 aéronefs, bien que moins nombreux par rapport aux éditions précédentes, restaient les vedettes incontestées et plusieurs machines comme le Boeing 737 Max 9, le Kawasaki P1 et le Lockheed Martin F35 effectuaient leur première apparition sur le sol de l'aéroport parisien.

   

 De nombreux contrats aux sommes astronomiques se sont conclus : 150 milliards de dollars en commandes ont été passées durant cette semaine dont 934 avions commerciaux pour une valeur catalogue de 115 milliards de dollars.

 

  Comme c'est le cas depuis quelques années, un espace du salon était réservé à «L'Avion des Métiers» dans lequel 55 000 visiteurs, en majorité des jeunes, ont pu découvrir grâce aux salariés de groupes français, une quarantaine de métiers de la filière aéronautique et spatiale ayant des besoins en recrutements immédiats.
 Organisé pour la première fois lors du salon, le «Paris Air Lab», situé dans le hall Concorde du Musée de l'Air et de l'Espace était un espace de 2000 m2 dédié à l'innovation des grands de l'industrie aéronautique et spatiale et à celle des start-up du secteur. Parmi les thèmes abordés figuraient les aéronefs du futur, l'aviation durable, les nouveaux systèmes de propulsion, les drones, les usines aéronautiques du futur et l'observation de la terre. Un espace de confrontation d'idées entre experts concernant les grandes évolutions technologiques du futur ainsi qu'un lieu d'expériences immersives au cœur du cockpit et dans l'espace en réalité virtuelle ou augmentée complétaient cette initiative appréciée de nombreux curieux.

   


 Le transport aérien est, de nos jours, une activité primordiale dans l'économie mondiale et le marché énorme des avions commerciaux pousse à la compétition sans relâche des plus grands constructeurs tels que Boeing et Airbus. Cette année au Bourget, le match s'est terminé en faveur de Boeing qui a engrangé des commandes pour 571 avions commerciaux contre 326 pour Airbus, principalement dans la gamme des avions moyen et court courriers tels que les B737 Max, A320 et 321. Les commandes d'avions long-courriers se font plus rares, les compagnies du Golfe, grosses clientes de ce type d'avion, font désormais profil bas et les commandes pour les A350-1000 et B777X se font rares, les compagnies aériennes optent pour des avions plus petits comme le B787 plus facile à remplir. Les carnets de commande restent néanmoins impressionnants: 6 715 avions sont prévus en chantier chez Airbus et 5 704 chez Boeing ; ce qui représente 8 à 10 années d'activités. Pour satisfaire cette demande, les équipementiers et motoristes sont dans l'obligation d'accélérer le déploiement de technologies numériques dans leurs usines comme la 3D pour améliorer leur productivité. De telles réalisations étaient d'ailleurs exposées dans les halls.
 Au cours du Salon, Boeing a présenté son rapport annuel en ce qui concerne les prévisions du marché de l'avion commercial. Il faut s'attendre pour les 20 ans qui viennent à une hausse du trafic passagers de 4,7 % par an ce qui entraînera la mise sur le marché de 41 000 nouveaux avions. 57 % des nouvelles commandes iront pour la croissance des compagnies et 43 % pour le remplacement des anciens avions. 29 350 avions seront de type mono-couloir, de la famille B737 Max, A320 NEO (New Engine Option) et A321 NEO; 9 130 concerneront les avions gros porteurs et 920 seront des avions cargo.
La grande vedette en ce qui concerne les avions commerciaux était le tout nouveau Boeing 737 Max 9 ayant effectué son premier vol le 13 avril dernier. D'une capacité maximale de 220 passagers, en classe unique, son autonomie maximum est de 6 510 km. Il devrait entrer en service dès 2018. Cette quatrième génération du fameux B737, dont le premier exemplaire, un B737-100, avait effectué son premier vol voici 50 ans, est constituée des versions Max 7, Max 8, Max 9 et maintenant annoncée au salon la version Max 10 allongée permettant l'installation de 2 rangées supplémentaires de sièges, soit 230 passagers en classe unique. Tous ces avions sont équipés du nouveau moteur développé par CFM International, LEAP 1b - Leading Edge Aviation Propulsion - offrant une réduction de 15 % de la consommation en carburant et une baisse notable du bruit et des émissions CO2. 9682 Notons que ce moteur équipera, dans plusieurs variantes, plus de la moitié des versions A320 NEO et A321 NEO tout en étant choisi par les chinois pour équiper le Comac C919, avion commercial de nouvelle génération.
Le Boeing 787-10 aux couleurs du constructeur américain ayant effectuéson premier vol en mars 2017 ainsi qu'un B777-300 de Qatar Airways se trouvaient également à l'exposition statique. Le consortium Airbus présentait la nouvelle version dénommée 1000 du long courrier A350 et le A321 NEO dont le premier vol remonte au mois d'avril, concurrent du Boeing 737 Max 10.

     


 Le premier exemplaire de cette nouvelle version du A321 était livré au cours d'une cérémonie pendant le salon à la société low cost islandaise WOW AIR premier utilisateur en Europe de cet avion.



 L' A380, le plus gros avion exposé au salon dispose désormais d'une aérodynamique améliorée grâce aux nouveaux winglets offrant une consommation réduite de 4% malgré une hausse du poids maximum au décollage de trois tonnes amené à 578 tonnes, autorisant ainsi 80 passagers supplémentaires.

     


  Le créneau de l'avion moyen-court courrier de 80 à 130 places intéresse de nombreux constructeurs qui proposaient d'intéressantes machines: première apparition en Europe du japonais Mitsubishi MRJ regional jet aux couleurs de la compagnie de lancement ANA. Il s'agissait du troisième prototype commandé à 400 exemplaires. Sa certification est attendue en 2019 pour premières livraisons en 2020; il sera décliné en deux versions MRJ 70 pour 76 passagers et MRJ 90 offrant place à 88 personnes. Embraer était venu du Brésil avec l'E195-E2 de nouvelle génération à la superbe décoration de tête d'aigle sur le nez ainsi que l'EMB 145 aux couleurs de la compagnie française Hop!.

   

  Sukhoi présentait son avion régional Superjet 100 arborant les couleurs de la compagnie mexicaine Interjet. Construit en coopération avec le constructeur italien Leonardo, cet avion intègre de la technologie française et américaine. En service chez Brussels Airlines, il remplace les Avro RJ85 et RJ100 et devient le premier avion commercial non-occidental exploité en Belgique. Avec cette commande d'avions opéré par Cityjet pour le compte de la compagnie belge, le constructeur espère engendrer de nouvelles commandes en Europe. Bombardier exposait son modèle CS 300 de 135 places aux couleurs d' Air Baltic - qui en a 20 exemplaires en commande - et l'un des 38 biturpopropulseurs Dash 8 Q400 qu'utilise la compagnie low cost canadienne Westjet.

 


Le consortium franco- italien ATR présentait son bimoteur ATR72-600 à l'insonorisation renforcée de la cabine, prêt pour la livraison à la compagnie indienne Indigo. Parmi les autres constructeurs, signalons les Dornier Do328-100; l'un modifié en version Rescue et l'autre à la décoration extérieure reproduisant à l'échelle la disposition intérieure de la cabine.
Seul avion cargo civil présenté au salon le Lockheed LM100J équivalent allongé du C130J-30 militaire pouvant transporter 8 palettes dans des endroits difficilement accessibles notamment lors de missions humanitaires. Le prototype a volé pour la première fois le 25 mai 2017.

 


Les jets privés connaissent toujours un grand succès auprès d'une clientèle exigeant voyager en toute discrétion et selon des horaires personnalisés. Le constructeur américain Cirrus proposait le Vision SF50 de 7 places, dénommé au départ «Le Jet» commandé à 600 exemplaires et seul avion à réaction monomoteur privé certifié dans le monde. La firme japonaise Honda, mieux connue pour ses motos, présentait un biréacteur de 6 places avec moteurs installés de façon inhabituelle sur l'extrados des ailes; la première livraison a été faite en décembre 2015 et le carnet de commande s’élève à près d'une centaine d'exemplaires.
Dassault offrait à sa clientèle des versions modernisées des fameux Falcon tri- réacteurs: 8x, 900lx et 2000xls.

   

 Gulfstream Aerospace, spécialiste américain des jets d'affaires biréacteurs dévoilait ses modèles up to date G280, G550 et G650.

   

 Le groupe américain Textron, distributeur des avions Cessna, exposait un CJ4 et annonçait la livraison du 2000è exemplaire de cette version du plus populaire biréacteur au monde. Première apparition en France de l'Embraer Legacy 450, seul biréacteur d'affaire équipé de commandes de vol fly- by- wire.

 


Quelques machines intéressantes se trouvaient parmi les avions de tourisme et avions légers principalement en ce qui concerne les avions de construction françaises. Daher avait amené deux mono-turbopropulseurs parmi les plus rapides du monde : les TBM 910 et TBM 930, ce dernier était spécialement décoré en commémoration du centième anniversaire de la première guerre mondiale et de l'utilisation des avions Morane Saulnier- précurseurs de la firme française - par l'armée américaine au cours de ce conflit.
 Elixir Aircraft exposait le prototype de son LSA – Light Sport Aircraft biplace commandé à 12 exemplaires. Avions Philippe Monoit d'Issoire Aviation présentait l'APM 41 Simba, prototype ayant volé pour la première fois le 1er Juin 2017, offrant 4 places pour un poids maximum au décollage de 1 015 kg et l'APM 51 Chelaar destiné à la formation et à l’entraînement avec possibilité d'emporter un léger armement pour des missions de surveillance.

   


Eulair et son ULM Airelle construit avec les ailes en formule canard et moteurs push-pull complétait une série d'avions léger peu connus du public. Parmi les constructeurs étrangers citons l'avion de voltige Extra Ea330 remotorisé par Siemens d'un moteur électrique de 260kw; le premier vol remonte en 2016 et cet avion dispose d'une autonomie de 20 minutes de vol dont 5 minutes effectives pour l'acrobatie.
L'autrichien Diamond présentait sa gamme allant du monomoteur de tourisme DA 62 au bimoteur Dart 450 - Diamond Aircraft Reconnaissance Trainer - et le suisse Pilatus était venu avec ses dernières versions du PC12ng et du PC21.

     


 Cirrus présentait les modèles à jour de sa gamme d'avions privés SR22. La firme belge JMB Aviation, propriétaire de l'usine tchèque de même nom exposait le VL3 Evolution, l’ULM côte-à-côte le plus rapide dans sa catégorie ( 260 km/h ).

 


 Coté aviation militaire, la vedette était bien sur le Lockheed Martin F-35A sous la bannière de l'USAF. Parmi les autres machines amenées par les américains constatons le retour du Boeing-Bell V-22 Osprey et des avions plus conventionnels F-16, P-8 Poséidon et C-130J.

         


Au stand Textron, l'on pouvait apercevoir le Scorpion, chasseur low cost muni d'un canon de 20mm ayant effectué son premier vol en 2013 mais n'ayant toujours pas de client à ce jour. Première apparition en France du plus grand avion militaire construit par les japonais depuis la dernière guerre mondiale : le patrouilleur maritime Kawasaki P1 remplaçant éventuel du P3 Orion américain dont 11 appareils sur un commande de 60 sont déjà en service au sein des Japan Maritime Self Defense Forces.
Première très remarquée également au Bourget de l'avion de transport multi-rôle Embraer KC390 qui devait effectuer ensuite une tournée de présentation en Afrique du Nord et en Asie. Il est susceptible d’intéresser la Nouvelle-Zélande en remplacement des C130, B757 et P3 Orion actuellement en service. La Turquie présentait le prototype de son nouvel avion d’entraînement TAI Hurkus A, premier avion de conception nationale à être produit en série puisque la force aérienne en a commandé 55 exemplaires. Les Italiens proposaient l'Aermacchi M345, bientôt en service dans la patrouille acrobatique des Frecce Tricolori. Une nouvelle version du M346FA Fighter Attack est dorénavant livrable en version trainer M346A FT.
Au stand Airbus, l'avion de transport militaire A400M côtoyait l'Eurofighter et le Casa C295 bimoteur configuré pour les missions SAR, il s'agissait du premier exemplaire pour livraison à la force aérienne brésilienne après une tournée internationale de démonstration.

     


Les deux versions air et marine du Rafale étaient plébiscitées par les visiteurs.

L'Antonov 132D ukrainien, nouveau biturbopropulseur de transport, dérivé de l'An 32 datant de 1978, étudié en commun avec l'Arabie Saoudite était l'unique avion des anciennes républiques soviétiques présent au salon suite aux sanctions imposées par l'Union Européenne et les USA envers les avions de combats en provenance de ces pays. Parmi les autres avions militaires, citons le L3 Technologies Air Tractor AT-802, Monomoteur low cost d'attaque léger et son équivalent bulgare LASA - Light Armed Surveillance Engineering – Trush 501Gprototype armé de la version agricole.

 
 

Les drones occupent une place de plus en plus importante tant pour les applications civiles que militaires et les modèles proposés sont de plus en plus nombreux et diversifiés. Tenons nous en aux versions militaires en provenance des pays émergents. Le drone de type MALE – Moyenne Altitude Longue Endurance – Anka était proposé par la Turquie et première apparition en Europe du prototype du drone chinois Wing Loong II pouvant emporter 12 missiles air surface.
Le petit hélicoptère biplace en forme de drone construit par la firme américaine Workhose Surefly se distinguait par son originalité: un moteur à piston entraînant deux générateurs électriques pour actionner huit moteurs munis chacun d'une pale en carbone. Au stand turc, TAI exposait son hélicoptère d'attaque T129 Atak dérivé du Mangusta de Leonardo qui remplacera les Cobra de l'armée turque ainsi qu'une maquette grandeur nature de l'hélicoptère utilitaire T625 dont le premier vol est prévu en 2018.
Bell montrait les dernières versions du 429 et du 407 gxp en attente de sa livraison à un client belge. Parmi la vaste gamme des hélicoptères Airbus se distinguaient le biturbune H160 dont c'était la première apparition publique et le prototype de l'hélicoptère sans pilote VSR700, dérivé d'une machine civile biplace Guimbal Cabri G2; initialement développé pour des missions navales. Il est susceptible d’être utilisé pour des missions d'observation terrestre d'une durée de 10 heures. La firme italienne Helisport commercialise dans la gamme ulm le CH77 Ranabot biplace. Également dans la gamme ulm venait du Canada un autogire à l'habitacle fermé produit par Autogyro.


     


Les voitures volantes ont toujours intéressé les constructeurs férus d'engins originaux : la Vaylon Pégase 1, sorte de mi-buggy et mi-ulm, testée par les forces spéciales de l’armée française, effectuait le 14 juin dernier la première traversée de la Manche pour une voiture volante. L'Aeromobil version 4 construite en Slovaquie est une voiture biplace à la forme épurée convertible en avion en moins de trois minutes; sa commercialisation est prévue pour 2020 et séduit déjà de nombreux acheteurs fortunés.
 L'exploration de l'espace continue à passionner les industriels : les pavillons de l'ESA - Agence Spatiale Européenne - et du CNES – Centre National d'Etudes Spatiales français offraient une synthèse des programmes en cours tandis que les organisations russes et ukrainiennes, à l'aide de nombreuses maquettes, dévoilaient les programmes futurs.



   


 Les halls du salon regorgent d'un multitude de firmes qui proposaient les équipements les plus divers en rapport avec les multiples secteurs de l'aérospatial : propulseurs, aides au pilotage, simulateurs, pièces détachées les plus diverses, sections de cockpit, armements, aménagements de cabine etc ainsi que de nombreuses maquettes pour représenter les projets en cours et à venir.

             


 Comme d'habitude les industries aérospatiales belges, notre pays se hissant à la sixième place mondiale dans le secteur, étaient toutes regroupées sous le label «Belgian Aerospace «. Une septantaine de firmes aussi bien du Nord que du Sud du pays occupaient l'un des dix plus importants pavillons du Salon aux dires des observateurs spécialisés.

     


 Les présentations en vol constituent un des moments forts du salon. Celles-ci permettent aux exposants de montrer leur savoir-faire technologique et aux visiteurs de découvrir les dernières nouveautés. Lors des journées professionnelles, les avions et hélicoptères de dernière génération comme le Rafale, le Falcon 8x, l'A400M B5157, le Tigre et le NH90 étaient plébiscités tandis que les avions historiques au cours du meeting aérien du week-end en étaient les vedettes du grand-public.

                                   



 Pour un reportage photographique complet des aéronefs actuels du salon, consultez flyfanforum