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Mon vol en Mentor.
Michel
Anciaux - Décembre 2015
Qui n’a pas rêvé un jour de pouvoir voler sur un Old Timer.
Je vous
avouerai qu’à force de côtoyer le Beechcraft T-34 Mentor à l’aérodrome
Eulogio Sánchez de Santiago du Chili, l’envie hypothétique de pouvoir
voler un jour sur cette machines s’est développée en moi, même si ma
préférence va plutôt vers les Boeing et autres avions de ligne.
L’occasion
s’est présentée inopinément à la réception d’un courriel du département
des Relations Publique du Club Aéréo de Santiago, me demandant la
possibilité de réaliser un reportage pour le festival Aérien prévue les
31 octobre et 1 novembre en vue des célébrations des 80 ans du Club
Aéréo de Valparaiso-Viña del Mar basé à l’aérodrome de Rodelillo,
quelques 110 km à l’ouest de Santiago sur la route reliant la capitale
chilienne à la ville portuaire de Valparaiso.
Le déplacement se ferait ni plus ni moins qu’en Beechcraft T-34 Mentor.
A
la date prévue, je me suis donc présenté au bureau des opérations de
l’aérodrome afin de prendre contact avec les pilotes des 2 Beechcraft
T-34 Mentor immatriculé au nom du Club Aéréo de Santiago.
Pour la
petite information, 3 Beech volent sous immatriculation civile ici au
Chili, c’est à dire les CC-KXT et CC-KST qui sont propriété du Club et
le CC-PNV, dans des mains privées.
Ces Mentor sont en fait des versions B-45 ayant été livrés initialement
à la Fuerza Aéréa de Chile comme avions d’entrainement.
Apres
un petit briefing et une présentation du programme de la journée, nous
nous sommes dirigés vers le Mentor CC-KST. A suivi la mise en route et
l’essai moteur en bord de piste pour un décollage en formation avec le
CC-KXT.
Je pourrais vous détailler la route
suivie mais bien des
noms évoqués ne vous diront hélas pas grand-chose. Nous avons longé
l’ancien l’aéroport de Los Cerrillos et, après être passé près de celle
d’El Bosque qui est la base de l’école d’aviation de la FACH, nous
avons dû voler au sud de la zone de control de Pudahuel (aéroport
international de Santiago) pour prendre cap à l’ouest et nous diriger
sur
l’aérodrome de Rodelio.
J’ai eu droit à mon moment de voltige aérienne lorsque le pilote a
entamé un looping sur la gauche.
Apres
un peu plus de 30 minutes de vol, nous avons entamé notre descente vers
Rodelillo et nous nous sommes alignés pour un passage au-dessus de
l’aérodrome suivi d’un atterrissage, sous les objectifs des férus
d’aviation présents pour l’événement.
A ma grande surprise, il a été
décidé de rentrer plut tôt que prévu. J’ai proposé aux pilotes de
changer d’avion afin de pouvoir réaliser les séquences photos
nécessaires et donc à 14h10, avec le CC-KXT, nous nous dirigeons vers
la piste pour un décollage, cette fois ci l’un à la suite de l’autre,
et un nouveau passage au-dessus de la piste
pour prendre le cap vers la
capitale.
A l’approche de Santiago, nous avons
été placés en circuit
d’attente avant d’obtenir l’autorisation de traverser la zone de
contrôle de Pudahuel et de nous diriger vers l’aérodrome Eulogio
Sanchez pour y exécuter, à nouveau, un passage basse altitude en
formation. J’ai eu droit à ma dernière sensation forte lorsque le
pilote a tiré dans le manche afin de virer sur la gauche et reprendre
un peu d’altitude avant l’approche finale sur la piste 19.
Ce que je
garde de ce vol est l’impression d’un avion très stable, qui répond
bien aux turbulences que l’on a subies lors du survol de Rodelio suite
aux courants chauds ascendants dans la zone.
De même, durant la
manœuvre d’acrobatie, le Mentor a démontré sa capacité d’avion
d’entrainement à ce type de manœuvre mais surtout, j’ai pu apprécier le
professionnalisme et l’expérience de son pilote.
J’avais déjà eu,
début des années 90, l’expérience d’un vol et d’acrobaties sur un
Embraer Tucano de la Fuerza Aéréa de Paraguay ; même si la puissance
n’est pas comparable, le Mentor n’a pas trop à envier à l’avion
brésilien, on ne doit pas oublier qu’il s’agit d’un avion entré au
service de la Force aérienne chilienne à partir de 1953.
La Fuerza Aéréa de Chile pris livraison de sa première
dotation de Mentor en 1953.
Initialement,
36 avions de la version B-45 furent destinés à la formation de ses
élèves pilotes à l’école d’aviation Capitan Manuel Ávalos Prado, basée
à El Bosque.
Un total de 72 appareils furent
inscrit dans les
inventaires de la FACH sous l’identification officielle de B-45 avec
les numéros d’identification du 101 au 173, remplaçant les Vultee BT-13
Valiant et Fairchild PT-19 dans les missions d’entrainement primaires
et basiques.
En plus de son rôle d’avion d’entrainement, il est à
souligner sa participation à la défense du pays lors des tensions avec
son voisin l’Argentine qui, en 1978, contestait les frontières du sud.
Une
partie des Beechcraft Mentor fut incorporé dans un groupe opérationnel
d’appui aérien, d’observation et de liaison basé dans le sud du Chili ;
à cet effet, un camouflage 2 tons fut adopté et gardé jusqu’au retrait
définitif de service des avions, en 1987.
Vers la fin des années 70,
les B-45 furent soumis à un programme de modernisation, notamment un
moteur plus puissant Continental IO-470, l’installation d’une hélice
plus grande et aux extrémités rabotées (coupées ?) ainsi que un spinner
plus pointu et de taille légèrement plus grande.
Après leur retrait
du service actif, 17 Mentor furent offerts à la vente et la plupart
d’entre eux sont immatriculés aux Etats-Unis.
Il reste 2 avions
qui ont été offerts au Club Aéréo de Santiago et on ne doit pas oublier
les 2 qui font partie du Musée Aeronautico y del Espacio de
Santiago-Los Cerrillos.
Il n’est pas très clair de trouver une
dénomination correcte et définitive pour les Mentor chilien car si,
dans certain document relatifs à l’histoire propre du Beechcraft
Mentor, on cite le B-34 comme modèle adopté par la Fuerza Aéréa de
Chile, les 3 avions volant sous immatriculation civile sont inscrits
comme modèles A-45.
Et pour ajouter à la confusion, dans les milieux de l’aviation, on vous
parlera du T-34 Mentor.