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Flying Legend
11 et 12 juillet 2015

Christophe Duponchelle  - Septembre 2015
Photos : Christophe Duponchelle et Benoît Denet


 Devenu la Mecque des afficionados de warbirds, le Duxford Flying legend airshow est LE rendez-vous obligatoire pour tous les passionnés d’aviation de la seconde guerre mondiale.

     

 Pour sa 22ème édition, le programme est des plus alléchants, avec cette année deux ‘vedettes’, le Curtis P-36C et le Seafire III.

   

Mais avant l’ouverture de la grande messe vouée aux warbirds, un petit tour dans les hangars s’impose. Rien de bien neuf cette année hormis l’American Air Museum. Ce musée, qui honore la mémoire de plus de 30.000 aviateurs américains qui ont donné leur vie pendant la Seconde guerre mondiale mais aussi ceux qui se sont battus en Corée, au Viêt-Nam, en Libye, en Irak et autres conflits des vingtième et vingt et unième siècles, subi une réfection totale ; entrainant une ‘migration’ des avions dans d’autres hangars sur le site.

           

 Le terrain de Duxford est à jamais un endroit mythique de par son histoire et des hommes qui y ont fait l’histoire. J’en veux pour preuve ces héros qui dédicacent leurs livres et autres lithographies pour un public venu en masse non pas par curiosité mais bien par gratitude, pour dire merci à tous ces hommes et ces femmes qui se sont battus pour la liberté. Cette année, ce sont les pilotes et équipages du bomber command qui étaient mis à l’honneur.

A 14 heures, les moteurs de onze Spitfires démarrent dans un vacarme exquis, les moteurs merlins et griffon nous entonnent une superbe mélodie qui nous donne la chair de poule. En vol, les Spitfires se séparent en trois groupes et commencent à tour de rôle des passages en formation serrée. Que rêver de mieux pour commencer le show.

     

 Parmi tous ces Spit, notons ‘un petit nouveau’, il s’agit du Spitfire IX SL633 de l’Historic Flying Limited. Le SL633 a été livré au 312 Sqn à Manston en août 1945 (escadrille Tchèque). En février 1946, il reçoit une nouvelle livrée tchèque avec le code JT-10 et en 1949, il est vendu à la Force aérienne israélienne, six ans plus tard il est transféré en Birmanie où il reste jusqu'en 1999. Il retourne à Duxford en 2002 mais ce n’est qu’en 2009 qu’il fait ses premiers tests moteurs; il est envoyé aux USA, à Seattle, où il réalise son premier vol test en 2010 et revient de nouveau à Duxford pour faire sa première apparition publique pour le Flying Legend avec sa livrée Tchèque code JT-10.

 Egalement au milieu de tous ces Spitfires, un Seafire LF III PP972 flambant neuf (G-BUAR)  appartenant à Air Leasing Ltd.
Construit en 1944, il opère pour la Fleet Air Arm au sein du 809 Squadron sur le HMS Stalter et le HMS Attacker. Il a participé à des combats au dessus de Singapour en 1945 et à plusieurs opérations au-dessus de la Malaisie. Après la dissolution du 809 Sq, il est affecté au 767 Sq à Easthaven où il reçoit le code 120/MV. En 1949, il est transféré à l’aéronavale française avec le code N°12F2 puis 1F9 sur le porte avion Arromanches en Indochine. Retiré du service, il est stocké à Hyères. Acheté par un particulier des années plus tard, il est restauré pour être  exposé au musée de la résistance de St Marcel en 1982. Ce n’est qu’en 1987 qu’il retourne en Angleterre pour entamer une très longue restauration pour un résultat exceptionnel.

Après la horde des Spitfires, les démonstrations s’enchaînent, réglées comme du papier à musique. C’est au tour des Corsair et du Grumman Bearcat de prendre possession du ciel de Duxford avec le Goodyear FG-1D de Stephen Grey et le F4U-5NL de MaxAlpha Aviation.  Ce Corsair servit pendant la Guerre de Corée au sein de la VC-3 et de la VMF-513 "Flying Nightmares. Il a fallu attendre presque 10 ans pour revoir à Duxford deux Corsair voler ensemble, mais l’attente en valait la peine !

 Décollage des avions Curtiss qu’affectionne tout particulièrement Stephen Grey. En effet, il vient d’acquérir un magnifique P-36C. Celui-ci complète une collection comprenant déjà un P-40C, un P-40F et un Hawk 75.Ces quatre appareils volent de concert, exécutant boucles et tonneaux pour une formation unique au monde.

       


Autre moment de légende avec les Mustang, qui sont des acteurs incontournables du Flying Legend. Certes beaucoup plus nombreux lors des premières éditions, où l’on pouvait admirer plus de dix Mustangs virevoltant dans les airs, ce spectacle reste intact même avec seulement quatre appareils. Les Cadillac du ciel réalisent des passages pleine vitesse, des ascensions fulgurantes et des piqués vertigineux laissant entendre le sifflement caractéristique des moteurs Merlin; là aussi un régal pour les yeux et les oreilles. L’excitation à ce moment est alors à son comble. Après l’atterrissage de trois Mustangs, le P-51D rejoint le Boeing B17 du B17 Preservation pour une série de passages en formation simulant ainsi l’escorte des bombardiers pendant les missions de guerre. Les pilotes de P51 était surnommé « les petits amis ».

   

 Juste après cette superbe démonstration, la Luftwaffe est, pour une fois, maitre du ciel avec deux Hispano HA-1112-M12 Buchons de l’Aircraft Restoration Company et de Richard Lake et un Bf109G-4 d’EADS équipé d’un moteur Daimler-Benz. Ces appareils font des passages à basse altitude comme pour simuler l’attaque des bases aériennes anglaises pendant la bataille d’Angleterre.

       

 A ce propos, cette année est le 75eme anniversaire et pour l’occasion un spectacle tout à fait incroyable avec une formation tout aussi exceptionnelle d’un Bristol Blenheim escorté par trois Spitfires MkI et du seul Hawker Hurricane (MkXII) présent au Flying Legend. Un régal pour les yeux.

       

 C’est au tour des avions Grumman d’être face au public, avec le Wildcat et l’Avenger. Le pilote de ce dernier a présenté son avion d’une façon magistrale avec de nombreux passages à l’anglaise (virage montrant le dessus de l’avion) et à basse altitude.

 

 Ensuite le rythme cardiaque diminue, on se calme et on remonte encore dans le temps pour un moment très rare mais combien plaisant avec la formation des deux seuls Gloster Gladiator en état de vol dans le monde, propriétés de Stephen Grey et de The Shuttleworth Collection, suivis de près par un trio tout aussi exceptionnel composé d’un Hawker Fury de l’Historic Aircraft Collection (HAC) et de deux Hawker Nimrod de l’HAC et de Stephen Grey. Machines d’une très grande beauté, symbolisant l’aviation des années 30 et la bataille de France.

 On prend un petit remontant autrichien pour se remettre de ses émotions avec le Flying Bulls duo, composé d’un B25J Mitchell et d’un P38J Lightning. Les appareils photos crépitent quand passent ces deux oiseaux métallisés permettant ainsi des clichés fantastiques.

     

 Généralement habitué aux warbirds puissant, le Flying Légend a invité cette année un trio de petits avions, il s’agit des Piper L-4 Grasshoppers. Avion de liaison et d’observation qui a joué un rôle très important durant la campagne de Normandie. Une démonstration toute en douceur pour un appareil d’une maniabilité extraordinaire.

 

 Le show se termine, Nick Grey décolle avec son Gloster Gladiator pour endosser le rôle du ‘Joker ’ pour la traditionnelle mais oh combien surprenante formation Balbo.

         

 Spectacle unique et incroyable qui ne peut que vous laisser sur votre faim; une seule chose vous vient alors à l’esprit ‘vivement l’année prochaine’.