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 Le 29 mars dernier, les membres des Vielles Tiges de l’Aviation Belge se sont donnés rendez-vous au banquet annuel organisé dans le cadre bucolique des Salons de Romrée à Grimbergen.

 Après l’apéro pris sur la belle terrasse, le Général-major Aviateurer.Wilfried ’’Wif’’ De Brouwer, Président de la Société Royale qui rassemble les personnels navigants militaires et civils, a pris la parole et salué les 173 participants parmi lesquels le Président des Vielles Tiges luxembourgeoises, Monsieur Camille Montaigu.  Le Président souligne la diversité des membres dans leurs qualifications et insiste sur la présence au sein de l’association d’adhérents qui sont le reflet de l’aviation du 21ème siècle. En effet, certains membres ont participé au développement de l’Airbus A-380, le plus grand transporteur de passagers au monde et d’autres ont été ou sont encore Commandants de bord sur ce paquebot des airs. Wilfried De Brouwer rappelle également que parmi les membres d’honneurs figure Sa Majesté le Roi Philippe, breveté pilote à la Force Aérienne en 1982 et pilote d’hélicoptère civil en 2004. Le Lieutenant-général Philippe de Belgique a volé sur SF-260 Marchetti, Alpha-Jet, Mirage 5 et F-16. Autre membre d’honneur célèbre, Frank De Winne, pilote de chasse, spationaute au sein de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Le Général-major Aviateur er. Vicomte Frank De Winne devient en 2008, lors de sa deuxième mission dans l’espace, le premier commandant européen de la station spatiale ISS. Durant ce diner de prestige, le conseil d’administration des VTB a honoré ceux qui cette année ont atteint les 50, 60 et 70 ans de brevet ou licence aéronautique.

  Les récipiendaires de la médaille des 50 ans sont : Bruno Ceuppens, Charles de Fabribeckers de Cortil et Grâce, Alex De Wilde, Georges Mathuvis, Gilbert Mullenders, Paul Van Dingenen, Nicole Waucquez et Jean Wissbecq.
La carrière de Nicole Waucquez, seul sourire féminin de ce groupe de jubilaires, est exceptionnelle à plus d’un titre : brevetée pilote à l’âge de 17 ans, elle obtient les licences d’instructeur et de pilote professionnel restreint à seulement 21 ans. En 1969, avec son Stampe SV-4c (OO-TOX) et la complicité du  parachutiste Roland Collignon, elle met sur pied le duo acrobatique ‘’Les Roni’’. Pilote professionnelle, Nicole passe également son brevet sur hélicoptère, débutant sur Hughes 300, et devient la première femme pilote d’hélicoptère belge. Mais pour cette femme amoureuse des choses de l’air, cela ne suffit pas et malgré une carrière bien remplie, elle décroche en 2006 une qualification sur Hydravion qu’elle renouvelle chaque année à Biscarosse. Aujourd’hui encore, Nicole est active dans le milieu de l’aviation et présente un carnet de vol bien rempli avec plus de 15.000 heures. Ce sont ensuite les 60 ans de brevet qui sont honorés; les heureux récipiendaires au nombre de 35 sont : Frans-Hugo Borewaart, Antoon Bonne, Jacques Brisbois, Edgard Broken, Claude Buisseret, Robert Coulée, Fernand Dasseville, Jacques Davoine, André Depiereux, Jacques De Stuyver, Palmer De Vlieger, Francis Esch, Guy Everaert, Ludovic Forgeur, Pierre Gouters, Michel Homble, Paul Jourez, Willy Kother, Michel Moulin, Michel Ronveaux, Henri Sana, Willy-François Schaut, Jean Schoefs, Casimir Stegenda, Pierre Tamborijn, Philippe Van Beethoven, Paul Van Casteren, Gustaaf Vandaele, Arie Van De Graaf, Frank Van Den Broecke, Gilbert Van Der Linden, Guy Van Quickenborne, Arnold Van Wonterghem, Francis Wilmart et Guido Wuyts.

 Tous ont eu une brillante et passionnante carrière dans l’aviation militaire, civile, privée ou commerciale. Il n’est pas rare de voir certains pilotes entamer leur carrière à la Force Aérienne puis, en fin de contrat, passer dans le civil pour y prester de longues années.Nombreux seront ceux qui rejoindront la compagnie nationale Belge, SABENA. Enfin, comme le souligne le Président, Charles Borenstein, Robert Techy et Charles Wilson, tous trois titulaires de 70 ans de brevet, méritent respect et honneur. Seul Charles ‘’Chuck’’ Wilson était présent en ce beau jour.

 ‘’Chuck ‘‘a été breveté pilote en mai 1944 au sein de l’US Army Air Corps, et est envoyé en opération dans le Pacifique. Il entame ensuite une carrière bien remplie, d’abord comme officier pilote dans la US Air Force Reserve, puis, après commissionnement comme  pilote ‘’à temps plein’’ au sein de l’USAF. Il accumule durant ses années opérationnelles un total de 5.600 heures de vol.
En un peu plus de 24 ans, il a l’opportunité de piloter des T-6 Harvard, C-45 Beachcraft (Beach 18), C-47 Skytrain (Dakota), C-46 Commando, B-26 Marauder, P-51 Mustang, C-119 Packet et T-33 T-Bird. C’est sur le C-119 ‘’Flying Boxcar (Packet) qu’il réalise le plus d’heures de vol : 2.600 au total effectuées lors de multiples rotations en Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient. En 1953, Charles Wilson effectue un vol C-119 depuis les Etats-Unis vers l’Allemagne en faisant étape au Groenland, en Islande et en Angleterre : un périple de plus de 6.500 kilomètres sur un bimoteur Fairchild. De 1974 à 1978, il occupe d’importantes fonctions au SHAPE, puis rejoint la base US de Wright-Patterson où il termine sa carrière en 1980. En 1981, retraité de l’US Air Force, il s’installe dans notre pays qu’il apprécie particulièrement et y coule toujours de beaux jours.

 La partie protocolaire se poursuit par un intense moment d’émotion quand le Président remet aux trois filles de Charles Hepcée et et à la famille Ghyssaert-De Meulemeester, le document officialisant l’inscription au Mémorial de l’Aviation Belge de Charles de Hepcée et André De Meulemeester.
Le Mémorial de l’Aviation belge, lieu du souvenir, a pour but de conserver et honorer le souvenir des pionniers et des prédécesseurs ainsi que des personnes ayant eu une activité remarquable dans le domaine de l’aviation et de l’espace.
Le document les faits héroïques de Charles de Hepcée à été écrit par Alphonse Dumoulin et Michel Mandl, tandis que celui retracant la vie de pilote d’André De Meulemeester à été rédigé par Walter Pieters et Michel Mandl.
Charles’’Charley’’ de Hepcée est né en mars 1911 et entre à l’Ecole Militaire à l’âge de 19 ans. Promu Sous-lieutenant dans l’infanterie, il obtient sa mutation à l’Aéronautique Militaire et est breveté pilote en 1934. Le jeune Commandant de la 5ème Escadrille (3ème Régiment d’Aéronautique) prend part à la campagne de mai 1940 qui tente de juguler l’avancée des troupes allemandes. Trois mois plus tard, après avoir amené son unité en France et suite à la capitulation de la Belgique, il rentre au pays et rejoint les rangs de la résistance et du renseignement. Après une douzaine de missions dans les Pyrénées qui l’amènent à faire passer des aviateurs et des personnalités vers l’Espagne, recherché par les Allemands, il se réfugie en Angleterre où il suit un entrainement avec la Royal Air Force. Son expérience dans le maquis et la clandestinité fait qu’il est sollicité par les autorités belges installées à Londres et il accepte de retourner en territoire occupé pour une mission qu’il sait extrêmement dangereuse. En avril 1944, trahi par son guide, il est arrêté, emprisonné, interrogé et torturé sans relâche. Le 27 juin, à Toulouse, les SS le fusillent et abandonnent son corps dans une fosse commune. Porté disparu, ce n’est qu’après une très longue procédure, appuyée par des tests ADN, que son corps est identifié et rapatrié en Belgique en juillet 2012.

En 1914, âgé de 20 ans, André De Meulemeester s’engage à la Compagnie des Aviateurs belges. Après un entrainement au pilotage sur avion militaire, il intègre la 1ère Escadrille en octobre 1916. Six mois plus tard, il abat son premier avion ennemi, victoire confirmée par les Anglais. En août, après sa cinquième victoire, il intègre le cercle restreint des as de l’aviation belge. Avide de toujours en découdre avec les Allemands, celui qu’on appelle l’Aigle des Flandres totalise, en mai 1918, dix victoires homologuées et quinze non confirmées (pour qu’une victoire soit validée, il faut qu’un autre pilote ou un observateur au sol confirme celle-ci). Nommé Lieutenant, il conquiert sa 11ème et dernière victoire le 5 octobre 1918 en abattant un ballon d’observation Drachen. A la signature de l’Armistice, André De Meulemeester a à son actif 511 missions et 185 combats. Après la guerre,  il reprend la brasserie familiale et avec son épouse s’engage dans l’aide aux enfants abandonnés. Il décède en 1973 et ses funérailles ont lieu dans la discrétion.

Mes plus vifs remerciements à Norbert ‘Nono’’ Niels, inlassable photographe des VTB. Sans lui nous n’aurions pas toutes ces images, souvenirs indélébiles de grands rendez-vous. Merci également au Président (Wif) et au Secrétaire général (Didier)  pour leur aide et soutien très apprécié.