|
Vous êtes ici : Reportages - 2014 - Nancy
|
Meeting de l’Air 2014, Nancy-Ochey
La pluie n’arrête pas les
aviateurs…
Samedi 5 juillet autoroute A
31, Jean-François, Michel et moi
roulons
en direction de Nancy et de sa Base de bombardiers d’eau !
Euh…non,…erreur : nous dirigeons vers le seul aérodrome où sont
stationnés des Mirage
2000D.
Désolé, une perturbation momentanée de
l’esprit probablement due à la quantité de ‘’flotte’’ qui nous tombe
dessus. Notre target du jour, la Base Aérienne BA133 de Nancy-Ochey, se
trouve dans le département de Meurthe-et-Moselle en région Lorraine. Ce
week-end s’y déroule un grand Meeting de l’Air, organisé par le FOSA
(Fondation des Oeuvres Sociales de l’Armée de l’Air), avec pour thèmes
: les 80 ans de l’Armée de l’Air et le 100ème anniversaire de la
première mission de bombardement. Vous l’aurez compris, il
pleut et
cette pluie nous poursuit, nous précède, depuis des centaines de
kilomètres, l’horizon reste gris de gris et le moral est de la même
couleur. A l’entrée de la BA133 Commandant Henry Jeandet, un rayon
de soleil nous arrive enfin au travers des sourires généreux d’un
peloton d’honneur féminin. Bon, ce n’est d’évidence pas pour nous… mais
pour les autorités militaires et civiles attendues ce jour par le
Colonel Louis Pena, Commandant de la base; n’empêche, elles sont
vraiment sympas dans leur bel uniforme ! A peine arrivés au parking,
nous sommes amicalement interceptés par un jeune sergent,
chargé de la presse pour le week-end, qui sera notre guide tout au long
de la journée. Spécialiste du renseignement sur les menaces sol-air
(DCA, contremesures, missiles sol-air etc…), il accompagne
régulièrement le 1/3 Navarre lors de missions opérationnelles et pour
cette raison il souhaite que nous ne publions ni son nom, ni sa photo.
Ce sera également le cas pour quelques pilotes interviewés qui ont de
nombreuses OPEX (OPérations EXtérieures) à leur actif et qui sont
susceptibles d’encore partir en opérations ; la sécurité des personnels
et de leurs familles est primordiale et nous respectons cette
sollicitation. D’emblée, notre mentor nous annonce, qu’avec cette météo
exécrable, l’Airshow va connaitre quelques perturbations dans le volet
aérien de sa programmation. Alors, faisant fi des averses, nous nous
dirigeons vers les différentes
expositions qui s’étalent sur une
grande
partie de la base et certains hangars. Des dizaines de stands offrent
au public insignes, maquettes, posters, casquettes, livres et autres
souvenirs liés à l’aviation. Un petit bonjour au stand de nos
compatriotes des Red Devils, une évaluation de la situation météo
avec Grat et son équipe du F-16 Solo Display qui à ce moment-là espère
toujours l’arrivée d’une éclaircie et faire voler le F-16 vers 14h00.
Quelques mètres plus loin, nous voilà plongés au cœur des Mirage 2000D
et de leurs expérimentés pilotes de chasse. Trois Escadrons de
Combat(EC) opèrent depuis la BA133 : l’Escadron de
chasse 1/3 ‘’Navarre’’, l’Escadron de chasse 2/3 ‘’Champagne’’ et
l’Escadron de chasse 3/3 ‘’Ardennes’’: ils sont tous représentés par
un avion portant l’insigne de l’Escadron.
La formation spécifique
‘’2000D’’ des pilotes et des navigateurs officiers systèmes d’armes est
assurée par l’ETD 2/7 Argonne (Escadron de Transformation sur 2000D)
créé afin de libérer du temps dans les Escadrons opérationnels. Dans
les espaces traditions de ces Escadrons, personnels navigants,
mécanos-techniciens spécialistes et administratifs partagent le même
enthousiasme à défendre les couleurs de leur unité respective dans une
ambiance de saine rivalité.
Nous y faisons la
connaissance d’un Capitaine, pilote au 1/3 Navarre (indicatif radio
‘’Coca’’) qui nous explique brièvement son
parcours : il a, comme tous les candidats pilotes de l’Armée de l’Air,
effectué son écolage à Tours où il est macaronné (remise des
ailes de pilote) puis passe par Cazaux où il entame sur Alpha Jet sa
formation de base comme pilote de combat. Ses premières heures ‘’
réacteurs’’ sur le ‘’gadget’’ enregistrées dans son carnet de vol, il
est, grâce à ses excellents résultats, désigné pour voler sur 2000D à
Nancy. Il faut, dit-il, d’abord apprendre à voler le Mirage 2000, cela
se fait à Orange (BA-115) au sein de l’Escadron 2/5 ’’Ile de France’’
où nous volons sur 2000B et C, la version du 2000 spécifiquement
développée pour la défense aérienne. On vole souvent avec un
avion en configuration ‘’Fox’’ c'est-à-dire équipé d’un bidon
ventral (1.300 litres) parfois plein, parfois vide...ce qui modifie les
paramètres de vol. J’ai volé tous les jours durant plus de 3 mois, de
manière à acquérir une parfaite maitrise de l’avion à aile delta. C’est
ensuite Nancy qui prend le relais pour la formation spécifique au
pilotage et aux systèmes d’armes du D. C’est une autre paire de
manches, précise-t-il, et cela représente un long parcours
très complexe et très contraignant. Voler sur 2000D, c’est pouvoir
voler très bas, par beau ou mauvais temps et sous la menace constante
des défenses anti-aériennes ennemies. C’est également durant cette
période que l’on apprend à voler en binôme, pilote/navigateur officier
système d’arme (NOSA) ce qui pour le pilote remet en question
les réflexes et les décisions du vol en solo ; ici le pilote n’est plus
seul maitre à bord mais doit suivre son NOSA pour la navigation et les
critères de tir. En entrainement comme en missions, les nerfs sont mis
à rude épreuve et il faut tenir le coup physiquement. Pilote aguerri,
il a participé à 55 missions de guerre en Afghanistan, en Lybie et au
Mali.
En passant devant l’espace tradition du 2/3 ‘’Champagne’’,
nous sommes conquis par le sourire de Laura ‘’Boulet ‘‘, Capitaine,
16ème femme pilote de l’Armée de l’Air, en formation sur
2000D. Mais pourquoi ce badge portant le surnom de ‘’Boulet’’
?
Laura explique
que cet insigne spécial et pièce unique est traditionnellement porté
par le dernier pilote qui a intégré l’Escadron. Elle le portera jusqu'à
l’arrivée d’une nouvelle recrue qui, à son tour, devra l’arborer sur
son épaule gauche avant de le passer au dernier pilote qui se
présentera au 2/3 et ainsi de suite. Après un parcours identique à tous
les jeunes pilotes qui intègrent l’AA., la Capitaine a reçu son brevet
lors du macaronage d’avril 2012. Orientée 2000D, ce dont elle rêvait
depuis son enfance, Laura rejoint le 2/3 en octobre 2013 et devient la
deuxième femme au sein du ‘’Champagne’’, la première étant une NOSA ;
il y a plus de femmes
dans cette dernière catégorie que de femmes
pilotes nous confie-t-elle. Après avoir fait connaissance
avec le 2000
à Orange et appris à piloter un avion à
aile delta doté de
commandes de vol électriques, Laura revient à Nancy. Durant 2
mois c’est l’ETD 2/7 qui prend en charge le stagiaire pour la transfo
sur 2000D. Obtenir sa qualification sur 2000D est un enjeu
très difficile et ce n’est pas gagné d’avance. A ce stade,
nous
dit-elle,
je suis
‘’condé’’ 80 - condé étant notre indicatif radio et
80 signifiant que je suis pilote à l’instruction (PI).Si mon parcours
se poursuit avec succès, je passerai PO (pilote opérationnel). Ensuite
l’entrainement permanent et l’expérience acquise mènent vers les
qualifications élevées de SCP - sous-chef de patrouille et CP - chef de
patrouille. L’entrainement que nous suivons est très dense
et soutenu ;
après avoir obtenu en 6 semaines la qualification sur
2000D, le 2/3 prend le relais. Il faut durant des mois
s’entrainer à tous les panels de missions dévolues à notre unité,
connaitre toutes les particularités du D et assimiler les systèmes
d’armes. Les missions deviennent progressivement de plus en plus
complexes et la gestion de plus en plus difficile, avec notamment la
gestion du L16, le système de liaison de données tactiques de l’OTAN.
Nous travaillons également beaucoup sur simulateur Nous sommes
constamment évalués et cotés. Il en va de même pour le/la NOSA qui est
aussi jeune que son pilote. Il
arrive que certains abandonnent devant
la tâche ardue et la mise à rude épreuve des nerfs, les instructeurs ne
passent rien au bleu. D’autres échouent à différentes étapes de la
progression. Ils seront redirigés vers une fonction de NOSA ou
passeront sur un autre type d’avion. La manière dont Laura
parle du
Mirage 2000D ne laisse aucun doute sur sa motivation et ses chances de
réussite. Manny happy landings Laura.
Nous poursuivons notre ballade parmi les différents emplacements
répartis dans un grand hangar, ce qui nous met au sec pour quelques
temps. 21 22 23 Uniformes, collections d’insignes, bandes dessinées,
aéromodélisme, expositions historiques, hommages aux grands as français
et aux Escadrilles mythiques, peintres de l’air sont autant de facettes
aéronautiques à découvrir.
Deux stands occupent une grande surface et
attirent l’attention : celui qui expose plusieurs centaines d’insignes
en tissu (badges) dont une grande partie consacrée aux ‘’Tiger’’ et
celui du FFW01 Mudmovers, une escadrille virtuelle de pilotes de chasse
sur F-16
Fighting Falcon, fondée par
‘’Ghostrider’’ lui-même ancien du
F-16. Devant des badges tant appréciés des collectionneurs, trône un
mannequin portant une tenue de vol particulièrement tigrée appartenant
à Denis Mercier, ‘’Damned’’ de son surnom, à l’époque pilote au 1/12
Cambrésis,
aujourd’hui patron de l’Armée de l’Air.
Les
pilotes virtuels des Mudmovers organisent sur simulateur des missions
de combats de 6 à 12 avions, avec différentes configurations
d’armements. Ces missions d’un réalisme époustouflant se font en
réseaux et en temps réel ; à découvrir sur
www.ffw01.fr.
Hasard des rencontres, nous croisons le Général d’Armée Aérienne Denis
Mercier, Chef d’Etat-major de l’Armée de l’Air (CEMAA), accompagné du
Général Bertrand Mact-Radoux, Chef d’Etat-major de l’Armée de Terre et
du Colonel Pena (Cdt. Base de Nancy), en conversation avec
l’auteur du magnifique livre LA GUERRE VUE DU CIEL(*), le
Lieutenant-colonel Marc ‘’Claudia’’ Scheffler, Marco pour ses collègues
pilotes, ancien du 2/3.
Le Général Mercier, excellent public relation
improvisé, me conseille la lecture de ce bouquin
que l’on ne
quitte plus, une fois les premières pages entamées,
affirme-t-il. Une
belle dédicace accordée par l’auteur et me voilà riche d’un volume de
460 pages qui relate avec beaucoup de détails une partie de la carrière
opérationnelle de cet ancien de Nancy et ses multiples missions de
guerre. La présence du patron de l’Armée de Terre à ce meeting aérien
n’est pas anodine :
il a remis aux Colonels Frédéric
Chiffot,
pilote, et José Souvignet, navigateur, une pièce de leur Mirage 2000,
récupérée dans les Balkans, là où l’avion fut abattu par un missile
sol-air en août 1995. L’équipage fut fait prisonnier par les Serbes et
libéré en décembre 95, après 104 jours de captivité. Ce sont
les
troupes terrestres dirigées par le Colonel Mact-Radoux (Commandant le
bataillon d’infanterie n° 2 de l’IFOR) qui ont à l’époque retrouvé
l’aéronef. Avant de quitter ce hangar ou plutôt cette caverne
d’Ali Baba version aéronautique, une halte s’impose au stand Mirage F-1
tenu par ‘’Meche’’ et ‘’Pacom’’ : ils sont fiers de parler de leur
avion qui a fait les belles heures de la reconnaissance aérienne et de
la chasse. Pour eux et leurs collègues, ce week-end revêt une saveur
particulière teintée de tristesse et il en va de même pour les fans du
Mirage à aile en flèche : les ‘’Carol Hotel’’, patrouille éphémère sur
F-1, vont effectuer leurs deux dernières représentations avec aux
commandes des numéros 660 (F-1CR) et 592 (F-1B) :‘’Cox’’ (ailier) et
Zyva (leader).
Au 2/33 ‘’Savoie’’,Milfs est le petit dernier
qui a rejoint l’Escadron ; il totalise un peu plus de 300 heures sur
cet avion qui a sillonné de nombreux espaces aériens dans le monde et
fait le bonheur des spotters et des fans d’aviation. Juste à coté, le
simulateur F-1 attire de nombreux jeunes qui un jour peut-être
embrasseront une carrière au sein de l’AA.
Nous quittons notre abri provisoire pour nous diriger vers la
plateforme opérationnelle où nous allons enfin humer l’odeur de kéro et
vibrer aux sons des réacteurs et des moteurs à pistons. Un passage par
le bureau des opérations, qui jouxte le tarmac, où le
Lieutenant-colonel Mikael Kador, chef des opérations, nous
donne l’autorisation indispensable pour circuler dans cette zone
fort surveillée où des avions sont constamment en mouvements. Il vaut
mieux montrer patte blanche !
Nous voilà au plus près des machines, des
pilotes et des mécanos : que du bonheur. On en oublie presque
que le
ciel pleure toujours comme en atteste cette photo prise tout au début
de la ligne. Follow me…
Pour ce superbe Cessna 195A Business liner, pas de métal
hurlant mais bien du métal poli qui scintille dès qu’il est touché par
un rare rayon de soleil qui perce de temps en temps et brièvement la
couche nuageuse. Le F-AYTX ‘’Coca-Cola’’ appartient à Bruno Chauvet de
Foug’Air Association et est basé à Châteauroux-Villers (France).
Un Rockwell OV-10B Bronco se pose et est pris en charge par
un pistard dans la zone de parking avion. A bord de cet appareil, Alain
Bes, pilote et Président de l’Amicale des Avions Anciens de la Drôme
(Musée de l’Aviation de Chasse de Montélimar), qui arbore sur son
tableau de bord une peluche ‘’Diable Rouge’’, clin d’œil aux pilotes du
team belge des Red Devils et/ou…marque de soutien à l’équipe nationale
de foot éponyme quelques heures avant d’affronter l’Argentine ? Le
turbo-prop mis en service en 1971 en Allemagne est
aujourd’hui présenté dans le camouflage d’un OV-10 des US Marines
Corps. Alain Bes est accompagné pour ce déplacement par le jeune Romain
Gonnon, mécano bénévole.
Souvenir de la ‘’Grande Guerre’’, ce Nieuport Ni28 est une
réplique à l’échelle réelle piloté par son propriétaire, Thierry
Roussel.
Cet avion, fabriqué par Airdrome
Aéroplane (Holden) USA, est
lui aussi disponible en kit sur commande. Celui-ci est revêtu de la
tenue colorée qu’arboraient les appareils de l’American
Expeditionary Force (AEF) opérant depuis la France. C’est sur Ni28
qu’Alan Wilson et Douglas Campbell ont obtenu les premières victoires
américaines en avril 1918. Eddie Rickenbacker, célèbre as américain aux
26 victoires a également volé sur ce type d’avion. A Nancy, le Nieuport
28 de Thierry Roussel est le premier à profiter d’une amélioration de
la météo ; à 14h30 il se lance à l’assaut du ciel, son ennemi du jour
étant le vent qui balaie l’aérodrome.
Les Red Devils belges emboitent le pas au biplan avec leurs Marchetti
rouges qui se dirigent vers la piste à la queue leu leu. Paolo, Davy,
Mac et Reggio colorent enfin ce ciel uniformément gris et effectuent
une présentation très appréciée du public.
Sur le tarmac les mécanos
patientent avant de prendre en charge les avions qui, prestation
terminée, taxient vers la zone ops. Pour les Red Devils, le show se
passe également au sol : après avoir longé les hangars dans un
alignement ‘’au cordeau’’, ils effectuent un premier quart de
tour ‘’en formation’’, puis un second qui les amène face à leurs
emplacements parking. Dans un ensemble parfait et millimétré, ils
s’avancent, moteurs au ralenti, pour s’arrêter pile au signal du
leader. Good show ! Peu avant 18h00, les belges, le visage barré du
drapeau national, rejoignent un local du 2/3 ou ils vont pouvoir suivre
le match de foot Belgique-Argentine.
De l’autre coté de la zone ops, là où sont alignés les jets, le
Commandant Renaud ‘’Grat’’ Thys et le Capitaine Jeroen’’Schlik’’
Dickens, respectivement solos display F-16, belge et néerlandais,
attendent des instructions de la tour de contrôle. Comme le programme a
été fort chamboulé depuis le matin, les deux pilotes n’ont pas encore
reçu confirmation d’un créneau horaire pour décoller. Grat décide de
grimper dans son cockpit et d’appeler la tour. Après une longue
discussion, le verdict tombe : les F-16 restent au sol ce samedi
après-midi. La déception est là, d’autant que Grat nous confie que les
conditions sont suffisantes pour pouvoir présenter le show mauvais
temps, essentiellement constitué d’évolutions à plat. Les équipes
techniques sécurisent les deux Fighting Falcon, rangent les équipements
et rejoignent leurs stands promotionnels où la bonne humeur reste de
mise.
Quelques privilégiés se voient offrir un petit tour en EC 725 CARACAL,
un hélicoptère dédié aux missions RESCO (Reconnaissances et Opérations
de Sauvetage au Combat). L’appareil, ravitaillable en vol,
appartient au EH 1/67 Pyrénées basé à Cazaux. Le CARACAL, du nom de ce
petit félidé de la famille des lynx, représente l’ultime évolution de
la version de l’AS532 COUGAR. Doté des dernières technologies, l’EC
725, également appelé HUS (Hélicoptère pour Unité Spéciale), est équipé
de nombreux détecteurs d’alertes radar, missiles, possède une caméra
thermique haute définition avec télémètre laser et est armé
de deux mitrailleuses FN MAG 58 de 7,62 mm placées en sabord.
Dans le cockpit, l’interface homme/machine a été optimisée de manière à
assister au maximum l’équipage lors de missions difficiles. Un système
PLS, Personal Locating System, permet au moyen de transmissions
cryptées de localiser en toute sécurité les équipages tombés en zone
hostile. Une ‘’bête de guerre’’, indispensable dans le contexte des
conflits actuels, qui, de l’avis des utilisateurs, s’avère nettement
supérieure au NH-90 pourtant plus récent.
Dans une autre dimension, un Mosquito, un Spitfire et un P-51
Mustang à
l’échelle ¾. Le Mosquito a été construit de toutes pièces par une bande
de copains, pilotes retraités rassemblés au sein de Reconstructions-
Répliques- Avions Anciens (RRAA). Ils ont œuvrés plus de 33.000 heures
pendant 17 années pour mener à bien ce projet entamé en 1995 sous la
houlette de Michel Bogaert. L’appareil a été peint aux couleurs
du NE-K (PZ-460) du Lieutenant-colonel Max Guedj, Forces
Aériennes Françaises Libres (FAFL) 143 Squadron Royal Air Force. Un bel
hommage à ce héros tombé en mission le 15 janvier 1945. Le premier vol
début 2011 concrétisait le grand défi technique et humain que s’étaient
lancé ces passionnés un peu fous.
Surprise quand nous voyons arriver, moustache au vent, le
Colonel de
réserve en retraite Jack Krine, jeune pilote septuagénaire toujours
aussi assoiffé des choses de l’air. Jack va voler le Mosquito avec son
copain Bichon, pour une présentation tout en finesse. Jack Krine est
devenu pilote de chasse en 1965 et a intégré la Patrouille de France en
1976 comme solo. L’année suivante, il reçoit le commandement de la
Patrouille qui évolue sur Fouga Magister. Il quitte l’armée en 1978
pour rejoindre l’aviation civile et plus particulièrement Air Inter
puis Air France. Jack Krine a volé sur 42 types d’avions durant sa
carrière …qui n’est pas terminée ! T-6, T-33, Fouga, Mystère IV, Super
Mystère, Mirage III et Mirage F-1 sont les appareils qu’il pilote
durant sa carrière militaire. Coté civil, il passe du Fokker F-27 à
l’A-330 en passant par le Mercure, la Caravelle et d’autres types
d’Airbus. Passionné, enragé, persévérant, il vole aussi sur un nombre
impressionnant d’avions de collection, reprend l’acrobatie avec la
Patrouille privée Tranchant (Fouga Magister), intègre la Confederate
Air Force aux Etats-Unis et prend régulièrement le manche pour
l’Amicale Jean-Baptiste Salis. Rien ne l’arrête dès qu’il s’agit de
s’envoyer en l’air et pourtant il a connu quatre crashs.
Le P-51 Mustang, ’’Millie G’’ du Lieutenant-colonel E.B.
Giller, 343
Squadron, USAF, est lui aussi issu d’un kit américain, échelle 3/4.
Pourquoi construire ces avions mythiques à cette échelle ? Acquérir un
vrai (rare) et le restaurer coûte une fortune et reste réservé à de
(très) riches collectionneurs. En reconstruire à l’identique engendre
des droits assez onéreux et la mise en œuvre d’outils de fabrication
coûteux. Les fous de warbirds se tournent donc vers ces kits ‘’prêts à
monter’’ fabriqués aux USA.
Enregistré comme
F-PFAF L, le L étant ajouté après à la
codification officielle pour représenter les Forces Aériennes
Françaises Libres, ce Spitfire est un Mark 26 construit par Supermarine
Aircraft LLC au Texas. Cette réplique ¾ a été mise au point par Mike
Sullivan dans les années 90 qui a repris la numérotation des Spits là
où elle s’est arrêtée après la guerre. Ce Mark 26 est basé à Les
Mureaux.
Représentant l’Ecole de Voltige de l’Armée de l’Air, le Capitaine
Alexandre Orlowski s’est joué des nuages et a démontré qu’il
méritait amplement la médaille de bronze obtenue aux championnats de
France, catégorie Elite.
France‘s Flying Warbirds est venu à Nancy avec ce Yak 3 aux
couleurs du
Normandie-Niemen (Neu-Neu) et à l’immatriculation explicite : F-AZNN,
NN pour Neu-Neu. A l’origine -Yak 11 ‘’Moose’’-, il faisait partie d’un
lot de 41 machines, désarmées et stockées dans une région désertique,
rachetées au gouvernement égyptien (quasi tous les Yak qui volent en
Europe proviennent de ce lot). Pierre Dague et les ateliers de Jean
Salis ont transformé ce Yak biplace en monoplace (pour gagner du poids
et de la stabilité). Une modification qui a nécessité quelques 3.500
heures de boulot en 3 ans. Le moteur, un Shvetson ASh-21, développe
760Cv à 2.300 tours/ minute. Après le décès de Pierre Dague lors du
crash de son T-28 (1991), l’avion est racheté en 2000 par Georges Perez
et est basé à Melun-Réau. A noter en dessous du cockpit l’annotation :
PIERRE’’S’’TROÏKA…
A l’heure du gouter, les Carol Hotel prennent leur envol pour
une avant
dernière présentation technique.Cox et Riva mettent le paquet malgré un
ciel qui reste chargé. Demain, ce sera la der des ders, avant des
adieux en grande pompe le 14 juillet au dessus des Champs Elysés.Une
belle page de l’histoire de l’Armée de l’Air va se refermer.
La Patrouille de France profite d’une embellie et décolle
pour une
présentation limitée, le plafond nuageux étant trop bas pour assurer
les figures prévues par beau temps. Après le débriefing d’usage, les
pilotes en parfaits publics relations de l’Armée de l’Air, dédicacent
plaquette et posters et n’hésitent pas à aller à la rencontre du public
pour parler de leur métier.
Peu avant 16h30, de drôles de machines font leur apparition
sur la
plateforme : ce sont les trois ACROEZ de la patrouille civile REVA.
Une
équipe civile mais composée de pilotes expérimentés qui tous
ont fait partie de la ‘’chasse’’ à un moment de leur
carrière. Le fondateur et leader des REVA, le Lieutenant-colonel er
Réal Weber totalise 5.800 heures dont plus de 4.000 sur avions de
chasse. Jean-Lin Balland, pilote de ligne, a volé sur jet militaire de
1971 à 1989 et comptabilise aujourd’hui plus de 12.000 heures de vol ;
chasseur devant l’éternel comme il aime le dire, il a volé sur une
centaine d’appareils différents. Commandant, pilote de chasse depuis
1995, Xavier Fontaneau a 4.000 heures au compteur ; il commande
l’Escadron de transformation Mirage 2000D, 2/7 Argonne, depuis 2012.
Michaël Meyer, Capitaine, est entré à l’Armée de l’Air en
1993, ses qualifications l’ont amené au Centre d’Essais en Vol (CEV)
d’Istres où il est pilote d’essai expérimental ; il totalise 3100
heures de vol. Pilote de chasse depuis 2008, Kesh, le plus jeune de la
bande, un peu plus de 1.000 heures de vol, est Lieutenant dans l’Armée
de l’Air et vole sur Mirage 2000. A Nancy, la mécanique est
assurée par Raymond, lui aussi ancien de l’Armée de l’Air. Il a
travaillé sur Skyraider- avion avec lequel il a effectué des missions
au Tchad, Fouga Magister-33 ‘’T –Bird’’, Mirage III, Jaguar, Mirage F-1
et 2000. Raymond a bien connu Paul Rorive, pilote à la Force
Aérienne belge et qui présentait le Fouga Magister. Une démo qui a
particulièrement impressionné le mécano des REVA, notamment le
décollage du Fouga avec rentrée du train d’atterrissage au ras de la
piste.
L’Acroez est un biplace en tandem, de formule canard,
à moteur propulsif. Cet avion est réalisé entièrement à la main sur
base des plans établis par l’ingénieur américain Burt Rutan, sa vitesse
de croisière est de 350 km/h, pour une consommation de 25 litres (à
l’heure). Particularité observée ce jour : l’avion repose sur le nez ;
le train avant n’est sorti que peu avant la mise en route du moteur.
Comme pour beaucoup d’équipes de présentation, les REVA répètent au sol
en mimant les différentes figures des avions avec les mains : cela
donne un petit ballet étonnant que les pilotes appellent la musique.
Venu de Gioia del Colle, le pilote EF 2000 du 36ème Stormo
‘’Riccardo Helmut Seidl ‘’ (12 Gruppo) montre sa parfaite maitrise du
chasseur qui équipe la défense aérienne italienne. La puissance des
deux turboréacteurs Eurojet EJ200 donne au Typhoon une
capacité de manœuvres percutantes bien mise en valeur par le pilote. Le
public a apprécié, son équipe aussi qui n’hésite pas à le rejoindre une
fois les moteurs arrêtés pour des félicitations très …italiennes.
La finale en décibels et fumigènes est assurée par le
Capitaine Benoit
‘’Tao’’ Planche et le magnifique Rafale ‘’Thunder Tiger. Les évolutions
époustouflantes de Tao, ses passages à hautes vitesses et ses manœuvres
de combat émerveillent le public qui salue au retour du pilote du
02-092 Aquitaine de Saint-Dizier. Le Thunder Tiger passe tantôt dans un
coin de ciel, tantôt frôle de gros nuages sombres.
Dimanche, Philippe Polet a pris le relais pour Flying-Zone.
Mieux loti
que nous au point de vue météo, il a bénéficié, entre de nombreux
passages nuageux, de quelques moments d’ensoleillement propices à de
belles photos. Mais toute médaille à son revers et il s’est également
ramassé une bonne ‘drache’ digne de la nationale chez nous. L’eau cela
se partage…
Voici le bulletin météo relevé par notre correspondant :
météo sur BA
133 : temps estival prometteur jusque 10h00, puis
augmentation
progressive de la nébulosité…
Averse de pluie légère et ciel très nuageux avec plafond assez bas
pendant le temps de midi. Le ciel chargé n’empêche pas les deux Mirage
2000D de la patrouille (temporaire) «COUTEAU CHARLIE» de faire leur
démo dans la brume.
Dans l’après-midi, retour du beau temps avec un ciel principalement
ensoleillé, mais aussi ambiance lourde et orageuse. Retour des nuages
en fin d’après-midi .Le ciel devient très menaçant en début de soirée
juste après le meeting, ma dernière photo en témoigne. Gros orage peu
après.
Philippe, qui à l'œil Flying-Zone nous grat…ifie (ben oui Grat est
partout…) de quelques clichés des avions qui ont participé aux
démonstrations du dimanche, mais surtout des pilotes et personnels en
activités au sol. Ce jour-là aussi il fallait choisir entre
un point de vue proche de la piste et de la ligne de vol ou se poster
plutôt vers la plateforme ops. C’est cette deuxième option qu’a choisie
notre photographe.
Nous remercions le Commandant Hauchamp du service presse de la BA 133
et notre accompagnateur anonyme pour leur patience et leur grande
disponibilité, le Lieutenant-colonel Kador, chef des opérations, et
tous les pilotes et personnels que nous avons sollicité lors de notre
visite. Merci au Général Denis Mercier qui m’a fait découvrir un livre
formidable et passionnant. Merci à ‘’Claudia ‘’ d’avoir couché sur
papier cette carrière trépidante et pour la belle dédicace
personnalisée.
(*)
LA GUERRE VUE DU CIEL
Les
combats d’un pilote de Mirage 2000D
Livre écrit en collaboration avec
Frédéric Lert
Editions NIMROD, 11 Passage Saint-Pierre Amelot
75011 Paris
www.nimrod.fr