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Farnborough International 2014.
Benoît Denet - Août 2014
Le célèbre salon aéronautique londonien s’est tenu du 14 au 20
juillet, avec quelques belles promesses et une grosse absence de
dernière minute.
Les faits marquants.
Le salon bisannuel de Farnborough, qui se déroule dans la
banlieue ouest de Londres depuis 1948, reste le salon de référence
européen avec celui du Bourget. Cependant bien des choses ont
changé depuis 25 ans, la place
des chalets et autre halls de présentation n’ont fait qu’envahir le peu
d’espace encore disponible, les mesures de sécurité sont d’années en
années renforcées, la quantité d’appareils présentée diminue elle au
fil des ans… Bref tout change.
Voici quelques fais important de cette édition :
L’absence bien remarquée du F-35 de Lockheed Martin, celui qui était
annoncé comme la star de ce salon 2014, a bien raté son entrée. A tel
point qu’une conférence de presse avec tous les plus hauts dirigeant de
la
firme, la CEO Madame Marillyn A. Hewson en tête, l’obligeant à
justifier les problèmes techniques rencontrés. Voici ce qu’en
disait le Général Bogdan responsable du programme auprès des autorités
militaires US :
"C’est dans le troisième partie du fan, dans la
section basse pression, que se situe le problème. Le frottement
excessif des fans a entraîné une surchauffe
et de micro craques bien au dessus de ce qu’il avait été prévu au
départ. Cette fatigue lors des cycles élevés a résulté dans le feu du
moteur, le 23 juin dernier, du prototype AF-27.".
Ceci faisait de nombreux mécontents, surtout au sein des partenaires
britanniques très en attente de ces démonstrations sur leur sol, tant
mises en avant
par le leader mondial américain de l’armement.
Nous reviendrons plus en détail sur le F-35 prochainement avec l’interview d’un des pilotes d’essais.
Un autre fait marquant de ce salon 2014 était la bataille que se livre
les deux géants de l’aéronautique mondiale, je veux bien sûr parler de
Boeing et Airbus. Apparemment ces deux là ne connaissent pas la crise !
Un analyste de Boeing prévoit la vente dans le monde de 35000 appareils
civils toutes marques confondues, d’ici 20 ans. Quatar airways qui
devait présenter son A380, a finalement renoncé par
mécontentement de l’aménagement des cabines intérieurs. Cela n’a pas
empêché la firme quatari d’y présenter le prototype de l’Airbus A350
sous ses couleurs. Cette même société a signé un contrat ferme de 50
Boeing 777X supplémentaires, avec un début des livraisons prévu en 2020.
A propos de ce nouveau Boeing , une société belge y sera
associée. En effet, Techspace Aero a signé lors de ce salon un juteux
contrat pour la fabrication de composants du compresseur basse pression
du moteur
GE9X, choisi comme exclusif par Boeing. Techspace Aero est le leader
mondial du compresseur basse pression sur les moyens courriers.
Boeing annonça une version à venir de 200 places du B 737 MAX. Ce
programme rencontre un grand succès dans la gamme des appareils mono
couloir, en concurrence avec le A320 neo d’Airbus. Le géant de Seattle
devrait
produire 55% d’avions commerciaux de plus qu’en 2010.
De son côté Airbus lance son A330 neo, en compétition directe avec le
B787-9. Ce nouvel Airbus est promis à un bel avenir, on parle déjà de
plus de 1000 commandes.
Mille commandes, parlons-en, c’est le nombre total d’achats effectués sur l’ensemble du salon, toutes marques confondues.
A cela, il faut encore évoquer les programmes en mutation comme le Saab
JAS 39 E/F, le gros succès rencontré par CFM International pour ses
moteurs, les développements et la vente des avions d’affaires ou des
drones en permanente augmentation, l’avancée du russe Sukhoi sur le
marché des avions commerciaux, ou encore la bataille acharnée livrée
par les constructeurs pour le futur appareil de surveillance maritime
britannique.
Bref, ce n’est pas la crise pour tout le monde.
Les présentations en vol.
Bien que réduites, elles nous ont
réservé quelques belles surprises comme cet affrontement des prototypes
d’avions commerciaux entre l’Airbus
A350 et le Boeing B787-9. C’était une première à Farnborough depuis 30
ans. Ces démonstrations uniques, à elles seules valaient le
déplacement. Bien sûr les avions sont vides, mais tout de même, quelle
puissance et maniabilité pour des machines de cette taille. Il y a
quelques années lors d’un salon de Farnborough précédent, un
responsable de Boeing m’avait confié n’avoir plus besoin de présenter
ces machines en vol car elles se vendaient très bien sans cela. Il
semble que ces temps là aussi soient en train de changer.
Boeing a du néanmoins retirer l’impressionnant ‘touch and
go’ suivi d’un beau virage serré présenté par son nouveau né après le
vol du lundi.
Apparemment la manœuvre, pourtant approuvée lors des vols de
validation, a été décrétée inappropriée par les organisateurs pour les
jours suivants.
A côté de son A350, Airbus présentait également son A380 avec ses
couleurs de prototype et son A400M. Des vols toujours très
impressionnants, marqués par les manœuvres effectuées, décollages
avec un haut taux de montée, suivis de virages très serrés ou encore
des passages à basses vitesses. Tout ceci dans un concert parfait, un
appareil en vol pendant qu’un autre se présentait au décollage , alors
que le troisième était parqué dans la zone publique au plus vite. Merci
aux ‘marshallers’ et autres conducteurs de ‘pushback’ au sol pour leur
dextérité.
Une autre démonstration marquante fût celle d’Alenia Aermacchi
avec ces trois appareils d’entraînement, les M-345, M-346 et le
Blackshape, volant ensemble et de fort belle manière tout en douceur et
symbiose.
Un autre beau moment dans le ciel londonien, était la
présentation de l’hélicoptère de combat TAI/Agusta Westland T129
construit en Turquie sur base du A-129. Il semble bien intéresser
certains pays du Golf et
d’Asie.
Côté avions de combat, seul le Boeing F-18F et l’Eurofighter
étaient de la partie. Le Super Hornet après un passage par le Belgique
début juillet, nous a gratifié de ses manœuvres devenues légendaires
tout en
puissance. On regrettera cependant une décoration fort terne.
Le produit de British Aerospace était lui fidèle à ses démonstrations
plutôt ‘brutales’. Les pilotes utilisèrent les deux appareils présents
décorés de bien belles manières, en alternance selon les jours.
On notera aussi la présentation sans fioritures du Boeing P-8
Poseidon de surveillance maritime. Il était équipé de missiles Harpoon
et laissa sa grande trappe de largage sous le ventre ouverte
pendant une
bonne partie de son vol.
Cette édition du salon resta marquée par l’absence de dernière minute
du F-35 tant attendu, un véritable pétard mouillé et par l’éternel
affrontement des frères ennemis entre Boeing et Airbus. Tout cela dans
un climat de
crise mondiale ne semblant pas toucher ce monde de l’aéronautique, à
confirmer lors du prochain rendez-vous au Salon du Bourget en 2015.