Des Sukhoi Su-30 au-dessus du Lac Victoria…
Benoît Denet - Juin 2013
C’est en mai 2011 que l’Ouganda, pays d’Afrique centrale, a signé le contrat d’achat de six Sukhoi Su-30MK2 pour un montant
d’environ 740 millions de $. Ce contrat prévoit également un support technique pendant trois ans.
En juillet 2011, le premier Su-30 a décollé de l’aéroport international d’Entebbe en bordure du Lac Victoria.
On peut bien sûr se demander pourquoi l’Ouganda s’est doté d’un tel appareil ?
Le pouvoir en place justifie ce coûteux achat par le fait de la découverte, il y a 5 ans, de réserves pétrolières sur son territoire,
plus exactement dans le bassin du Rift proche de la République du Congo. Voici comment le ministre ougandais de l’information, Mr. Matsiko, commentait cet achat : «
Chaque pays doit être bien équipé pour défendre
ses intérêts stratégiques ».
D’autre part, l’Ouganda est impliqué avec ses forces terrestres dans une mission de maintien de la paix en Somalie, dans la cadre d’une mission
commune de l’Union africaine et des Nations Unies (AMISOM) ; des journaux locaux ont évoqué un possible déploiement des Sukhoi-30 dans
ce cadre.
Par ailleurs, l’Ouganda est préoccupé par certains de ses pays voisins, comme le tout nouvel état du Sud-Soudan ou encore
la RDC, et bien sûr l’Erythrée qui s’est doté de Su-27 et Mig-29 et l’Ethiopie équipé de Su-27.
Depuis juillet 2011, les six Su-30MK2 volent régulièrement en semaine. Il n’est pas rare de se poser avec un gros porteur civil entre deux
mouvements de Sukhoi, et de les voir taxier à côté d‘un Boeing 777 ou autre Airbus 320.
L’un de ces SU-30 a été victime d’un « bird strike », toujours redouté à Entebbe
avec la proximité du Lac Victoria et les nombreux oiseaux qui y ont élu domicile, mais il aurait été remis en état de vol depuis.
Il faut aussi signaler que ces appareils très modernes sont opérés autant par des pilotes étrangers qu’Ougandais. Cependant, avec un salaire très
bas, ceux-ci ont tendance à vouloir quitter l’armée pour se tourner vers le secteur civil ; deux d’entre eux ont d’ailleurs récemment
démissionné pour cette raison.
L’arrivée de ces avions dans la région bouleverse considérablement l’équilibre géopolitique. En effet, c’est un des meilleurs chasseurs au monde, puissant, bien équipé et
très bien armé, sans réel équivalent direct dans cette région agitée d’Afrique. La Force
Aérienne ougandaise était auparavant équipée de Mig 21
modernisés par une société israélienne ainsi que de Mig 23 (mais apparemment plus en état de vol), de L-39, d’hélicoptères Mi-24 Hind
(dont deux ont été perdus dans un accident au Mt Kenya en août 2012) et de Mi-17.
Les gros bi- réacteurs pourraient être rejoints par six autres exemplaires d’ici peu de temps, ont déclaré les journaux locaux.
Tout
ceci montre bien que le pouvoir en place tient à se faire entendre et respecter dans cette région d’Afrique regorgeant de richesses fortement
convoitées.