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Démo
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Serge Nemry - Mai 2012
Mi 2011, l’Etat-Major de la Force Aérienne lançait un appel à
candidature afin de pourvoir au remplacement du Commandant Michel
‘Mitch’ Beulen (349 Squadron, Kleine Brogel), pilote solo display F-16
en titre. Mitch était arrivé au terme de sa troisième saison et
aspirait à retrouver une vie un tant soit peu plus calme. Les critères
sélectifs pour être retenu comme pilote démo sur F-16 sont : totaliser
un minimum de 1.000 heures de vol sur Fighting Falcon, avoir la
qualification de flight leader, porter au moins le grade
de
Capitaine, voler dans une escadrille opérationnelle et accepter de
s’engager pour une durée de trois ans comprenant entre mai
et septembre
de nombreuses prestations de week-end tant en Belgique qu’à l’étranger.
Le pilote de démonstration
joue également un rôle de public
relation
non négligeable, un ambassadeur de la Force Aérienne en somme,
disponible avant et après le show. Le Capitaine Aviateur Renaud ’Grat ’
Thys, pilote au sein de la 350ème escadrille, relève le gant et
présente son cv au comité militaire de sélection. Totalisant 1.300
heures sur ‘’Viper’’ (1.700 heures tous avions confondus), il
rédige sa lettre de motivation, mettant en exergue l’expérience acquise
au sein de son unité lors de sa participation à de nombreux exercices
d’envergure et à plusieurs missions de guerre. Fin novembre, ’Grat’
reçoit l’avis favorable le désignant pilote
’solo display
F-16’ pour les saisons 2012 à 2014. Cela en fait le premier Capitaine,
pilote dans le cadre auxiliaire et surtout le plus jeune - à 28 ans - à
obtenir cette fonction de prestige.
Des Ailes pour l’avenir
Renaud ‘Grat ’ Thys a toujours rêvé de devenir pilote et
avoue que le film Top Gun l’a conforté dans sa décision d’embrasser un
métier qui allie passion, aventure, réflexion et nécessite
d’excellentes compétences techniques et scientifiques. Il fait ses
premiers pas
en aviation sur planeur
au sein des Cadets de l’air qu’il
rejoint en 1999. Il quittera ceux-ci quatre ans plus tard, contraint et
forcé par la charge de travail et ses responsabilités
au sein de
l’aviation militaire. Candidat élève pilote, ayant réussi les
tests de sélection, il intègre la promotion 2001B de la FAé. comme
élève du cadre auxiliaire le 17 septembre 2001 et suit la formation
militaire à l’Ecole Royale des Sous-officiers à
Saffraanberg. L’année suivante, il entame à Beauvechain
(EBBE) le Basic Flying Training, formation élémentaire au
pilotage sur
SIAI SF-260 M Marchetti dispensé par les instructeurs de la
5ème escadrille. Cette première phase d’instruction, d’une durée
de 9
mois, réussie, il poursuit son écolage à
l’Advance Flight Training sur Alpha Jet+, toujours à
Beauvechain.
Ses ailes de
pilote, consécration d’un long et difficile processus d’apprentissage,
lui sont épinglées le 30 juin 2004 par le Général Major Michel Audrit,
patron de Comopsair. Sa promotion sera la première à partir pour la BA
120 de Cazaux en France pour y suivre la
phase avancée (Advanced Flying Training) toujours sur Alpha
Jet+ au sein de L’Ecole de Chasse franco-belge. En décembre 2005,
brevet supérieur de vol en poche et fort de
l’expérience acquise sur le
biréacteur, c’est
l’Operational Conversion Unit (OCU) de Kleine-Brogel
qui l’accueille pour lui prodiguer la formation de transition sur F-16
durant 5 mois. En janvier de l’année suivante, son OCU
terminé, il reçoit comme affectation la 350ème escadrille de
chasse du 2ème Wing TAC basée à Florennes (EBFS). Il y suit
le parcours classique d’un jeune pilote intégrant une escadrille de
chasse. Il obtient au printemps 2007 sa qualification ‘’Combat Ready ‘’
ce qui l’autorise à partir en missions de combats. Cette même année, il
connait sa première escale opérationnelle à Siauliai en
Lituanie pour le QRA Baltic State opéré par l’OTAN. Au départ de cet
aérodrome mi civil, mi militaire, il assume avec son escadrille la
défense des espaces aériens de Lituanie,
Lettonie et Estonie, autant de ‘’jeunes’’ républiques devenues
indépendantes au sortir du giron soviétique. L’année suivante, qualifié
Elément Leader, c’est à Kandahar qu’il se pose en
octobre pour son premier tour d’opérations au-dessus de l’Afghanistan.
Il y accompagne le premier détachement déployé par la Force
Aérienne dans le cadre de l’Opération Guardian Falcon (ISAF). Fin 2009,
il suit avec succès les cours de Flight Leader puis dans la
foulée entame un deuxième tour d’opérations en Afghanistan. Courant
2010, il participe au Tactical Leadership Program à Albacete en
Espagne.2011 sera une année
qui voit les missions se
succéder
rapidement. Il y a d’abord, de mars à mai, une période de dix
semaines à Kandahar, puis, au départ d’Araxos en Grèce, en juin et en
août, une participation à Unified Protector au-dessus de la Lybie. Sa
progression de pilote
F-16 l’amène également à participer avec son
escadrille à de nombreux exercices de grande ampleur tels que Cross
Continental Deployement aux USA, un exercice nécessaire à l’obtention
des qualifications ‘’ largages de bombes, désignation laser et, vision
de nuit’’ de même qu’au célèbre Maple Flag à Cold Lake au Canada.
Aujourd’hui, Grat, Mission Commander et instructeur F-16 est
chargé de la standardisation et de l’évaluation des programmes
d’entrainements des pilotes de la ‘’Three Fifty’’. Restant
opérationnel au sein de son unité, il assure ses entraînements en sus
des missions quotidiennes. Liégeois d’origine, Renaud, marié,
habite aujourd’hui en province de Namur. Grand sportif, il pratique
assidument l’escalade en salle et en montagne. Début avril, il a
également réalisé un rêve : passer sa licence parapente, une autre
manière de fendre les airs.
Moustache et barbichette…
Rencontré début mars, Grat nous apparaît moustache et barbe
naissante. Il nous explique qu’une grande partie du personnel des
escadrilles suit ce mouvement et se laisse pousser les poils durant le
mois de mars ! Cette tradition digne des chevaliers du ciel d’antan a
été initiée par des pilotes américains venus en échange dans notre
pays. Fin du mois, il sera procédé à l’élection du plus beau poilu de
la base et tout le monde pourra se raser !
Entraînement à l’acrobatie.
Le Capitaine Renaud ‘Grat’ Thys entame son entraînement
de pilote démo, début janvier 2012 avec en préambule trois
vols en biplace avec le Commandant Mitch Beulen. Le premier
de ceux-ci permet au jeune pilote de ‘’ressentir’’ les
manœuvres, exécutées de manière séquentielle, du programme du
Commandant Beulen et de déjà enregistrer certains repaires et
paramètres. Grat nous confie se souvenir de ce premier vol accro qu’il
qualifie d’impressionnant et très dur.
En place arrière j’étais secoué
comme un vulgaire ‘’ sac de patates’,’ ma tête ballotait d’un coté à
l’autre heurtant à plusieurs reprises le canopy. J’en suis sortis ‘’
crevé’’ ! Pour le second vol, les places sont inversées et Grat
développe, sur les instructions de Mitch, les manœuvres essentielles du
programme acrobatique. Par mesure de sécurité, pour ces vols initiaux,
les différentes figures sont exécutées à une altitude comprise entre
5.000 (1.500m) et 3.000 pieds (900 mètres). Cela permet par exemple
d’effectuer un looping complet tout en gardant une
marge de manœuvre
suffisante au cas où un problème se poserait. Ensuite l’altitude
descend à 1.500 pieds (450 m), puis à 500 pieds (150 m) et là aussi
c’est très marquant.
La sortie d’un looping
en descente verticale
impressionne fortement le jeune pilote :
le sol se rapproche vite, les
arbres et les maisons grandissent démesurément, cela marque, nous
dit-il. Parallèlement à ses premiers pas dans le monde acrobatique de
la démo, il étudie et développe son propre programme. Ses idées sont
discutées avec Michael ’ Mickey’ Artiges et Michael ’Puke’ Koos, deux
anciens de la démo. Il conçoit un programme d’une dizaine de minutes
composé de 18 manœuvres distinctives, axé sur les caractéristiques
aérodynamiques et les performances du F-16. Si la météo est mauvaise
avec un plafond trop bas, la présentation est modifiée et passe
à 13 figures. La différence par rapport à Mitch Beulen est
qu’il n’y aura quasi aucune manœuvre à 45 degrés ; le show se déroulera
essentiellement parallèlement et perpendiculairement au public et sera
en conséquence plus proche, tout en respectant les normes strictes de
sécurité imposées. Par mesures de précaution, sa première répétition
s’effectue à nouveau à l’altitude de sécurité de 3000 pieds, ensuite
Grat passe à 1.500 pieds afin de peaufiner les figures avant de
s’entraîner définitivement à l’altitude prévue pour le show, soit 500
pieds. Ces altitudes sont calculées en tenant compte de la pression
atmosphérique au sol
(QFE). Quand au passage plein pot, très prisé du
public, il est exécuté à 300 pieds (90 m) ; en une manœuvre, l’avion
passe de 110 à 600 nœuds (200 km/h à 1.100 km/h). Par
ailleurs quelques figures s’exécutent à basse
vitesse - un contraste entre basse et haute vitesse que Grat
aime particulièrement et qui permet de mettre en exergue les
performances du moteur Pratt & Whitney F-100 et les qualités
aérodynamiques exceptionnelles de l’avion. Pendant les manœuvres, il
faut constamment intégrer les données des instruments et les références
visuelles extérieures ; il faut garder un œil attentif à tous
les paramètres des manœuvres tels que puissance du moteur, vitesse,
altitude, position, direction, vitesse et force du vent. Par exemple
pour qu’une boucle (looping) soit parfaite, il faut partir à 500 pieds,
être à 3500 pieds au sommet et arriver en fin de loop (en bas) à 500
pieds.
Si je pars avec trop de vitesse et pas assez d’altitude je ne
pourrai effectuer la manœuvre convenablement. S’il
me manque 200 pieds au dessus il me manquera 200 pieds en dessous. Je
dois également compenser la déportation due à la force du vent pour ne
pas dévier de mon axe. Le contrôle de la puissance du moteur est
primordial à chaque
manœuvre. Cette donnée varie en fonction de la
jeunesse du moteur et de la météo. Par temps froid par
exemple, la puissance du réacteur augmente et peut atteindre
sept tonnes de poussée et onze en utilisant la post combustion. Lors de
ses premiers entraînements, Grat subissait tellement la prise de G que
son corps en était meurtri.
Quand je rentrais chez moi j’avais le bas
du dos et les avant-bras tout bleu. Il faut dire que je suis
souvent a +7 G avec à certains moments +9 G, soit une pression égale à
neuf fois mon poids. La présentation en cas de mauvais temps
est également très dure à voler : il s’agit d’une démo’’ à plat’’ et
dans laquelle j’encaisse des G quasi en permanence. J’en sors vraiment
fatigué. Pour palier un maximum à ces effets désagréables, je m’impose
un entraînement physique composé entre autres d’exercices de
musculation et de course à pied. On l’aura compris, condition physique,
concentration et précision sont autant
de qualités
nécessaires pour assumer ce job. L’utilisation du simulateur de vol
F-16 joue également un rôle important dans l’entraînement du
pilote.
Cela me permets de répéter le plus possible toutes les
manœuvres de ma démo et de mémoriser ‘’ physiquement’’ celles-ci ;
j’appellerai cela la ‘mémorisation musculaire’.Cela m’aide également à
enregistrer les paramètres de vol et à me conditionner à savoir où
regarder et quand. Sur simu, je peux également m’entraîner à
tous les problèmes techniques qui pourraient survenir et, je
peux ‘’ voler’’ quelles que soient les conditions météo à
l’extérieur. L’avantage du F-16 est d’avoir de
grands écrans qui facilitent la lisibilité des données et le head up
display qui me communique les infos essentielles. J’ai également en
visuel le périmètre dans lequel je dois évoluer .Pour chaque
représentation je prends quelques repaires de positionnement et
j’introduis ces données avec les lignes de démarcations
imposées par la sécurité. J’ai dans ce cas une précision à 10 pieds
près et toutes les chances d’éviter une ‘’ carte rouge’’ qui me
contraindrait à rester au sol le lendemain. Concernant les paramètres
qui déterminent une présentation beau temps ou mauvais temps, la
visibilité doit être de 5km minimum dans
les deux cas car
en-deçà le public n’y verrait plus grand-chose. Le plafond
(altitude des nuages) doit par beau temps être de 4.500 pieds. Dans le
cadre d’une forte couverture nuageuse je descends à 1.000 pieds pour
exécuter la prestation mauvais temps. C’est lors de cette démo ’bad
weather’ que j’effectue la figure la plus difficile : le ‘’slow roll’’
ou tonneau lent. L’ordinateur de bord qui contrôle tous les paramètres
de vol n’autorise pas l’avion à voler à l’horizontale, le nez
reste toujours relevé ; pour me permettre de faire tourner à
360° le F-16 dans l’axe de roulis (axe longitudinal), je dois
jouer constamment, et en même temps, du stick, du trim et du palonnier
pour contrer les ordres de l’ordinateur de bord, qui veut non-stop
corriger la trajectoire. Après l’une de ces répétitions Grat est sorti
de l’avion fatigué mais surtout touché dans sa chair, il nous explique
:
en vol sur le dos avec un facteur d’accélération de 3,5 G négatifs,
je suis suspendu dans mes harnais de sécurité ou, comme on dit dans le
jargon aéronautique ’pendu dans les bretelles’ et cette fois la boucle
de la ceinture ventrale m’a ’ mordu’ au niveau de l’aine, c’était
douloureux et cela a laissé une belle marque. Une autre
difficulté pour le pilote est de devoir s’entraîner sur des avions
différents,
chaque F-16
répondant de manière sensiblement
différente aux sollicitations du pilote. Grat essaie autant que
possible et selon les conditions météo d’effectuer deux à trois
répétitions par jour. Son entraînement est à chaque fois supervisé
depuis la tour de contrôle par l’Officier Supérieur Navigant (OSN,
patron du Groupe de vol du Wing) ou son adjoint. Ceux ci peuvent à tout
moment, s’ils jugent qu’il y a un problème ou une prise de risque,
interrompre la répétition. Avant de se produire devant un public, Grat
doit encore subir le contrôle des autorités militaires au
travers de ce que l’on appelle l’acceptance flight, véritable
sauf-conduit pour le pilote. Il faut savoir que le pilote militaire ne
possède pas une licence pour vol acrobatique ( !) et que de ce fait il
faut impérativement une approbation de l’Etat-major pour
couvrir les
prestations du pilote démo et obtenir la couverture des
assurances. La
séance débute par un briefing minutieux et hyper détaillé que donne le
pilote en attachant une grande importance aux règles utilisées. Ce
briefing fait la part belle à tout ce qui touche à la sécurité ainsi
qu’aux paramètres de vol.
Vient ensuite la
présentation des différentes
manœuvres avec toutes les options de dégagement en cas de problème.
Puis c’est la présentation en vol. Ici aussi les autorités accordent
beaucoup d’attention au respect des vitesses et altitudes
préconisées lors de la conférence et veillent particulièrement au
respect des distances de sécurité par rapport au public.
Le 27 avril
dernier, Grat a brillamment réussi son ‘’examen’’ et s’est vu confirmé
dans son statut de pilote ‘’solo display F-16’’ pour la saison
2012.L’an prochain à la même époque il devra à nouveau passer devant le
comité d’acceptance. Son premier air show officiel sera celui
organisé dans le cadre du jubilé de la Reine Elisabeth d’Angleterre à
Duxford. En Belgique, il sera présent lors de l’Air Show International
de Florennes les 23 et 24 juin et au
Sanicole International Air Show. Au total, il s’exhibera une vingtaine
de fois, de mai à septembre, dans 12 pays
différents, sa saison se clôturant le 14 septembre à Hechtel lors du
Sanicole Airshow.
L’avion.
C’est le FA-84 qui a été désigné comme avion de
démo. Contrairement à
ce que l’on croit ce
n’est pas le pilote qui
choisit son avion, mais bien la Direction Générale Matériel
et Ressources (DGMR) qui le sélectionne parmi les appareils disponibles
sur la base. L’avion attribué n’est pas ‘’tordu’’ comme le dit la
technique, c’est-à-dire qu’il n’a pas trop souffert lors des nombreuses
missions d’entraînement et opérationnelles. Son potentiel
est excellent
et il est pourvu d’un nouveau moteur PW 220 qui lui assure toute la
puissance nécessaire. Hormis les ‘’smokewinders’’, pods fumigènes,
l’avion sera en configuration lisse, donc dépourvu de tous ses points
d’emport. Un spare ou avion de réserve configuré
‘démo’’ avant chaque show accompagne tous les déplacements au cas ou
une panne sérieuse maintiendrait le premier au sol. Le pilote de cet
avion joue un rôle important d’assistant pendant la représentation.
Equipé d’une radio, il supervise le bon déroulement de la présentation.
Une check list est à sa disposition et lui permet d’aider
Grat à trouver la bonne documentation au cas où un problème
technique surgirait. Exemple : une panne de sortie de train
d’atterrissage et le pilote au sol énonce les différentes
manipulations propres à solutionner le problème. Il confirme également
la bonne page d’informations techniques à compulser
dans le carnet scotché sur la jambe du pilote démo.
Haut les couleurs.
Le FA-84 a reçu une nouvelle tenue pour la saison des airshow. Ce sont
deux passionnés, Sylvain Hautier et Bruno Ghils qui ont assisté Grat
dans la recherche du schéma de décoration. Sylvain - graphiste connu
pour ses magnifiques décals de la marque SYHART (déjà de nombreuses
planches vouées à la 350ème escadrille)- et Bruno - prof de dessin et
de graphisme - qui ont, dans un premier temps, présenté chacun de leur
côté des dessins. Après évaluation avec Grat, deux schémas sont retenus
et envoyés à l’Etat-major pour décision.
Finalement quelques adaptations seront apportées suite aux
remarques des autorités et des peintres. Vu la difficulté de travail
les ailes, emblèmes de la Force Aérienne, sont supprimées, trop
complexe à
réaliser. Les flèches
viendront compléter la décoration du dessous de fuselage.
Dès que le
projet définitif a été accepté par
les autorités militaires, la section peinture du 2ème Wing
TAC est entrée en action en entamant le décapage du
F-16. Un travail à la ponceuse qui a pris une dizaine de
jours. S’ensuivit l’application minutieuse de 2 couches de primer pour
aboutir à un avion tout vert ! Le travail de peinture, précédé d’un
important masquage, a pu alors commencer par la dérive qui
reçut les différents tons de gris. La partie supérieure
du fuselage et
les extrados des ailes sont recouvertes d’un bleu ‘Air Force’,
de
lignes grises et d’un alu rappelant celui des F-104G. Les
intrados et la partie inférieure du fuselage sont recouvertes de
peinture alu également ponctuée
des différents tons de
gris. Des
kilomètres de tape et plus de 200m²
de papier seront utilisés
lors des
différentes phases de masquage. Ce sont 10 teintes qui seront
appliquées, le noir et le blanc, 3 tons de gris, du jaune, du rouge, 2
tons de bleu et l’aluminium ; entre chaque teinte pistolée, il faut une
journée de séchage et un nouveau travail de masquage. Vient alors la
méticuleuse application, sur la dérive et sur certaines
parties de l’avion, des motifs autocollants, noir jaune et rouge,
réalisés à la section peinture bien équipée pour ce travail. Si la
dérive avait du être entièrement peinte au pistolet cela aurait
nécessité deux semaines de travail supplémentaires vu la
quantité de teintes différentes et la complexité du dessin. Ce travail
terminé, il a été procédé au placement de tous les marquages
de services (stencils) également autocollants, cette
fois
réalisés en blanc. Trois couches de vernis achèveront
ce magnifique
travail qui aura nécessité 900 heures de boulot réparties sur une
trentaine de jours. L’équipe
qui a exécuté ce magnifique travail était
constituée de 8 personnes
avec, pour la peinture : les Adj. Dany Houfflin , Fabrice
Robette et Thierry Desplanque, le 1er Sgt. Raphael Crahay, le
Sgt Nicolas
Sappart, les 1er CC Philippe Clause et Laurent Larmusiau, le
Cpl.Olivier
Herbiet et l’ Adj. Vincent Honnet pour la confection des autocollants.
SYHART Decal a réalisé pour les maquettistes une planche au
1/48 ème et au 1/72 ème reprenant cette très belle déco.
L’appui au sol
Sans une équipe motivée et
performante, aucun pilote de démo ne
pourrait assurer le spectacle. Grat a constitué un team de 14
personnes placé sous l’autorité de l‘ EXO (Exécutive Officer), le
Lieutenant d’Aviation Christophe Bouchez, également commandant du
Flight Armement du 2 Wing TAC. Celui-ci gère, depuis Florennes, le
support logistique et technique de même que le volet administratif
avant, pendant et après le show. Une aide non
négligeable pour le pilote qui peut ainsi consacrer tous son temps à
préparer ses vols. Contactable en permanence, il est à même d’assurer
le suivi en cas de problèmes importants. Trois démo-chiefs, six
crew-chiefs et quatre armuriers complètent le team.
Les démo-chief gèrent le personnel déployé lors des
déplacements du Solo Display. Ils ont également en charge de veiller à
avoir un emplacement où parquer l’avion, de percevoir un
véhicule de service, s’occupent du logement et s’assurent que le
matériel nécessaire soit bien à disposition.
Les crew-chiefs sont chargés
de l’inspection matinale et de la
mise en configuration des avions (démo et spare); ils
assistent également le pilote lors des départs et retours de missions,
vérifient
le niveau et la qualité de l’huile
moteur et de
l’huile hydraulique. Les crew-chiefs jouent un rôle important puisqu’il
leur revient d’autoriser ou non le départ de l’avion. Précisons que la
Belgique est le seul pays utilisateur de F-16 à n’employer
qu’un seul crew-chief par avion ; toutes les autres nations
en utilisent deux : l’un est en
liaison radio avec le pilote,
l’autre inspecte l’avion.
Démos-chiefs et crew-chiefs peuvent également
assurer les
petits dépannages tels que remplacement d’une ampoule ou d’un pneu. Si
le problème s’avère sérieux, l’Exo intervient et envoie sur place une
équipe de dépannage avec le matériel ad hoc.
L’armurier est là pour, après chaque vol, remplir les
réservoirs des pods fumigènes du mélange huile-essence. Il se charge
également de recharger les lances flares et vérifie le siège éjectable.
Il est le seul qui puisse intervenir à ce niveau.
Chaque déplacement nécessite la présence d’un
démo-chief, de deux crew-chiefs et d’un armurier. Il n’est pas rare que
ce petit détachement soit accompagné d’un technicien méritant.
L’auteur remercie le Capitaine Renaud ‘Grat’ Thys pour son étroite
collaboration.
Merci également à la Section peinture et à la ligne
& Armement.
Merci à Nadine et à ‘Bauch’ pour la
relecture.
Mes remerciements vont également à Sofie Naeyaert et Pé
Dewael de COMOPSAIR IPR.