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Voici 20 ans fut créée la société privée Brussels South Charleroi Airport (BSCA), chargée par le Gouvernement Wallon de la gestion et de l'exploitation de l'aéroport de Charleroi dans le cadre du transfert de l'État Belge aux Régions des compétences aéroportuaires. Petit aéroport sans liaisons régulières mis à part quelques charters, celui-ci sortit de sa léthargie avec la venue de la compagnie low-cost RYANAIR qui effectua son vol inaugural vers Dublin le 1er mai 1997 et y ouvrit sa première base continentale le 26 avril 2001.
Passant de deux cent mille passagers transportés par RYANAIR à la fin de la première année d’exploitation à plus de 1 million huit cent mille en 2005 suite au succès de la compagnie ainsi que par l'arrivée en 2004 de WIZZ AIR et AIR POLONIA, les installations vétustes devinrent rapidement insuffisantes et la construction d'un nouveau terminal fut décidée. Le 29 janvier 2008 fut un grand jour pour l’aéroport de Charleroi avec l’inauguration en grande pompe de la nouvelle aérogare, celle-ci pouvant accueillir 3 millions de passagers. L'impressionnant succès des compagnies low-cost a fait grimper de façon significative le nombre de passagers, plus de 5 millions en 2010, et la construction de quatre portes supplémentaires d'embarquement, qui s'ajouteront aux 7 actuelles, sera terminée pour les prochains départs d'été. En moyenne, 56 vols quotidiens sont programmés et comme tous les aéroports, BSCA est confronté aux pics du matin, du midi et du soir ; mais ne doit pas recourir à la pratique des créneaux horaires (slots) telle qu'elle est d'application dans les aéroports desservis par un nombre important de compagnies aériennes, car RYANAIR, l'utilisateur majoritaire de l'aéroport, parvient à gérer de façon optimale les mouvements de sa flotte.
Plusieurs compagnies aériennes desservent actuellement BSCA dont RYANAIR l'opérateur principal, qui assure 67 destinations avec 14 B737-800 basés à Charleroi; suivi par JETAIRFLY, ses 17 destinations et 3 B737-800 également basés; JET4YOU avec 1 destination, WIZZAIR 6 destinations et FLYONAIR assurant une liaison vers l'Italie. A noter la liaison privée pour le compte d'Audi vers Ingolstadt, effectuée par PRIVATE WINGS.
De vastes parkings, aisément accessibles et à proximité immédiate de l'aérogare, contribuent au succès du voyage grâce à la signalisation claire et multilingue de ceux-ci.
Une impression de calme envahit le visiteur dès son entrée dans l’aérogare, pas de cohue ni de
files interminables comme dans les grands aéroports, la lumière omniprésente du jour y contribue certainement. Le maître-mot n’est il
pas d’offrir aux voyageurs
et visiteurs un aéroport convivial ? Hormis les habituels guichets de ticketing, d’enregistrement et autres bornes interactives, le
passager peut compter sur deux comptoirs d’informations ainsi qu’une agence de voyage, une librairie et deux bars-restaurants en zone
publique. Un fleuriste et un marchand de bonbons sont venus compléter une offre déjà bien complète afin de rendre le passage à l'aéroport
encore plus convivial tandis qu'un espace jeu est en cours d'aménagement. Une station service ainsi qu’un
parking économique complètent une offre de service digne des plus grands aéroports.
L’aéroport de BSCA se concentre essentiellement sur une
clientèle empruntant les vols low-cost mais celui-ci ne néglige certainement pas la clientèle composée
de voyageurs d’affaires. L’Aéropole - regroupant les entreprises de haut niveau technologique implantées dans le zoning industriel jouxtant
l’aéroport et dont toutes les parcelles sont réservées - générera de toute évidence un trafic croissant d’avions d’affaires. En conséquence,
un salon VIP et autres facilités ont été mis en place pour cette clientèle exigeante. Un aéroport moderne doit bien sur être complété
par une infrastructure hotellière de qualité et proche du site, tel est le cas avec l'implantation de cinq hôtels dans les environs immédiats
de l’aérogare.
Bien que n’ayant pas la vocation d’un aéroport cargo (l’aéroport est fermé la nuit et les avions de RYANAIR
ne transportent pas de fret suite au temps de rotation très court de 25 minutes), celui-ci dispose cependant depuis le début des années 2000
d’un hall d’entreposage situé à coté de l’ancienne aérogare et d’une
capacité actuelle amplement suffisante. Quant aux bâtiments de l’ancien aéroport, les bureaux restent occupés par les exploitants de l‘aviation
générale et l'ancienne aérogare est disponible pour des événements d'entreprise bien que son usage en tant que terminal dédié à une
éventuelle compagnie aérienne est envisageable moyennant certains aménagements en rapport avec la sécurité.
L’accessibilité, via les différents moyens de transport, est un élément déterminant au succès d’un aéroport ; c’est ainsi que BSCA est relié par différentes navettes de bus ayant notamment Bruxelles, Bruges, Lille et Luxembourg comme destination finale. Une nouvelle bretelle autoroutière, dont les travaux ont débuté au mois d’août 2008, facilitera l’accès au site. Une gare ferroviaire souterraine est projetée pour 2019 tandis que le centre de Charleroi est accessible par les bus des transports en commun. Notons que la majorité des usagers de l’aéroport est originaire des pays limitrophes, principalement du nord de la France et des Pays Bas, le but du voyage étant touristique, bien que certaines destinations comme Varsovie et Carcassonne attirent une forte clientèle professionnelle. Comme la majorité des passagers délaisse Charleroi et sa région, les autorités de BSCA ont incité l'ouverture d’un bureau de tourisme dédié principalement au tourisme local et qui sera complété dans le futur par des bornes interactives.
Attirer le passager est une chose, encore faut-il que les conditions d’exploitation pour les compagnies aériennes soient concurrentielles : les taxes d’atterrissage pour passagers, les redevances parking avions et le fuel sont avantageux par rapport aux aéroports voisins. Quant à l’infrastructure, celle-ci s'est améliorée par l’allongement de la piste qui a été portée à 2500 m en ouvrant la voie aux éventuels gros porteurs intercontinentaux ; bien que le soucis des dirigeants de BSCA est de privilégier avant tout l'excellente ponctualité des vols européens qui ont la particularité de s'effectuer sans escale de transit ce qui réduit les risques de retards (86% des vols arrivent à l'heure à Charleroi) ; d'autant plus qu'un manque d'espace disponible sur le parking avion n'est pas propice à la venue de ce type d'aéronef qui occupe l'équivalent de trois B737. Notons que les désagréments causés par les brouillards fréquents appartiennent au passé suite à la mise en service en mars 2009, du nouvel ILS catégorie III et l'aménagement d’un nouveau taxiway permet une circulation plus fluide des avions au sol. Les priorités en ce qui concerne les infrastructures purement techniques sont, bien sur, d'augmenter les emplacements de parking ; la construction d'une station pour le dégivrage avion ainsi que d'une mini tour de contrôle pour la surveillance du trafic avion au sol, celle-ci se situera au troisième étage du terminal actuel. La construction d'une nouvelle tour de contrôle est également en projet. Comme il a été souligné précédemment, les autorités aéroportuaires, dans le but de rendre les installations accueillantes, ont en vue de faciliter les prises de photos d'avion par les spotters mais ceci ne pourra entre concrétisé que dans le cadre d'extensions commerciales aux alentours immédiats de l'enceinte de l'aéroport.
Quant à l'avenir de l'aéroport de Charleroi, celui-ci s'inscrit dans une phase de privatisation partielle des activités aéroportuaires wallonnes voulue par le gouvernement régional. Concrètement cela a signifie pour BSCA la cession d'environ 30% des parts détenues par la région Wallonne, en décembre 2008, au consortium Italo-belge SAVE/HOLDING COMMUNAL, le reste des parts étant toujours détenues par la SOWAER (propriétaire des infrastructures) et SAMBREINVEST. Le nouvel investisseur devra mettre en oeuvre le Businnes Plan visant les 6,7 millions de passagers pour 2015 ainsi que l'agrandissement de l'aérogare dont les frais sont estimés à 65 millions d’euros. Un pari qui, espérons, sera tenu grâce à l'expérience acquise par le Groupe SAVE, gestionnaire des aéroports de Venise et Trévise en Italie.