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Rénovation du Skyhall de Brussels Airport.
Luc Barry - Février 2020 |
Ce
29 janvier avait lieu en grande pompe l’inauguration officielle de
l’ancien hall de transit rénové de l’aérogare, construit à l’époque où
l’aéroport s’appelait encore Bruxelles-National. Dès le mois de mars,
il sera disponible pour l’organisation d’événements de prestige après
avoir été désaffecté lors de la mise opérationnelle du Pier B en
décembre 1994.
La
deuxième guerre terminée, les anciennes installations de l’aéroport de
Haren étaient devenues obsolètes et insuffisantes en prévision de
l’essor de l’aviation commerciale. A partir de 1946, un projet
d’aéroport était étudié par la RVA (Régie des Voies Aériennes)
nouvellement créée.
Cependant,
la première étape était l’utilisation en temps qu’aérogare provisoire
des bâtiments construits pendant la guerre par l’occupant sur le
territoire de Melsboek. Ce n’est qu’en 1954, lors de l’entrée en
fonction du ministre des transports Edouard Anseele, que le projet sera
mis en route avec pour objectif la mise en service de la nouvelle
aérogare à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1958 à Bruxelles.
Conçue pour accueillir à terme 3,5 millions de passagers par an (le
chiffre de 3,3 millions est atteint en 1972), la dénomination «Aérogare
58« était rapidement octroyée au nouvel édifice. Le complexe
de Bruxelles-National faisait partie d’une série de terminaux aériens
de la première génération d’après-guerre, d’ampleur similaire, étudiés
et réalisés pendant la même période (1955-1961) pour desservir des
villes européennes comme Copenhague-Kastrup, Rome-Fiumicino et
Paris-Orly.
Comme c’était l’usage dans tout projet d’importance nationale, il
fallait impliquer des architectes des trois régions du pays: Maxime
Brunfaut, bruxellois, avait mené la construction de l’Air
Terminus de la Sabena dans un temps record; le flamand Geo Bontinck et
le wallon Joseph Moutschen, respectivement directeur des académies de
Gand et des académies de Liège. Les travaux de terrassement et de
fondation débutaient dès mars 1956 pour se terminer en mai de l’année
suivante. Suivaient ensuite les travaux de construction pour se
terminer treize mois plus tard. L’inauguration se déroulait le 31 mai
1958, la mise en service technique le 15 juin à minuit et l’ouverture
au public le 29 juin. Le 4 novembre, un grave incendie survenait dans
une partie du bâtiment située sous la tour de contrôle entraînant du
retard dans les parachèvements des travaux. Ils ne seront finalisés
qu’en 1961, obligeant pendant plusieurs mois le fonctionnement
simultané de l’aérogare provisoire de Melsboek et de la nouvelle de
Zaventem.
La plaque tournante du nouvel aéroport en était la salle de
transit, recouverte de matériaux chaleureux comme l’essence de bois
wenge au mur et de quartzite jaune au sol. Espace particulièrement
lumineux de 100m
de long, 55m de large et 18m de haut, ce lieu constituait le point de
passage obligé du voyageur pour atteindre l’un des deux couloirs
d’embarquement (finger) à l’avion après s’être enregistré dans le hall
de départ plutôt sombre. Considéré immense à l’époque et de conception
novatrice par les matériaux en béton et aluminium utilisés, le hall
supportait un toit en arc tridimensionnel entièrement réalisé en
aluminium. Ses seuls points d’appui en étaient des charnières sur des
piliers d’appui centraux et des tirants en acier à l’arrière du
bâtiment qui donnait l’impression au toit de flotter. L’énorme baie
vitrée courbe autoportante de 1800m2 offrait une superbe vue sur les
activités du tarmac de l’aéroport.
Chef
d’œuvre architectural et espace emblématique, le hall et
particulièrement le toit iconique qui devait conserver sa structure
originelle lors de sa rénovation. Il a fallu cependant remplacer divers
matériaux du passé, incompatibles avec les normes actuelles de
protection incendie, de la sécurité et du confort. Du verre à haut
rendement est utilisé pour le vitrage; l’éclairage à incandescence est
remplacé par des leds plus économiques; le toit est isolé pour éviter
les pertes de chaleur tandis que le chauffage s’effectue par un système
de récupération de chaleur. Le sol est méticuleusement réparé et
rénové en ajoutant le moins possible de nouveaux matériaux.
D’importants et spectaculaires travaux à la toiture ont été
entrepris en 2018 car celle-ci n’était plus stable ni ignifuge et se
serait déformée trop rapidement en cas d’incendie. Trois fermes en
acier de 55 m et de 53,5
tonnes ont été hissées en trois parties dans le toit existant à l'aide
d'une grue de 700 tonnes. Les fermes se positionnant entre les quatre
appentis du toit en aluminium. Une ferme supplémentaire de 20 tonnes
est ensuite montée sur la façade latérale nord. Les piliers existants
avec charnières sont renforcés par des plaques d'acier massif afin
d’absorber le poids supplémentaire et de nouveaux tirants sont placés
entre ceux existants.