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Le Concorde

Hubert Creutzer


 L’année 2016 fête les 40 ans de la première exploitation commerciale d’un avion supersonique, en l’occurrence le franco-britannique Concorde.
Celui-ci réalisa en effet son premier vol régulier avec passager le 21 janvier 1976 et son retrait  eu lieu le 26 novembre 2003.
Nous allons vous conter cette fabuleuse aventure en deux épisodes. Le premier concernera les différentes étapes de la conception et de la construction.
Un second article parlera de l’exploitation en vol commercial ainsi que quelques détails de son aménagement  intérieur.

 Le Concorde est un avion de ligne supersonique construit conjointement par l’anglais Bristol Aircraft Corporation (BAC, devenu plus tard British Aerospace) et le français Sud Aviation  (devenu Aérospatiale).

 Depuis la fin des années 1950, les entreprises aéronautiques françaises, britanniques,  américaines et soviétiques désiraient construire un avion supersonique civil.
Le français  Sud Aviation  développe le supersonique Super-Caravelle et le britannique Bristol Aéroplane Company, le Bristol 223.
Les gouvernements respectifs financent massivement les développements de ces appareils pour contrer la domination des Etats-Unis dans le domaine aéronautique.
Cependant les coûts très important des développements imposent aux états de collaborer. Le projet « Concorde » représente donc un accord gouvernemental franco-britannique plutôt qu’un accord entre 2 constructeurs. Ce traité de coopération a été signé le 29 novembre 1962.
Quant au développement du turboréacteur, il s’agit d’une coopération entre  Bristol Aero Engines  (racheté par Rolls Royce en 1966) et  Snecma  destiné au développement du turboréacteur dérivé du « Bristol Olympus » (référence 593).

 Le nom « Concorde » et son orthographe ont été soumis par le général de Gaulle. Après discussion avec les Britanniques, Il a été adopté plutôt que son orthographe anglaise « Concord » ; le « e » final signifie pour les anglais : « Excellence, England, Europe et Entente ».

L’assemblage du premier prototype a commencé à Toulouse en Avril 1966 et l’avion est présenté en public  le 11 décembre 1967 sous l’immatriculation « F-WTSS » (TSS signifie  « Transport Supersonique »). Le second prototype, anglais lui, est terminé le 19 septembre suivant. Il porte l’immatriculation « G-DSST » (Les Concordes anglais seront construits à Filton, près de Bristol).
Le premier vol de Concorde 001 a lieu à Toulouse le 2 mars 1969, aux mains du chef pilote d’essais André Turcat (23 octobre 1921 – 4 janvier 2016)  pour une durée de 29 minutes.
 L’avion passe le mur du son pour la première fois, le 1er octobre 1970 au cours de son 45è vol, avec Jean Pinet comme commandant de bord et le 4 novembre 1970, il atteint pour la première fois mach 2.
Le premier chef pilote anglais, lui, s’appelle Brian Trubshaw.
Deux autres appareils de pré-série sont encore construits et bénéficient notamment d’un fuselage plus long, d’une voilure plus grande et d’une verrière sur le nez plutôt que les hublots des 2 premiers prototypes
Au cours des vols suivants, l’appareil établit quelques records : altitude de 20.700 mètres et vitesse de Mach 2,23.
Plus de 5000 heures de vol d’essais ont été nécessaire dont 2000 à vitesse supersonique, si bien qu’il est l’avion civil le plus cher  jamais construit.


 Plusieurs tournées de démonstrations dans le monde ont récoltées 74 commandes ou options.
Mais en 1973, la majorité des commandes sont annulées, suite notamment au premier choc pétrolier, aux difficultés financières des compagnies aériennes et aussi à l’absence d’intérêt des Etats Unis  dans le projet supersonique. De plus l’accident du Tupolev  Tu-144 (sosie russe du Concorde) au salon du Bourget et le problème du bruit au passage en vol supersonique n’ont pas améliorés l’image du Concorde. Seules les deux compagnies nationales de lancement du projet, Air France et British Airways  ont chacune confirmées 6 appareils.

D’où viennent les problèmes avec les USA ?
 Les Etats Unis ont aussi voulu lancer leur avion supersonique : le « Lockheed DL-200 », qui ressemble au Concorde, et le Boeing 2707, plus rapide (mach 2.7)  et plus grand (300 passagers contre une centaine pour le Concorde).
Finalement c’est le projet de Boeing qui est retenu par le Congrès américain en 1966, mais face aux difficultés politiques et environnementales, en 1971, le projet est annulé. En conséquence la FAA (Fédéral Aviation Administration) interdit le survol du territoire américain en vitesse supersonique pour un appareil civil. Ceci a donc obligé les compagnies américaines à renoncer a Concorde.
Entretemps l’avion franco-britannique a reçu son certificat de navigabilité le 10 octobre 1975

 Beaucoup d’améliorations technologiques ont été apportées à la construction de l’avion. Par exemple, en vol supersonique, la chaleur provoque l’allongement du fuselage et seuls des commandes de vol électriques peuvent fonctionner. De même il fallait une nouvelle technologie du « trust-by-wire »  pour les moteurs .Signalons  aussi le rééquilibrage du carburant pour l’optimisation des performances. En vol, le carburant est déplacé de l’avant vers l’arrière ou inversement, en fonction de la phase de vol afin de conserver le centre de gravité : centrage pour le vol subsonique et vers l’arrière pour le vol supersonique.

 Beaucoup de technologies bénéficiaires d’une avance importante et ces mêmes technologies ont servi notamment au développement de la famille Airbus (successeur de Sud Aviation et de British Aerospace) Ce qui  a permis, pour l’Europe, de rester dans la course face à son concurrent américain; et on sait avec quel succès !

Suite dans le prochain numéro…