Vous êtes ici : Histoire - Matériel - 65 ans FAé - Parrainage 


Un parrainage d'exception.

Serge Nemry - Mai 2011

Une patrouille acrobatique qui porte un nom célèbre dont la renommée a fait honneur aux ailes belges et a largement dépassé nos frontières. A cela, ajoutez un parrain d’exception en la personne du Colonel Aviateur er. Jacques ’’Red‘’ Dewaelheyns instigateur et premier leader des Diables Rouges sur Fouga Magister ainsi que quatre pilotes hyper motivés et vous obtenez un cocktail qui ne peut mener que vers le succès. A l’occasion de la présentation officielle de cette nouvelle formation‘’noir-jaune-rouge’’ nous avons recueilli les impressions du parrain.

Red, quel est ton sentiment face à cette renaissance ?

Tout d’abord une évidente gratitude à l’égard du Général-Major Claude Vandevoorde, patron de la Composante Air, qui à tenu parole. En effet, fin de l’année dernière, lors d’un diner offert aux participants des meetings 2010 j’étais présent avec mon épouse en tant qu’invité d’honneur. Je pense que le Général avait déjà une idée en tête en m’invitant ;, toujours est-il que nous avons discuté au delà de minuit de la recréation des Diables Rouges sur SF-260 Marchetti et Claude m’a proposé le parrainage du team, ce que j’ai accepté non sans une certaine fierté. On ne m’avait pas oublié, c’est un grand honneur et une généreuse marque de reconnaissance pour le travail accompli par le passé.
Lorsque je me suis retrouvé face aux pilotes et avions, je n’ai pu écarter la nostalgie d’un passé hélas révolu et, je dois l’avouer, j’ai éprouvé un sentiment de saine jalousie face a ces jeunes, moi qui ne suis plus qu’en sursis, alors qu’eux ont un bel avenir devant eux. Leur première présentation officielle, fut un beau début. Il faudra maintenant polir et améliorer cela au fil des entrainements. Lors des meetings aériens, il s’agira de les présenter dans un cadre bien particulier, avec un commentaire approprié. Ce ne sont pas des professionnels en tant que tel, ce sont avant tout des instructeurs qui s’entrainent en dehors de leur prestations habituelles. Il faut éviter de les comparer aux grandes formations existantes, souvent équipées de jets ou d’avions à hélices ultra-puissants.Notre team ne joue pas dans la même catégorie. Il faut que cela se sache et surtout que l’on insiste sur le fait que leur performance est de faire sur Marchetti – sous-motorisés pour cela- ce que d’autres n’ont jamais faits. Ce que les pilotes font aujourd’hui, ils le font très bien et ne peuvent que progresser. J’espère aussi que l’on trouvera vite un système fumigène, cela rendra les diverses figures encore plus visibles du public.

Poursuivant sur sa lancée, Red nous a également relaté les souvenirs de la ‘’ belle époque ‘’ ou lui-même mettait secrètement en place les Diables Rouges sur Fouga Magister. C’était il y a 46 ans…

Red, en 1965 les Red Devils sur Fouga voyaient le jour. Comment cela s’est il passé ?

En sortant de l’Ecole de Guerre et étant affecté comme CO (Commandant d’escadrille) de la 2ème escadrille Fouga, j’ai rapidement eu l’envie de remettre sur pied une patrouille acrobatique belge. Certainement parce que j’avais l’acrobatie dans le sang, j’ai effectués de nombreuses démonstrations ‘’solo’’ sur Météor VIII depuis 1957, et que mes souvenirs de meeting avec le Major Bobby Bladt alors que nous volions sur Hunter – j’étais n°16 - m’avaient laissé un goût amer lors de la dissolution du team. Un grand vide s’était installé. Ensuite, avec mes ‘ futurs ailiers’’ Van Essche, Lelotte, Van D’Helsen et Fagnoul mis au parfum de mon projet nous nous sommes entrainés à effectuer les figures de base et cela en cachette de nos chefs ! Mes ailiers ont vraiment donné le meilleur d’eux-mêmes .Ce ne fût pas facile et certes pas de tout repos.

Et ensuite ?

Un beau soir, nous avons décidé de tenter le tout pour le tout, nous savions tous que notre carrière était en jeu mais personne n’a reculé. C’est donc au dessus de Brustem que nous avons effectué une looping, suivi d’un tonneau et d’un virage serré sous les yeux ébahis du Commandant de Base et du personnel qui était sortis pour nous regarder. Notre chef de corps de l’époque le Colonel Avi.BEM Wils, enthousiaste, a accepté notre challenge et décidé d’officialiser la chose. L’épouse du chef d’Etat-major général, le Lieutenant Général Avi. Ceupens appuya fermement et avec insistance notre démarche vers la création des nouveaux Diables Rouges. Ce dernier nous accorda finalement son accord et nous assura de l’aide logistique nécessaire. Malheureusement, lors d’une répétition partielle, Rodge Van D’Helsen ébloui par le soleil matinal s’est écrasé et y laissa la vie. Et moi ce jour là j’étais cloué au sol victime d’un ulcère. C’est Wim Van Meerten qui viendra le remplacer au pied levé. Bien vite, la ‘’mécanique’ s’est mise en place progressivement; il faut particulièrement saluer le rôle important des mécanos – dont l’ami Jean Loncelle-qui ont installés les systèmes fumigènes imaginés par le Capitaine Verbruggen, ont astiqués tant et plus les appareils revêtus de leur nouvelles couleurs, avions. Comme nous les pilotes qui nous entrainions en dehors des heures de service, nos mécanos prestaient ‘’bénévolement’’.Il en fût de même pour les pompiers et les contrôleurs aériens qui furent avec nous dans cette phase de préparation. Finalement, c’est tout le personnel de la base qui nous a apporté soutien et conseils, nous permettant d’arriver au grand moment du premier meeting officiel sur notre base de Brustem, le 27 juin1965 et en présence du Roi Baudouin! La présentation lors de ce premier meeting était bien évidemment ce que l’on pourrait comparer à un balbutiement, comparé à ce que devinrent nos évolutions au fil des 31 « air shows » pendant lesquels je fus leader.

Quel est le meilleur souvenir de ta carrière Diables Rouges ?

Il y en a beaucoup ! Mais celui que je voudrais mettre en exergue c’est mon dernier vol au sein de la patrouille. Nous étions en box de quatre et Joss Lelotte me demande à la radio « ca va comme cela chef ? » Je les ai ensuite regardés, ce que je ne faisais quasiment jamais, leur accordant toute ma confiance, pour me rendre compte que leurs ailes étaient encastrées derrières les miennes, les bidons n’étant qu’à quelques dizaines de centimètres de mon fuselage ! Ce fut leur façon de me dire au revoir et de m’assurer de toute la confiance qu’ils avaient en moi comme leader. Il y a aussi ce meeting à Brest en septembre 65, briefé en 10 minutes dans la carlingue du C-119 de support, où nous avons fait une partie de la présentation en formation à neuf avec la Patrouille de France (5 français – 4 belges).C’était à l’occasion du dernier vol au sein de la PAF du leader le Capitaine Grand’Eury. Ce fut du délire après le show.

Et… ?

Nous avons connus des meetings plus difficiles que d’autres, dans le mistral du midi de la France ou garder la formation relevait de l’exploit. Dans la chaleur du sud de l’Italie ou au dessus de la dernière looping «  there was nothing on the clock anymore, but the maker’s name ».Dans la brume anglaise, au dessus de la mer…enfin, tous furent merveilleux, et ils prouvèrent que les Red Devils, les petits poucets de l’acro, il fallait compter avec, comme on dit chez nous. Raconter toutes les anecdotes serait aujourd’hui fastidieux, il y a de quoi remplir un petit livre. Il y a aussi nos petits secrets…

Mes chaleureux remerciements au Colonel Avi.er. Jacques ‘’Red’’ Dewaelheyns pour le temps qu’il m’a consacré, malgré ses contraintes familiales et un emploi du temps très chargé.