Vous êtes ici : Histoire - Matériel - 65 ans FAé - Boutsen 

BOUTSEN AVIATION

Du volant d’une F1 au stick du Lear jet, en passant par l’Alpha Jet.

Texte et photos : Serge Nemry
Base de Koksijde,  jeudi 9 Juin 1988, en prélude à la conférence de presse pour le prochain Air show, la Force Aérienne recevait un invité de marque - Thierry Boutsen - champion de Belgique de courses automobiles et détenteur d’une licence de pilote d’avion. Un homme d’action plutôt habitué aux anneaux de vitesses et circuits de Grand Prix qu’aux aérodromes militaires. Pilote attitré chez Benetton depuis 1987, Thierry va effectuer en cette journée pluvieuse un vol en place arrière sur Alpha-Jet avec le non moins célèbre et regretté Louitje Baum. Ce dernier, devenu premier pilote démo ‘solo display’ en 1987 est un grand amateur de courses automobiles; en témoigne entre autre son amitié avec Bruno Thiry spécialiste des rallyes. Pour Thierry, passer du baquet de la B 188 au siège Martin Baker de l’avion d’entraînement de la Force Aérienne s’avère une grande aventure qu’il va entreprendre sans trop d’appréhension, rassuré par la réputation de son pilote et la fiabilité de la machine. La vitesse, il connait ! Mais là, il va passer de 350km/heure en ligne droite sur circuit  à près de 800km/heure, avec des accélérations importantes et des prises de ‘’g’’ allant de -4 à+7 !  Le Colonel Aviateur ‘Steve’ Nuyts du commandement entrainement - ancien leader des Slivers sur F-104G - procède au briefing d’usage avant un vol, insistant particulièrement sur la procédure à suivre en cas d’éjection. Bien ‘ strappé sur son siège, canopy verrouillé, Thierry suit le dialogue entre le crew-chief et Louitje  égrenant la procédure de mise en route. Les deux réacteurs SNECMA –LARZAC lancés, l’avion s’ébranle pour rejoindre le seuil de piste, et décoller pour une bonne heure de vol. Vingt-trois ans après, Thierry Boutsen nous confie : Cela m'a fait très plaisir de revoir ces photos. Ce fut une belle aventure ce jour-là, bien que la météo fût quelque peu mitigée, j'en garde un excellent souvenir. A refaire…Par rapport à mon expérience en F1 certaines sensations sont les mêmes: on prend des G dans les 2 cas, en avion ils sont verticaux, en voiture, latéraux et longitudinaux. On atteint 4 à 4,5 G en latéral, 2,5 à 3 durant les freinages à haute vitesse. Sinon, dans les deux cas on a besoin de réflexes bien entraînés, à la différence près que si en avion on a beaucoup d'espace autour de soi, en voiture on se retrouve très souvent au bord de piste, sur la ligne blanche et comme à 360 km/h on fait 100m/seconde, une erreur d'un dixième de seconde nous fait faire 10 mètres ce qui est bien souvent… le mur !
Retraité de la course automobile depuis1999 après 20 ans passés dans ce milieu dont 10 en Formule ‘One’, il s’est reconverti en business man au travers de sa société ‘Boutsen Aviation’, spécialisée dans la vente d’avions d’affaires neufs et de seconde main, créée en 1997. Etabli à Monaco dont il apprécie particulièrement le climat tempéré, Thierry travaille principalement à la demande et preste pour des clients répartis dans le monde entier. Ses commanditaires – de nombreux hommes d’affaires - lui précisent quels types d’avions rechercher sur le marché de l’occasion ou à négocier auprès des constructeurs. La demande peut aller d’un Cessna Citation à  un Airbus Corporate Jetliner A319 ACJ. Sa société occupe 7 personnes très qualifiées, s’occupants tant de l’expertise technique que de l’évaluation de l’appareil  et gère également un portefeuille d’assurances et de financements. Boutsen Aviation a entre autre eu l’occasion de vendre un Challenger au septuple champion du monde Michael ’’Schumi’’ Schumacher surnommé le Baron Rouge ! Parmi ces clients prestigieux citons également le Prince Albert II de Monaco et une autre star de la course auto, le Finlandais Keijo Eric ’Kéké’ Rosberg. En 2002 il réussissait à vendre un King Air à des Esquimaux… Aujourd’hui, la société peut se targuer de la vente de près de 205 avions(et quelques hélicoptères) parmi lesquels des Dassault Falcon ( versions 20, 50, 2000, 900 ), des Embraer Phenom et Legacy, des Learjet ( 35-40-45-55-60 ) et des Cessna Excel, ‘’X’’ et Sovereing. A l’heure actuelle les plus prisés font parties des business jet  Airbus, Gulfstream et Dassault Falcon. Elle est également représentante exclusive pour Piaggio Aéro dirigée par Piero Ferrari.
Thierry Boutsen a suivi sa formation de pilote privé chez ABELAG, pratiquant le VFR sur l’increvable monomoteur Cessna 150 au départ de Grimbergen. Son instructeur à l’époque : Christian Tarin autre personnalité du sport automobile, malheureusement décédé en compétition en 1991. Il va ensuite poursuivre son instruction sur bimoteurs chez American Flyers à Dallas. Plus tard il effectuera une conversion Lear Jet 35A à Tucson (Arizona) puis sur Citation à Paris-Le Bourget. Il totalise 2200 heures de vol passées sur différents types d’appareils, dont une large gamme de Cessna, Beech 90 et 200 et Lear Jet 35A. Il a également possédé en pleine propriété des appareils tels que  deux Beechcraft King Air, quatre Piper Cheyenne, deux Citation, un Lear Jet et un Piper PA-34 Seneca.  A la question de connaître son appareil préféré il nous répond : celui qui m’a procuré le plus de plaisir est le Lear 35, on faisait régulièrement ‘’take off’’ à 41.000 pieds en 10 minutes. A bord de cet avion j’ai également effectué Bruxelles-Nice en 59 minutes. Il a aussi tâté du simulateur Airbus A330  et Gulfstream G650. En 2007, suite à une charge de travail trop importante, il a  arrêté de voler; n’ayant plus assez de temps pour bien préparer  ses vols et s’entrainer sérieusement. Thierry précise également qu’après avoir ‘bourlingué’ aux quatre coins du globe, il passe plus de temps auprès de sa famille. Daniella, son épouse, le seconde quotidiennement dans la gestion de l’entreprise. Une vie qu’il mène loin des strass people de la cité monégasque, une vie de famille qu’il apprécie particulièrement. 

 Pour terminer, revenons quelques peu sur sa carrière de pilote F1; au cours de ces dix années passées au sommet de la compétition automobile, Thierry Boutsen aura  participé à 163 grands prix et obtenu 15 podiums dont 3 victoires. Sur ces bolides, il aura parcouru plus de 37.000 kilomètres !

Serge NEMRY

Merci à Thierry pour la disponibilité dont il a fait preuve à notre égard. A bientôt à Monaco !