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Cargo B Airlines.
Luc Barry - Avril
2019
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En début d’année 2007, trois anciens managers issus du
secteur de l’aviation commerciale souhaitent combler l’absence de
transporteur aérien belge spécialisé en cargo, suite à la disparition
de la Sabena et à la délocalisation prévue en mars 2008 du centre de
tri européen de DHL vers Leipzig en Allemagne.
Rob Kuipers ancien CEO
chez DHL et SN Brussels, Arno Broes ex responsable pour la formation
des pilotes de Brussels Airlines et Niek van der Weide auparavant
manager financier chez Martinair réussissent à convaincre divers
partenaires financiers en leur proposant un business plan ambitieux.
Le
but initial est d’exploiter le marché africain, laissé ouvert depuis la
faillite de la Sabena, de récupérer les slots libérés par DHL et de
s’attaquer au continent sud-américain non encore exploité au départ de
Brussels Airport.
Après de multiples tractations, le capital initial de 20
millions d’euros, augmenté à 24 millions en 2008 est rassemblé pour le
30 mai, jour de création de la compagnie par PMV- Participatie
Maatschappij Vlaanderen (5 millions d’euros); une cinquantaine
investisseurs gravitant autour de la banque belge Degroof-
Petercam (12 millions d’euros) et des
fonds d’investissements Belgo-néerlandais QTA II investments et QAT
Arkiv (3 millions d’euros). Deux Boeing B747-200 cargo l’un provenant
d’Air France et l’autre d’Alitalia sont loués via la société irlandaise
3P Air Freighters, créée spécialement par Petercam à cette occasion.
Suite au retard de l’obtention de la licence de vol belge (AOC) et aux
problèmes de certification technique des avions, les opérations
aériennes ne démarrent qu’en octobre avec l’arrivée du premier avion
immatriculé OO-CBA.
Le vol inaugural se déroule le 14 octobre à
destination de Johannesbourg via Libreville et Nairobi à raison de deux
vols par semaine suivi, le surlendemain, d’un vol charter vers
Addis-Abeba pour le compte d’Ethiopian Airlines. D’autres vols
charters ont lieu ensuite vers Le
Caire, Lagos et Dar Es Salam.
Le deuxième B747 -200F immatriculé OO-CBB est mis en ligne
sur l’Amérique du Sud vers Sao Paulo au Brésil et Latacunga en
Équateur, le 29 janvier 2008, suivant la fréquence d’un vol par semaine
augmentée à deux vols à partir de février. Il est cependant décidé de
mettre uniquement un avion en ligne pendant la période de démarrage et
de garder l’autre avion en stand-by en cas de problème technique afin
assurer la continuité des vols et de garantir la crédibilité de la
compagnie auprès des clients. A partir de mars 2008 les deux avions
deviennent opérationnels et les vols réguliers suivants sont programmés
: vers l’Afrique trois vols par semaine les mardis, vendredis et
dimanches : Bruxelles - Tripoli - Johannesburg et retour Johannesburg -
Nairobi - Le Caire- Bruxelles; vers l’Amérique du Sud: trois vols par
semaine : le samedi Bruxelles - Dakar - Sao Paulo - Latacunga et retour
le dimanche Latacunga - Bridgetown ( Barbades ) - Bruxelles, le mardi
Bruxelles - Dakar - Sao Paulo - Buenos Aires et retour le mercredi
Buenos Aires - Latacunga – Bridgetown - Bruxelles, le jeudi Bruxelles -
Dakar - Sao Paulo et retour le vendredi Sao Paulo – Bogota - Latacunga
- Bridgetown- Bruxelles.
Les cargaisons incluent principalement des pièces
d’automobile et matériel de télécom tandis que les retours d’Argentine
et d Équateur consistent majoritairement en chargements de fleurs pour
livraison de Bruxelles vers les Pays-bas et la Russie par camions ainsi
que d’autres denrées périssables de légumes, fruits et poissons
frais.Il était également prévu une expansion du réseau en 2009 avec la
venue d’un troisième B747-200F vers le Moyen-Orient, l’Amérique du Nord
et le Mexique.
Le 27 Octobre 2008, le B747-200F immatriculé OO-CBB est prévu
pour le vol à destination du Brésil mais la queue de l’avion heurte le
sol (tail-strike) au décollage de Bruxelles. Après délestage d’une
partie de son carburant au-dessus de la mer du Nord, il parvient à
atterrir sans problème à son lieu de départ. Les dégâts sont
suffisamment importants à l’arrière du fuselage pour entraîner le
déclassement de l’avion.
L’augmentation des prix pétroliers, les
coûts opérationnels des vieux B747-200F et le manque à gagner suite à
l’accident du B747-200F réduisent considérablement le capital de la
compagnie. En 2009, la compagnie aérienne japonaise Nippon Cargo
Airlines entre dans le capital par l’apport de 7 millions d’euros qui
servent au financement de la location de deux B747-400F flambant neufs
immatriculés OO-CBC et OO-CBD. La livraison tardive des avions, l’un
arrivant en décembre et l’autre seulement en mai, compromet la haute
saison du cargo en direction de l’Afrique et de l’Amérique du Sud
celle-ci ayant débuté en septembre.
Au mois de mai 2009, le déménagement des activités de
Brucargo à Liège Airport est envisagé suite aux contraintes et
restrictions en ce qui concerne les nuisances sonores lors des vols
nocturnes. Pour rentabiliser les énormes investissements des avions,
ceux-ci doivent être utilisés au maximum de leurs possibilités en les
faisant voler le plus souvent possible. Les plans de vol sont établis
pour des horaires de jour mais si un vol est retardé de deux heures en
fin de soirée par exemple; en conséquence des restrictions de bruit
imposés, l’avion doit faire diversion sur un aéroport ouvert la nuit et
attendre le lendemain matin pour atterrir à Bruxelles, le retard en
destination finale augmente ainsi considérablement. Le coût du
déménagement des 4 avions et du personnel composé d’environ 40 pilotes
et 20 administratifs est estimé à 12 millions d’euros compensé par une
promesse d’aide de la région wallonne via un crédit d’1,5 millions
d’euros. La spécialisation comme aéroport cargo et son ouverture 24h
sur 24 plaide en faveur de la plate-forme liégoise notamment en raison
des conditions tarifaires plus intéressantes qu’à Brussels Airport et
l’absence de lourdes amendes pour les vols de nuit.
Ce transfert n’aura pas lieu pour raisons communautaires car
le principal actionnaire flamand PMV s’y oppose ainsi que KBC
Kredietbank, celle ci n’étant plus disposée à prêter de l’argent à
Cargo B qui disposait cependant auprès de cette banque d’une ligne de
crédit de 5 millions d’euros.
La crise financière et économique a gravement affecté le fret
aérien en 2008; les recettes unitaires moindres que prévues malgré un
coefficient de chargement des avions plus que satisfaisant et le manque
de liquidités entraînent la décision des administrateurs de Cargo B à
suspendre les vols avec effet immédiat le 1 juillet et la mise en
liquidation de la compagnie aérienne belge le 7 juillet 2009.