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Hyakuri AFB, temple de la Force Aérienne nippone.

Benoît Denet - Juin-Juillet 2015

Deuxième volet de mon périple en région tokyoïte avec ce reportage sur la base de Hyakuri. Celle-ci est située à 85 kms au nord-est du centre de la capitale japonaise et accueille trois escadrilles d’avions de combat dont les célèbres 302 Hikotai et 501 Hikotai (escadrille de reconnaissance) équipées du devenu trop rare F-4 Phantom II.

Bref historique :

La base de Hyakurihara (nom de l’époque) fut installée en 1937 pour le compte de la Marine Impériale avec un ordre direct de l’empereur pour la saisie des terrains appartenant aux fermiers. Ce groupe de vol joua un rôle important dans la défense du territoire japonais de l’été 1944 à celui de 1945. Pendant la bataille d’Okinawa, ce sont des instructeurs de Hyakurihara qui entraînèrent les formations d’attaques de kamikazes sur la flotte américaine. Jusqu’au printemps 1945, un total de 85 hommes de la base périt lors de ces offensives kamikazes. Depuis 1976, un monument leur est d’ailleurs dédié et situé dans les installations de la base, de même qu’un champ de cerisiers. Le Sakura (cerisier) est un arbre symbolique au Japon.
Après la fin de la guerre, ces mêmes fermiers réclamèrent leurs biens et la base ferma ses portes jusqu’en 1956 où elle rouvrit alors pour le compte de la Force Aérienne de Défense japonaise.
C’est en 2010 que la région décida d’y installer un aéroport civil, avec pour nom Ibaraki airport. La vocation principale de l’aéroport est d’être un terrain secondaire pour les compagnies low cost comme Skymark Airlines, les taxes d’atterrissage y étant nettement moins chères que dans les autres aéroports de la capitale Tokyo.

Deux journées au sein du temple de l’aviation militaire nippone :

Me voici donc parti en train tôt le matin depuis le centre-ville pour rejoindre la ville d’Ishioka et après une heure, j’y arrive rempli d’enthousiasme. Il faut savoir qu’au Japon en général les trains sont parfaitement à l’heure ce qui facilite les horaires de déplacements.
Après une halte petit-déjeuner, je me retrouve aux commandes d’une petite Toyota de location avec le volant à droite, le GPS -en japonais- et heureusement ma destination finale qui avait été correctement paramétrée grâce à l’aide du personnel toujours très à l’écoute des clients.
La conduite au pays du soleil levant y est assez facile malgré la circulation à gauche. En effet, les japonais sont très calmes et respectueux au volant avec des limitations de vitesse basses et ce, malgré un trafic important. Il faut bien intégrer ces paramètres pour la ponctualité au Japon.
Enfin, j’arrive à l’une des entrées de la base. Je décide en suivant l’orientation du soleil de me rendre à l’entrée Est où je peux découvrir un temple au sein même de la base. Je peux y parquer ma voiture et des promontoires y sont installés ainsi que des toilettes. Décidément, ces japonais m’étonneront toujours. Après avoir monté l’échelle me menant en haut du promontoire, je repère toute la base, remarque un taxiway fort proche et visualise les deux pistes parallèles. Un endroit rêvé pour tout amoureux de photos d’avions et quels avions !
Parlons-en, avec pour commencer les RF-4E et le célèbre 501 Hikotai ayant pour emblème le ‘Woody Woodpecker’, la dernière escadrille de Phantom de reconnaissance japonaise. Mais aussi les F-4EJ de la 302eme escadrille et une escadrille de F-15EJ, la 305 Hikotai. De plus, chacune utilise aussi des Kawasaki T-4 pour diverses missions.
Dès mon arrivée sur mon ‘perchoir’, trois F-4EJ se préparent à partir en vol et ce sont quatre F-15EJ qui rentrent de missions. Or il n’est que 9h30, ils partent donc assez tôt pour les premiers vols. Pendant les atterrissages parfaits des Eagle, les Phantom passent devant moi à quelques mètres seulement, un véritable régal.

     

 Après leurs décollages, ce sont des T-4 qui sont en partance alors qu’un U-125 également basé ici effectue quelques touch and go.

 

A proximité, des techniciens s’affairent auprès des RF-4 E avec leurs bariolages évoquant la guerre du Vietnam.



 Je pense que cette journée bien ensoleillée va encore me réserver de bons moments. Alors que quatre F-15EJ se préparent à partir, ce ne sont pas moins de quatre RF-4E qui passent devant moi avec un signe de salut de la part des pilotes, puis c’est au tour des Eagle.

     

 Quelques minutes plus tard, les trois F-4EJ sont de retour. Décidément, la cadence est intense (et je m’en réjouis) alors qu’il est à peine 10h30 du matin. Entre midi et deux heures, ce seront une vingtaine de F-15, F-4, T-4 et RF-4 qui s’envoleront ou viendront se poser.

         

 Vers 15h30, toujours guidé par la position du soleil, je décide de quitter mon ‘temple’ pour accéder à l’autre côté de la base. Après un petit ravitaillent en boisson et nourriture (les supérettes sont présentes partout), j’arrive à un parking déjà bien rempli de photographes locaux équipés de scanners. Ils m’accueillent très gentiment avec pour seule contrainte la barrière de la langue. Je suis impressionné par leur matériel photo, il y a du lourd (400 mm F2,8 ou 500 mm F4). Photographier en bord de piste est un véritable sport national ici.
L’après-midi est tout autant riche en vols et j’aurai même l’occasion d’assister aux départs pour des vols de nuit vers 17h30.

           

 Au vu de cette bonne journée, je préfère rester dans le coin pour revenir tôt le lendemain. Après avoir vidé mes cartes mémoires à l’hôtel, il est temps d’aller manger un succulent curry japonais puis me reposer un peu, le décalage horaire fait son effet…
Le lendemain dès 8h, je me poste aux abords des pistes avec deux photographes japonais qui essayent de m’orienter sur les bons endroits aux alentours. Au-dessus, un UH-60 basé également à Hyakuri droppe des parachutistes au-dessus de la base. Vers 8h30, les premiers décollages ont lieu sous un beau soleil. Vers 10h, après les premiers retours, je rejoins le temple, l’endroit est tellement extraordinaire que je ne peux y résister.

   
   

La journée est fort semblable à celle de la veille avec de nombreux décollages et mouvements de tous les appareils présents au parking et cela durant trois vagues. Malheureusement, les deux ‘stars’ de la base, un F-15EJ et un F-4 EJ décorés de superbes livrées de leurs escadrilles respectives ne partent pas en vol.
Il est bon de préciser que les nombreux vols d’entrainements d’appareils japonais sont liés à la situation avec le ‘grand ennemi’ dans la région qu’est la Chine, surtout depuis la dispute concernant les îles Senkaku et Diaoyu. Celles-ci sont sous administration japonaise mais revendiquées par la Chine. Il faut noter que le Japon table sur d’importants programmes de réarmements et sur une politique de dissuasion envers son voisin.
Au fil de mes rencontres avec ces sympathiques photographes japonais, ceux-ci me confient qu’au mois de février les F-15 ‘aggressors’ sont venus ici pendant deux semaines. Dommage, ce sera pour un prochain voyage au Japon. Ils me signalent aussi les périodes intéressantes pour les mouvements et pour la belle lumière sans oublier les nombreux sites internet de référence et autres blogs.
Des images plein la tête en cette fin d’après-midi, je décide de me rapprocher de la piste proche du terminal passager pour assister aux derniers retours de la journée en profitant de la belle luminosité. De nouveau je suis accueilli par deux photographes passionnés, assez âgés mais il n’y a pas d’âge pour photographier des machines volantes…