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Benoît Denet - Septembre 2015

 En ce début de journée un peu grise, je suis parti en train (métro) pour la base d’Iruma située dans la banlieue Nord-Ouest de Tokyo. Prendre le métro dans cette immense mégalopole à cette heure matinale reste une expérience bien enrichissante. Je me souviens avoir croisé un groupe d’une trentaine d’enfants, âgés de 6 ou 7 ans tout au plus, dans le wagon du métro, accompagnés par leur professeur. Un petit geste de celui-ci et le silence s’installe dans les rangs des jeunes élèves, montrant ici le niveau de discipline et de respect qui est une des caractéristiques de ce pays bien trop méconnu.
Revenons à ma visite d’un jour à la base d’Iruma. J‘y suis arrivé vers 8h30 après une petite marche dans un quartier résidentiel en venant de la station de métro. Une chose me frappe, c’est la présence omniprésente des câbles électriques, une autre particularité japonaise. La raison en est un coût réduit et une grande facilité en cas d’inondations et de glissements de terrain. Un plan pour les faire disparaître pour le JO de 2020 a été lancé. Ils sont parfois gênants pour les photos aux alentours des bases…

 Dès 9h, les vols démarrent et c’est un étrange Kawasaki EC-1 qui ouvre le bal, suivi par un Gulfstream U-4. Tout commence bien malgré un ciel nuageux, je suis conquis. L’EC-1 avec ses énormes protubérances est un appareil d’entrainement à la guerre électronique. J’ai de la chance car ils sont rares et celui-ci me gratifie de plusieurs tours de piste.
C’est ensuite au tour de quatre Kawasaki T-4 de décoller et de venir ensuite faire des circuits d’approche. Décidément cet avion est présent en masse sur pratiquement toutes les bases nippones. Entre-temps, deux Kawasaki C-1 ‘classiques’ avec leur camouflage bien militaire rentrent d’une mission, ils sont vite suivis par le Kawasaki EC-1 qui lui aussi effectue de nouveaux tours de piste avec un Chinook venu s’intercaler lors des manœuvres.

             

 Midi arrive et tout semble se calmer. Il est temps d’aller manger un petit plat à base de brochettes, une nourriture très appréciée au Japon. A propos de la cuisine japonaise, elle est toujours excellente et pleine de saveur. Des distributeurs de boisson sont installés tous les 500 mètres ou presque, un vrai confort!

 L’après-midi reprend de plus belle avec le départ de deux C-1. Revenons sur cet avion mis en service pour remplacer les Curtiss C-46 dans un rôle de transport de cargo et de troupes. Il réalise son premier vol en 1970 et rentre en service en 1974. Il peut emporter jusqu’à 8 tonnes de charge et la firme Kawasaki en fabriqua un total de 31.

         


Plus tard, ce seront deux YS-11, dont un équipé d’une multitude d’antennes (YS-11EB), de s’envoler. Le YS-11 est un bimoteur de transport qui a été construit par la Nihon Aircraft Manufacturing Corporation (NAMC) regroupant diverses sociétés comme Mitsubishi Kawasaki ou encore Shin Meiwa. C’est à la demande du gouvernement que cet avion prit forme. Il vola aussi dans le civil pour des compagnies comme ANA ou encore la Korean Airlines. Un total de 182 machines fut construit avec un premier vol en 1962. Il peut transporter jusqu’à 60 passagers ou environ 7 tonnes de cargo. La version YS-11 EB a un rôle ELINT pour la force aérienne japonaise (JASDF).

       

 La journée se poursuit avec un nouveau ballet d’avions en approche avec des T-4, C-1 et CH-47, puis c’est au tour d’un U-125 de se poser suivi par un C-130.
Cette ancienne base américaine qui accueille maintenant le ‘Air Defense Command Headquarters Flight Group’ est décidément bien fort occupée.

         

Il est près de 17h quand je décide de quitter cette base en regardant de loin l’atterrissage d’un C-1 portant de belles couleurs blanches et rouges.

Historique :

 C’est en 1937 que la base commençe son activité pour le compte de l’Armée de l’Air Impériale japonaise. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle habrite des ses bombardiers Ki-67 et est régulièrement la cible des B-29 de l’USAAF.
C’est en 1945 que les américains prennent le contrôle de la base et y installent le quartier général de la 5ème Air Force.
Elle sert aussi durant la Guerre de Corée entre autre avec des P-51 Mustang et F-82 Twin Mustang.
Ce n’est qu’en 1973 que les troupes américaines quittent définitivement la base pour s’installer sur la nouvelle base de Yokota également dans la banlieue de Tokyo.
La base porte d’abord le nom d’Irumagawa avant de devenir Johnson AFB du nom du Colonel Johnson, un vétéran aux 22 victoires qui fut tué de retour de mission sur son B-25. Cela s’est passé pendant un violant typhon où Johnson ordonna, à court de carburant, à son équipage de sauter en parachute. Il donna son propre parachute au passager présent à bord et tenta de ramener l’avion mais celui-ci s’abima dans l’océan.