Vous êtes ici : Reportages - 2017 - La Fayette 


Benoît Denet - Février 2016


 C’est sur la base de Luxeuil, le 18 avril 1916, que fut créée l’Escadrille américaine. Elle prend rapidement le nom d’escadrille « La Fayette ». Ce nom lui est attribué en souvenir d’un marquis français qui s’est battu aux côtés des américains lors de la guerre d’indépendance face aux anglais. En effet, cette escadrille trouve son origine dans l’implication d’une série d’américains ayant la volonté de se battre aux côtés des alliés dès le début de la guerre. Ces citoyens américains, souvent issus de familles fortunées, avaient pour certains des notions de pilotage. Il faut se rappeler qu’à cette époque les Etats-Unis étaient encore neutres, ils ne sont entrés en guerre qu’en 1917. C’est pour rassembler tous ces pilotes US et aussi pour essayer d’influencer les Etats-Unis à s’engager dans le conflit européen, que l’Etat-major français forme cette escadrille. Le premier appareil qui l’équipa était le Nieuport 11. L’escadrille va notamment s’illustrer lors de la bataille de Verdun avec 13 victoires confirmées. Elle prendra comme insigne la tête de Sioux. Après l’entrée en guerre des Etats-Unis, de nombreux pilotes américains quittèrent l’escadrille française. Celle-ci avait été équipée de Spad. A l’armistice, l’escadrille est dissoute et l’insigne passe au sein de l’escadrille n°8.
L’escadrille La Fayette fut réactivée une fois encore avec des volontaires américains lors de la Guerre du Rif (1921-1926) où Abd-el-Krim, le chef du mouvement du Rif, se basant sur les déclarations de l’après Première Guerre Mondiale, revendiqua l’indépendance de son peuple. La France et l’Espagne ne le voyaient pas d’un bon œil. Les deux parties essayèrent alors de rallier les américains à leur cause. Washington ne s’impliqua pour aucun des belligérants. La France rassembla une poignée d’anciens du La Fayette dont certains s’étaient engagés dans la Légion étrangère. L’escadrille changea pour un moment de nom en faveur de l’ « Escadrille Chérifienne » pour ne pas heurter les Américains. De nouveau, la France voulait, à travers cette action d’escadrille américaine, impliquer le peuple américain comme lors de sa création. Les volontaires commencèrent à affluer. L’escadrille effectua de nombreuses missions de reconnaissance et de bombardement au service du Sultan du Maroc.
C’est en 1933 qu’un groupe (2/5) du nom de La Fayette, regroupant diverses escadrilles (uniquement composées de pilotes français), vit à nouveau le jour au sein de l’armée de l’air française. Il fut bien sûr engagé lors de l’invasion allemande, équipé de Curtis P36 « Hawk ». Après l’armistice signé par le gouvernement français en 1940, le La Fayette ira combattre aux côtés des alliés en Afrique du Nord. Le Groupe de Chasse sera équipé de P-40 et participera au conflit en Italie, puis en France et finalement au cœur même du territoire allemand.

     

 Après la guerre, c’est en Indochine et en Algérie que le groupe, devenu escadron de chasse 2/4 en 1947, ira combattre.
Puis arrive la Guerre Froide et une installation en Allemagne.
L’escadron (dénomination française pour une escadrille en Belgique, constitué d’escadrilles (Flights) et fait partie d’un Groupe (Wing)) revient à sa base qui l’a vue naître, à Luxeuil dans les années 60’. Elle va successivement évoluer sur F-84F et puis sur le mythique Mirage IIIE à partir de 1966.
La défense aérienne constitue une des missions principales avec ses Mirage. Viendra ensuite une capacité air-sol avec de nombreux exercices de tirs, notamment sur le polygone de tir de Suippes proche de Reims. Les échanges, entre autres avec la 31 Sqn de KB, et les exercices de grande ampleur comme avec la VI ième flotte US ne sont pas rares. La capacité d’assaut nucléaire arrive en 1973. Celle-ci sera démontrée, avec un largage réel, lors de l’opération Tamara, sur l’atoll de Hao en Polynésie française.
C’est en 1989 que l’escadron de chasse 02.004 La Fayette sera opérationnel sur Mirage 2000N. Il se compose alors de l’escadrille N 124 des Sioux, de la SPA 167 des Cigognes et enfin de la SPA 160 des Diables Rouges. La mission de défense aérienne sera abandonnée à l’occasion du passage sur le nouvel appareil de Dassault et l’escadron passe sous commandement des forces aériennes stratégiques.
 C’est en 2011 que l’unité s’établi sur la base d’Istres, en bordure de la Méditerranée dans le Sud de la France. Les Mirage 2000N seront impliqués dans les opérations en Bosnie jusqu’en 1995, puis ce sera la Libye en 2011.
Le La Fayette sera également opérationnel en 2015 et 2016, depuis la Jordanie, sur les fronts irakiens et syriens avec entre autres des bombes guidée laser GBU-12.
 L’année 2016 aura donc vu le centenaire de cette célèbre escadrille mais aussi le retrait des Mirage 2000N.
A cette occasion, je voudrais rendre hommage à l’équipe de démonstration des RAMEX Delta qui a effectué sa dernière présentation lors de l’International Air Tatoo à Fairford le 10 juillet 2016. Pour le centenaire du La Fayette, le Mirage 2000N n°353, l’un des appareils de présentation des RAMEX s’est paré d’une très belle décoration haute en couleurs. Cette patrouille m’a toujours émerveillé par ses présentations dynamiques mettant en avant la puissance et la maniabilité du Mirage 2000N, tout cela en duo, perpétuant la longue lignée de ces patrouilles françaises présentant un tandem d’avions de combat semblant parfois évoluer collés l’un à l’autre. Du très grand art !