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CityBird

The flying dream

Luc Barry - Novembre 2020


  City Bird est fondée le 7 août 1996 par Victor Hasson, qui en devient le président, et Georges Gutelman dans le but d’occuper la niche des vols long-courriers à bas coûts au départ de la Belgique vers des destinations outre-Atlantique, aussi bien en charters qu’en vols réguliers. Après avoir vendu EBA à Branson pour créer sa nouvelle compagnie Virgin Express, Hasson lui avait promis de ne pas opérer de vols européens lors de la mise en route de City Bird et ce pendant les premières années de fonctionnement. La compagnie aérienne dispose d’un capital initial de 150 millions de bf, apporté à
62 % par le groupe City Hotels propriété de la famille Hasson et le reste provenant de New European Investment Luxembourg. Le groupe City Bird Holding est ensuite crée, le 3 septembre, par City Hotels; Flight Invest; Cecil Drew et Blue Invest en vue de préparer son entrée en bourse pour les financements futures.

 Le premier MD11sorti d’usine immatriculé OO-CTB est livré à Bruxelles en février 1996 et loué à partir de septembre pendant une période de six mois pour le compte de la compagnie française Star Europe pour ses vols de Paris vers la Martinique.

 Le premier vol commercial régulier de City Bird se déroule le 27 mars 1997 de Bruxelles vers Mexico. En attente de livraison des nouveaux MD11, un avion de modèle identique est pris en location de World Airways de mai à juillet pour être remplacé ensuite par un autre jusqu’en mars 1998.

 


 Les vols réguliers débutent vers Los Angeles, Miami, Orlando, San Francisco et New York (Newark) suivi plus tard vers Las Vegas  ainsi que les vols charters pour les tour-opérateurs Nur Touristic Belgium (Neckermann, Sunsnacks) et Thomas Cook vers la Jamaïque (Montego Bay); la République Dominicaine (Santo Domingo, Puerto Plata, Punte Cana); le Mexique (Mexico, Puerto Vallarta, Cancun) et Cuba (Varadero, Camaguey).

 


 Au mois de novembre, le groupe City Bird Holding entre en cotation à la bourse Nasdaq Europe afin de récolter de l’argent frais pour l’extension de sa flotte. Cette opération n’engendre pas le succès escompté: seulement la moitié des 4,15 millions de parts est placée sur le marché, Sabena en profite pour s’introduire chez son concurrent en devenant actionnaire minoritaire par la prise de 10 % du capital alors que le reste des parts est achetée par City Hotels. Il s’en suit un premier accord de coopération entre les deux compagnies aériennes en ce qui concerne notamment le handling et l’entretien des avions par Sabena.

 Un nouvel accord est conclu avec Sabena pour la location de deux MD11 sous ses couleurs dès avril 1998 en vue d’effectuer les vols vers les nouvelles destinations de Montréal, New-York (Newark) et Sao Paulo.

 


Le contrat prévoit initialement une location en wet-lease (avec équipage) pour trois ans mais les pilotes Sabena exigent et obtiennent leur affectation sur ces avions. L’accord initial est prolongé à cinq ans pour permettre à un certain nombre d’entre eux de terminer leur carrière sur ce type d’avion. Les deux premiers des trois B767-300 arrivent en avril et sont immédiatement mis en location l’un à Condor jusqu’en mars 2000 et l’autre à Lauda Italy, ensuite à Luxair en 1998 pour sa nouvelle liaison Luxembourg - New York et finalement à Air Cameroon en 2000.

         


  Le 3 mars1999, un B767-300 est loué à LAC - Lignes Aériennes Congolaises - pour effectuer à sa demande la liaison Kinshasa - Bruxelles, vols qui débutent le 17 mai pour une période de cinq ans. Les relations entre City Bird et Sabena s’empoisonnent car la compagnie nationale opère également des vols sur cette ligne et s’estime lésée car n’ayant pas été prévenue de cet accord et menace de retirer sa participation dans City Bird tout en se plaignant des frais de location élévés des avions. La ligne opérée par LAC se termine cependant sous la pression de Sabena après seulement six mois d’exploitation. En juillet, une division Cargo est constituée avec l’arrivée de deux Airbus A300C-605R full cargo dans le but d’exploiter, selon City Bird, la capacité cargo insuffisamment exploitée de l’aéroport de Bruxelles et le transfert du fret par camion vers les aéroports limitrophes.

   


Ces avions sont dans un premier temps affrétés en wet-lease par Air France, Cargolux et CAL. Les escales de vacances de Pointe à Pitre et de Paramaribo sont ouvertes respectivement le 30 octobre et le 28 novembre. Cependant une réorganisation du réseau intervient lors de l’introduction des horaires d’hiver: les vols vers New-York et l’ouest des USA sont supprimés par manque de rentabilité, seules sont maintenues les destinations de Miami et Orlando en Floride. En conséquence un B767-300 est loué à Air Cameroon à partir de janvier 2000  et un autre à Air Vietnam à partir de mars. Suite à la réduction des vols long-courriers, City Bird souhaite étendre ses activités avec les vols charters européens. Une première opportunité se présente lors de la faillite de Constellation International Airlines  le 3 décembre avec la reprise des contrats vers les destinations méditerranéennes et en introduisant un premier Boeing B737-400. L’année 1999 se termine avec les premiers bénéfices en trois années d’existence.

 En février 2000, Virgin Express annonce son intention de se concentrer désormais sur les vols réguliers européens tout en abandonnant la plus grande partie de ses activités charters. Une nouvelle opportunité se présente à City Bird en reprenant la quasi-totalité de la clientèle touristique de Virgin estimée à 800.000 passagers par an.  A cette occasion deux B737-400 intègrent la flotte dans le courant de l’année.

 


En ce qui concerne les vols charters long- courriers le Sri Lanka et les Maldives s’ajoutent à ceux vers la République Dominicaine; Cuba; le Mexique; le Venezuela; la Jamaïque; la Guadeloupe et le Kenya. Les vols réguliers long- courriers se terminent afin de se concentrer sur les charters européens pour lesquels un B737-300 et un B737-400 en provenance de Virgin Express sont ajoutés ainsi que sur l’intensification de l’activité lucrative du cargo. Un A300B4-600 en provenance de Qatar Airways, repeint par Airbus aux couleurs de la compagnie belge, est supposé rejoindre la flotte mais le contrat ne se concrétise pas car l’avion ne pouvait être livré à temps pour la saison d’été. L’année se termine avec une perte financière suite à l’envolée des prix du pétrole causée par la hausse du dollar ainsi que par les prix de tickets plus bas de Sobelair sur les vols charters long-courriers.



 Le premier mai 2001, la filiale française de City Bird devient opérationnelle pour effectuer des vols charters à partir de l’aéroport de Lille avec un B737-400 transféré de la maison-mère. Les trois nouveaux B737-800 d’une commande de six (les trois autres ne seront jamais livrés suite à la faillite) sont également livrés au cours du premier semestre.

   

La restructuration de la Sabena entraîne en mars l’annulation sans préavis de la location des deux MD11. Ce contrat représente
30 % du chiffre d’affaire annuel de City Bird en lui rapportant annuellement 62 millions d’euros. La restitution prématurée des avions à Boeing entraîne le paiement en faveur de celle-ci d’une provision de 53 millions d’euros.
Entre-temps Sabena est contrainte de payer des dommages et intérêts de 50 millions d’euros à City Bird.

Ne convenant plus dans la flotte le troisième MD11 est également retiré du service et ne subsistent pour les charters long- courriers que deux B767-300. Les problèmes financiers causés par le retour prématuré des MD11; la situation problématique du secteur aérien; le fait que les fournisseurs exigent dorénavant un payement à l’avance; l’obligation de garantir à 100% les lignes de crédit auprès des banques; l’incident survenu à l’un des B767 en République Dominicaine et les frais de location d’avions suite au retard de livraison des nouveaux  entraînent rapidement la dégradation de la situation financière de la compagnie.

Le 4 juillet, un sursis provisoire est accordé par le tribunal de Commerce de Bruxelles suite à l’annonce de Thomas Cook, principal client de City Bird avec une clientèle de 350.000 voyageurs de son intention à reprendre la compagnie en assurant sa participation au plan de restructuration par un refinancement en vue de poursuivre les activités et en décidant la reprise de la totalité des actions sous la condition suspensive de Boeing, principal créancier avec 124 millions d’euros, qui cependant accepte ainsi que les autres créanciers le plan modifié à son avantage le 28 septembre. Entre-temps la compagnie dépose un dossier de restructuration avec licenciement de 220 des 640 employés en proposant la rationalisation de la flotte limitée aux B737 pour se concentrer sur le moyen et court - courrier charter, la fin du long- courrier charter et des vols cargos devenus peu rentables.

Suite aux événements tragiques du 11 septembre et la crise qui en résulte dans le transport aérien, Thomas Cook annonce son retrait dans la reprise de la compagnie le 13 septembre. Le tribunal en référé enjoint, le 26 septembre, Thomas Cook à respecter ses engagements considérant le contrat juridiquement valable car les pourparlers, même s’ils ne sont que verbaux, sont suffisamment avancés. Celle-ci fait appel au jugement estimant que la condition suspensive principale n’est pas respectée selon laquelle le conseil d’administration allemand de Thomas Cook n’a jamais donné son accord à la reprise de la compagnie. City Bird  introduit une action en justice pour une demande d’indemnisation d’environ 25 millions euros s’il n’est pas donné suite au contrat par Thomas Cook au 30 septembre. Le jugement est signifié à Thomas Cook, le 3 octobre, qui reçoit douze heures pour s‘exécuter sous peine d’astreinte de 620.000 euros par jour de retard. Le tribunal est informé le lendemain que les caisses de la compagnie sont désormais vides; décide que les actions en justice sont suspendues et n’a pas d’autre choix que de prononcer la faillite de City Bird.