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Le 1/12 Cambrésis à l’honneur
Serge Nemry -Avril 2013 |
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Union Aéronautique du Cambrésis, Aéro-club Louis Blériot à Cambrai-Niergnies
: le ciel est couvert
et il fait un froid à ne pas mettre un Tigre dehors ce samedi 6 avril en fin de matinée. Pourtant, nombreux est le
public à avoir répondu présent à l’invitation de l’Armée de l’Air, de
la ville de
Cambrai et de l’Aéro-club local pour assister à l’inauguration
d’un Super Mystère B2* (SMB2) (insigne de la SPA 89 ‘’guêpe’’ à gauche
et SPA 162 ‘’Tigre’’ à droite et d’une stèle commémorative en hommage
au 1/12 Cambrésis. Parmi cette assistance, il
y a de nombreux anciens du 1/12 et particulièrement de
l’escadrille SPA 162 ‘’Tigre’’ (aujourd’hui active au sein du 1/7
Provence- BA 113 de Saint-Dizier) dont les rugissements ont fait
les belles heures de la BA103, base fermée le 28 juin 2012 dans le
cadre de la réorganisation de l’Armée de l’Air. La cérémonie est
rehaussée par la présence du Général d’Armée Aérienne (cinq étoiles)
Denis Mercier, Chef d’Etat-Major de l’Armée de l’Air
(CEMAA), du Général de Corps Aérien Antoine Creux, Major
Général
de l’Armée de l’Air ( le Major Général est le n° 2 de l’Armée de
l’Air), du Colonel Eric Gernez dernier Commandant de la base, du
Lieutenant-colonel Jean-Luc Daroux dernier Commandant d’Escadron, du
Sénateur du Nord Jacques Legendre et du Député Maire de Cambrai
François-Xavier Villain. Les généraux Denis Mercier et Antoine
Creux, pilotes de chasse, ont tous deux fait partie du 1/12. Le premier
en a assuré le commandement de 1991 à 1994, le second y a passé 5 ans
comme pilote. Notons également la présence d’une petite délégation de
la Force Aérienne belge. La cérémonie entérinée, l’assemblée se
retrouve dans le grand hangar pour quelques discours empreints de
nostalgie et d’humour. Philipe Macé, Président de l’Aéro-club Louis
Blériot, après avoir remercié tous ceux, entreprises et particuliers,
qui ont œuvré à la réussite de ce projet, s’attache à retracer les
nombreuses démarches et difficultés inhérentes au transfert et à
l’installation du SMB2 depuis les installations de la BA103 vers
Niergnies. Deux septuagénaires, vétérans du club, Pierre Dupont et
Louis Dubois, qui ont travaillé
d’arrache-pied à l’installation du Super Mystère (n°154) par des
conditions météo contraignantes, sont particulièrement mis à l’honneur.
Le Président
signale encore, non sans une pointe d’humour, que pour recevoir cet
appareil mythique, il a fallu au préalable, obtenir des autorités
un certificat de détention de matériel de guerre de 2ème catégorie… Le
CEMAA, Denis Mercier, prend la suite et affiche d’emblée le bonheur
qu’il ressent à revenir en Cambrésis et à retrouver durant quelques
heures la chaleur de la communauté Tigre. Il rappelle combien était
fort l’attachement de la région à la BA103 et l’implication et
l’intégration de celle dernière dans la vie locale. Le CEMAA évoque
encore avec fierté le parrainage de l’EC 1/12 par la ville de
Cambrai(09-07-2005), un parrainage naturellement transféré
le 27
juin 2012 à l’EC 1/7 Provence. Il souligne l’importance de
l’introduction du SMB2 au sein de l’aviation militaire française, et
particulièrement à Cambrai en 1959. Il s’agit du premier avion
supersonique en vol horizontal (le Mystère IV était déjà supersonique,
mais seulement en piqué) mis en service au sein de l ’Armée de l’Air,
un appareil qui a marqué de nombreuses générations de pilotes et est
resté opérationnel jusqu’en 1977 à l’avènement du Mirage F1. Enfin, le
Général marque sa satisfaction au vu de la réussite de l’opération
Serval ( du nom d’un petit mammifère africain),une opération qui a
nécessité la mise en œuvre d’importants moyens aériens ( au 29 janvier
2013) comprenant 6 Rafale, 6 Mirage 2000D, 2 Mirage F-1CR, 2
hélicoptères Puma, 5 avions
ravitailleurs C135FR, 1 E-3F AWACS, 2
drones Harfang, des C-130, C-160 Transal et des CASA CN235, mis en
œuvre depuis différents aérodromes situés au Mali, au Tchad, au Niger
ou au
Sénégal. Il insiste sur la réalisation, le 13 janvier, de la mission la
plus longue de l’Armée de l’Air lors des frappes aériennes à Gao (Nord
Mali) : quatre Rafale ont décollé de la BA 113 de Saint-Dizier quelques
heures seulement après l’ordre du Président de la République, François
Hollande, de déclencher les opérations. Leur mission : bombarder
un camp d’entraînement et des dépôts logistiques des groupes islamistes
armés, des objectifs situés à plus de 3.600 km de la base de départ. La
mission a duré au total 9h35 nécessitant plusieurs ravitaillements en
vol, les avions rejoignant ensuite N’Djamena (anciennement Fort Lamy)
au Tchad. Il salue également la participation des forces aériennes
alliées qui ont assuré un important soutien logistique et qui se sont
parfaitement intégrées dans le dispositif placé sous commandement
français. Une Direction des opérations menées depuis le Commandement de
la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes (CDAOA) à Lyon. Le
Canada et la Grande-Bretagne ont affrété chacun un C-17
Globemaster III, les Etats-Unis en ont mis trois à disposition, le
Danemark a délégué un C-130 tandis que la Belgique envoyait deux
Hercules et deux
Agusta A-109. Au terme de son allocution, le Général Mercier remet au
Maire de la ville une superbe maquette du Mirage 2000C, 103-YN,
tel qu’il fût décoré en mars 2012 pour marquer la dissolution de
l’Escadron 1/12.09 La parole revenait ensuite au Député Maire de
Cambrai qui a fait part de la grande tristesse des Cambrésiens face à
la fermeture de la base aérienne l’an passé. Le départ des plus
de 1.500 personnes qui y travaillaient
s’avère également un grand choc économique pour la ville et la région;
il lançait d’ailleurs un appel au rassemblement des forces politiques
pour
débloquer la situation et assurer l’avenir économique de ce site. Pour
François-Xavier Villain l’inauguration de ce jour témoigne d’un
passé dont les cambrésiens sont fiers. Avant le vin d’honneur, Philippe Macé remettait
au
Général Mercier une très belle maquette du Piper Cub J3 ‘’Tiger’’
vedette du meeting aérien 2011 et ‘’star’’ de l’aéro-club. Au cours de
la réception, j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec le Général de
Division aérienne en retraite Jacques Bourillet, 4.500 heures de vol,
ancien pilote de chasse au 1/12, Commandant de la Spa 162 lors du
premier NATO Tiger Meet organisé à Woodbridge du 19 au 20 juillet1961.
Jacques Bourillet a également volé sur Mirage III, a commandé la 5ème
Escadre de la BA115
d’Orange-Caritat puis la BA 102 de Dijon-Longvic. Il m’a confié avoir
volé sur le Super Mystère B2 n° 154 qui se trouve maintenant sur
trépied à l’entrée de
l’aérodrome. Il a évoqué aussi avec beaucoup de nostalgie les visites
et exercices effectués avec le 7ème Wing à Chièvres ou à Cambrai, et
les ‘’fiesta’’ qui suivaient ! Il raconte :
Lors des fastes du 7ème Wing, dans
les années 60, nous avons chipé le képi du Commandant de la base que
nous avons ramené chez nous comme trophée.
Le lendemain, nous recevions un appel des pilotes belges nous demandant
de renvoyer au plus vite le précieux couvre-chef car ils étaient
interdits de vol jusqu'à sa restitution. Nous avons fait un joli paquet
avec un petit mot d’excuse… Le Général retraité qui aime les
bonnes bières belges, explique encore que les Hunter en visite à Cambrai avaient fait un atterrissage très remarqué :
Les ‘’Belges’’ avaient bricolé des rouleaux de papier hygiénique blanc
placés dans les aérofreins - dès que ceux-ci s’ouvraient les rouleaux
se déployaient en de jolies banderoles blanches, du plus bel effet.
La cérémonie officielle prenait fin, le temps d’une photo regroupant les ‘‘Tigres’’ présents
et rendez-vous était pris pour une nouvelle
rencontre avec les anciens du 1/12 en 2014, lors du meeting aérien que
le président de l’aéro-club Louis Blériot a déjà commencé à préparer.
Maussade par la météo, la journée s’est avérée ensoleillée par la
convivialité dégagée par les invités quels que soient leurs rangs.
Bravo à Philippe Macé pour cette parfaite organisation, et merci pour
l’invitation.
Il est 14heures, mon ami Guibert Paul, 55 ans de brevet de pilote
privé,a préparé le Robin DR 400-120 Dauphin2+2, F-GOVA, pour
m’emmener là-haut faire quelques circuits. Le plafond est à 1.000 pieds
et la visibilité limitée à 2.500 mètres, n’empêche c’est encore un bon
moment à vivre, tant pis pour les photos !
* Dans un prochain article Patrick Peulmeule nous évoquera
l’histoire du SMB2 et particulièrement celle du n°154 sans oublier le
Fouga Magister
103-XN qui trône également à l’entrée de l’aérodrome.
