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Championnat belgo-luxembourgeois de voltige aérienne.
Saint-Hubert - 2012 

Texte Luc Barry
Photos Luc Barry & Benoït Denet
Juillet 2012

 Depuis la reprise de la gestion de l'aérodrome de Saint Hubert par un organisme privé, Idelux (voir article FZ juin 2011) les activités aériennes autres que le vol à voile sont en train de se diversifier notamment en ce qui concerne la voltige aérienne. Suite à la venue de Nicolas Ivanoff, champion de voltige français qui a choisi de s'entrainer sur cet aérodrome ainsi que la présence d'une école de voltige – XTREME AEROBATICS dirigée par Gerrit Nijs et la création en avril 2012 d'un box dédié à la voltige aérienne, il est évident que l'aérodrome de Saint-Hubert présente tous les atouts pour héberger le championnat belgo-luxembourgeois de voltige aérienne.
 Cette édition, la troisième depuis 2010 sur le plateau ardennais, organisée par le Belgian Aerobatic Club, a mis en compétition 27 pilotes originaires de France, Grande-Bretagne, Pays-bas en plus des Belges et Luxembourgeois pratiquant cette discipline particulièrement spectaculaire. La compétition qui se déroule par l'accomplissement de deux vols pour la validation des résultats de chaque catégorie, précédée des entrainements devait normalement s'effectuer sur trois jours mais suite à une météo particulièrement mauvaise, beaucoup de vols se sont déroulés durant la journée de dimanche.  Les participants, suivant leur expérience dans la discipline, sont soumis à une classification imposée par la FAI – Fédération Aéronautique Internationale qui soumet un programme de voltige spécifique à chaque catégorie celui-ci devant s'effectuer dans un box de voltige standard.
 Le programme est composé de trois manches pour chaque niveau de difficulté : figures imposées connues divulguées quelques mois à l'avance permettant au pilote de s'entrainer en vol; figures imposées inconnues qui sont seulement connues la veille de la compétition ce qui a pour conséquence que le pilote n'a pas la possibilité de les répéter en vol et doit recourir à des moyens de mémorisation au sol par imagerie mentale imagée et mimée; figures libres qui sont choisies par le pilote dans le code Aresti.
 Il existe une manche figures libres intégral, dont les manœuvres ne sont pas répertoriées dans le code ARESTI, mais présente lors de championnat du monde ou exécutée au cours de meetings aériens.

           

Le box de voltige :

 Lors des compétitions et des entrainements pour celles-ci, le pilote voltigeur doit respecter un cadre d'évolution, sous peine de pénalité s'il sort de celui-ci, dont le volume correspond à un cube de 1000 mètres de côté. Sa trace au sol est matérialisée par des repères blancs. Il est bien entendu que ce box se situe à une certaine hauteur par rapport au sol car les avions ne peuvent pas évoluer, pour des raisons de sécurité, en dessous de la hauteur de plancher de ce cube; celle-ci est de 300m pour les voltigeurs débutant en niveau de base sportsman et descend à 150m pour les voltigeurs Advanced. Les juges sont placés à l'extérieur du box, selon l'axe principal de voltige, de manière à pouvoir apprécier la conformité des figures et la symétrie de celles-ci. Deux autres juges stationnent à des angles opposés afin de pénaliser les éventuelles sorties de ce box.
 

Le code ARESTI 

 Le colonel José Luis De Aresti Aguirre, né à Bilbao fut pilote instructeur, participa à de nombreux meetings aériens et contribua à l'élaboration d'ouvrages concernant le pilotage et la voltige. En 1961, il édita son « Sistema Aresti » véritable dictionnaire des figures de voltige dont l’intérêt était de rendre intuitif un programme de voltige quelle que soit la langue. Chaque figure est dessinée selon la technique appelée aérocryptographie. Ce code constitue depuis 1964 le guide officiel de la FAI - Fédération Aéronautique Internationale.
 La note globale attribuée par les juges est la somme de toutes les figures chacune notée sur 10. Un coefficient K de valeur variable à chaque figure est attribué afin de définir le niveau de difficulté de celle-ci ainsi qu'une note de Box qui correspond au respect du volume d'évolution.

Voici quelques exemples de figures simples :

 Les éléments de base sont un cercle plein qui indique le début de la figure et un tirait perpendiculaire en indique la fin; un trait plein correspond à une figure positive (g positif ) et un trait pointillé signifie une figure négative ( g négatif ).
 La boucle (looping) est un cercle dans un plan vertical et reçoit un coefficient K de 10
 Un tonneau super lent correspond à une rotation de 360 degrés de l'avion autour de son axe longitudinal tout en restant sur sa trajectoire horizontale initiale; le coefficient K est de 11
 La vrille (un tour) débute lorsque l'avion décroche et s'engage dans une rotation arrêtée après un tour; le coefficient K est de 13.
 Le renversement correspond à la trajectoire montante verticale de l'avion qui effectue ensuite un demi-tour autour de son axe de lacet (axe vertical) au moment où sa vitesse est nulle puis redescend verticalement : le coefficient K est de 17.
 L'immelman débute en position horizontale, continue par une demi-boucle et un rétablissement dans la position horizontale par un demi-tonneau : le coefficient K est de 14.
 Le demi-huit cubain commence en position horizontale, se poursuit par une boucle à 5/8 qui entraine une trajectoire rectiligne inclinée à 45 degrés avec une demi-boucle qui ramène l'avion à sa position horizontale.

Exemple de programme :

 -figures connues pour sportsman :

Le programme débute à la figure 1 et se termine à la figure 11.
figure 1 : descente horizontale à 45 degrés
figure 2 : immelman
figure 3 : immelman
figure 4 : montée horizontale à 45 degrés
figure 5 : virage de compétition
figure 6 : vrille négative 1 1/4 de tour
figure 7 : demi huit cubain
figure 8 : tonneau sur la gauche
figure 9: demi huit cubain
figure 10 : renversement
figure 11 : boucle de base    

Le triangle :

 La plupart des avions de voltige sont équipes à l'extrémité d'une aile, dans le cas d'un monoplan, d'un dispositif en forme de triangle; il peut également se composer de deux éléments de ce type pour former un carré. Celui -ci permet au pilote de faire évoluer son avion suivant des trajectoires précises. La barre verticale lorsqu'elle est maintenue sur l'horizon permet au pilote de suivre une trajectoire verticale parfaite; la barre horizontale assure quant à elle une trajectoire horizontale parfaite. Les barres à 45 degrés assurent une montée et une descente parfaite à 45 degrés seul angle autorisé par la FAI dans les compétitions.

Le facteur de charge :

 Suite aux accélérations (facteurs de charge) subies aux cours des séances de voltige, le corps du pilote est soumis à des contraintes physiques éprouvantes. Ces accélérations sont mesurées en « g », 1 g représente 9,91 mètres / seconde ce qui correspond à l'accélération de la chute d'un objet soumis à l'attraction terrestre. Un facteur de charge de 2 g signifie donc que le poids est doublé : un pilote de 80 kg pèserait alors 160 kg ! Le facteur de charge peut être positif ou négatif. Au cours d'un facteur de charge positif (par exemple au cours d'un looping) la force centrifuge exerce une pression sur le corps de la tête aux pieds entrainant une poussée de sang vers le bas du corps. Au-delà de 5g le pilote est écrasé sur son siège, les pulsations cardiaques montent à 150 à la minute afin d'augmenter la pression sanguine pour continuer à alimenter le cerveau en oxygène. Ceci se traduit par des troubles visuels : le voile gris (perte de la vision des couleurs) ensuite le voile noir (rétrécissement du champ visuel); la syncope peut intervenir pour de plus fortes accélérations. Par contre au cours d'un facteur de charge négatif (au cours d'un vol sur le dos ou d'un looping inversé par exemple ) le sang afflue vers la tête; les poumons se compriment; la fréquence cardiaque chute à 50 pulsations à la minute et à -8g le corps est étiré vers le haut, les yeux luttent pour rester ouverts et des troubles visuels apparaissent : le voile rouge correspond à un afflux important de sang dans les paupières et de nombreux vaisseaux sanguins qui irriguent l’œil peuvent céder sous la pression artérielle.
 Le cou du pilote doit également résister aux accélérations latérales dues au roulis très important pendant la voltige.

Caractéristiques de l'avion de voltige :

 Sans entrer dans les détails techniques fastidieux, remarquons qu'un avion de voltige est plus léger qu'un avion conventionnel et ne doit pas être stable sinon il ne serait pas possible de lui faire exécuter des figures de voltige! Suite aux accélérations subies, la cellule et les structures doivent être renforcées. L'alimentation en carburant et le graissage doivent être assurés en vol inversé. La puissance du moteur doit être plus importante suite aux importantes contraintes de vol parmi laquelle le vol vertical. Les gouvernes sont surdimensionnées et très bien équilibrées; l'hélice est de diamètre assez important et avec grosse corde tandis que les ailes ont un dièdre très faible afin que le comportement de l'avion soit le même tant en vol sur le dos que sur le ventre. Le centre de gravité se situe plus en arrière par rapport aux avions conventionnels pour une meilleure maniabilité. Au point de vue instrumentation, un accéléromètre complète les instruments classiques à tout avion. Sans oublier que le siège doit être équipé de ceinture à cinq points d'attache et le pilote équipé d'un parachute de sécurité.
                   

Les qualités d'un pilote de voltige :

 La voltige est un sport extrême de présentation dont l'objectif est la perfection du geste et une parfaite symbiose entre le pilote et sa machine. Outre une condition physique parfaite exigée par les contraintes de facteurs de charge, une résistance au stress est nécessaire notamment lors des compétitions. La dextérité, la précision, l'acuité du regard ainsi qu’une rapidité d'interprétation et de décision sont des qualités absolument indispensables afin d'évoluer en toute sécurité dans un espace restreint.  
     

Les résultats du championnat 2012 :

 Le niveau de base – SPORSTMAN –  a été remporté par Étienne Verhellen sur Yak 52 :
 

 Le niveau de base pour planeur – SPORTSMAN – a été remporté par Guillaume De Swert sur planeur PILATUS B4 :


 Le niveau suivant – INTERMEDIATE – a été remporté par Cyrial Talon sur EXTRA 300L :


 Le niveau de degré supérieur – ADVANCED – a été remporté par Wim Soens sue EXTRA 330SC :


 Le niveau top – UNLIMITED – ,dont le vainqueur Nicolas Ivanoff participait hors concours, a été décerné à Didier Amelinckx qui devient ainsi le champion de Belgique de voltige.