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Le Diamond DA42 NG, premier avion volant au biocarburant.

Luc Barry  - Avril 2011

 Depuis quelques années la protection de l'environnement et l'épuisement des réserves de pétrole dans le monde ont intensifié les recherches pour la production d'énergies alternatives. L’aviation, grande consommatrice en pétrole, est au premier plan de nombreux projets afin d'aboutir à des moteurs plus sobres en consommation et plus respectueux de la nature.

Le Conseil Consultatif pour la Recherche Aéronautique en Europe (ACARE), instance créée à l'initiative de la Commission Européenne et regroupant des partenaires tant publiques que privés du secteur de l'aviation a élaboré une série de normes concernant la protection de l’environnement, celles-ci  devant être concrétisées pour le début des années 2020. Pratiquement, les nouvelles technologies devront réduire l'impact de l'aviation sur l'environnement en réduisant de moitié la production de CO2 ; diminuer de 80% la production d'oxyde d'azote (NOx) et enfin  limiter sensiblement les nuisances sonores. (1)

En Allemagne, EADS Innovation Works en collaboration avec le constructeur d'avion autrichien Diamond, le motoriste AUSTO ainsi que des partenaires privés et publics du Land de Bavière se sont associés dans le projet eCO2avia   dans le but de faire voler un avion de tourisme équipé de moteur propulsé au moyen de biocarburant.

C'est ainsi qu'au cours du Salon de l'Aviation de Berlin, en juin 2010, fut présenté en vol pour la première fois au monde un Diamond DA 42 NG (New Generation), avion de tourisme bimoteur, dont l'un des deux moteurs est alimenté au biocarburant d’algue.

Seulement quelques modifications mineures furent nécessaires au moteur de type Austo AE 300 équipantd'origine cet avion .La consommation est inférieure de 1,5l à l'heure par rapport au JET A1 tout en conservant des performances égales. La quantité de dioxyde de carbone lâchée en vol est à peu près équivalente à la quantité absorbée par les algues au cours de leur phase de croissance,ce qui permet des vols neutres en émission de carbone. Les émissions d'oxyde d'azote (NOx) et d'oxyde de soufre (1) sont aussi réduites de 40% et ramenées à moins de 10 ppm par comparaison aux 600 ppm du JET A1 car les combustibles fossiles détiennent une plus grande teneur de ces éléments par rapport à la biomasse d’algue.

Suite à l’intérêt suscité par ces présentations en vol, il est à espérer que les expérimentations actuelles puissent rapidement aboutir en applications commerciales afin de sauvegarder notre planète.

Note (1) : l'oxyde d'azote (NOx en anglais) est le produit de l'oxydation du carburant avec l'oxygène de l'air et intervient dans le processus de formation de l'ozone (effet de serre), tandis que l'oxyde de soufre est le produit de la combustion du carburant et génère le « smog »

Pour cultiver les micro-algues il faut du dioxyde de carbone, de l’eau, des minéraux (calcium et fer) et la lumière du soleil. De croissance rapide, elles peuvent être récoltées en abondance et quotidiennement. Des filtres et une centrifugeuse retirent 90% de l'eau qui peut être recyclée. L'huile est extraite de l'algue par des procédés mécaniques ou chimiques pour être ensuite raffinée. 100Kg de biomasse d'algue qui a poussé absorbe 180kg de CO2, produit 22l d'huile d'algue et finalement 21l de biocarburant sont obtenus après raffinage. Les 80kg de biomasse d'algue restants peuvent être utilisés pour la nourriture du bétail ou subir un traitement pour obtenir de l’engrais. De plus, la culture de micro-algues ne nuit pas à la production alimentaire car elle se contente de terrains peu fertiles irrigués d'eau non-potable ou salée. L'huile d'algue provient d'Argentine pour être ensuite raffinée en Allemagne. Cependant la production reste encore limitée et ne permet pas d'obtenir un coût suffisamment faible que pour concurrencer le prix des combustibles traditionnels.