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Arrêt du radar du CRC Glons.

Michel Pourbaix - Juin-Juillet 2015


 29 juin 2015, 15h45 : Trente secondes après que le Chef de la Défense (Chief Of Defense – CHOD), le Général aviateur Gérard Van Caelenberge ait appuyé sur le bouton, le radar du Control & Reporting Center (CRC) de Glons s’est définitivement arrêté de tourner.
Mis en service le 20 avril 1972, le Medium Power Radar(MPR) du CRC est un radar tridimensionnel (3D) qui permet non seulement de connaître la position d’un aéronef mais également son altitude.
Les radars civils sont bidimensionnels (2D - azimut, distance) et comptent sur le transpondeur de l’avion pour leur indiquer altitude et autres paramètres de vol ; c’est un mode dit ‘coopératif’. Les radars militaires ne peuvent pas espérer la pleine coopération de l’objet détecté et ont donc besoin de la 3D ; ils sont en outre conçus pour résister aux brouillages.
 Après 43 ans de service, la maintenance commençait à devenir trop chère.

     

 L’appareillage appartient à l’OTAN et lui sera donc rendu. Il servira probablement de pièces de rechanges pour les autres radars MPR encore utilisés par d’autres pays (Pays-Bas, Grèce, Turquie). Pour le bâtiment même, rien n’est encore décidé ; beaucoup espèrent une valorisation future.
 Mais cela ne signifie pas la fin du CRC. En effet, les missions de l’unité correspondent pleinement à la vision de l’actuel Ministre de la défense; de plus, l’évolution de la technologie a permis dans le courant des années 1990, avec la digitalisation des images radar, d’échanger plus facilement des informations avec d’autres stations radar tant au sol qu’en vol (AWACS). Cette facilité explique qu’un appareil local ne soit plus nécessaire; cela fait maintenant quelques années que les données de radars néerlandais et allemands sont utilisées par le CRC. Très prochainement, un radar français sera connecté également.
 Avec l’agrandissement des frontières de l’OTAN, la nécessité d’une détection à grande distance à partir de la Belgique disparaît ; en revanche, la menace représentée par les petits aéronefs volant à basse altitude est de plus en plus grande. Un réseau cellulaire de radars, plus petits mais plus nombreux, procurera une meilleure détection pour combler cette lacune. Ce système offre en outre une solution aux problèmes posés par les éoliennes qui perturbent la détection. L’arrêt du radar de Glons permettra aux communes voisines de développer leur propre infrastructure éolienne, ce qui leur était auparavant interdit (une zone de 20 km étant réservée autour du CRC).

     
         

Quant à la localisation de l’unité, elle est prête à échanger un bunker vieux de 60 ans pour des installations plus modernes à Beauvechain mais le budget de la Défense devra le permettre.
 Au niveau du personnel, les 300 membres n’ont rien à craindre. Les missions restent, les hommes (et les femmes, 15% , soit plus que la majorité des autres unités de l’armée) aussi. Seule la section qui s’occupait de la maintenance du radar proprement dit est dissoute et son personnel réparti dans les autres sections ; à l’exception notable de deux de ses membres qui jouiront d’une retraite d’autant plus méritée qu’ils ont prolongé volontairement leur carrière afin d’assurer jusqu’au bout leur travail.