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Airbus Family Day 2010 : fête de fin de crise ?

Texte : Guillaume Besnard
Photos : Fabien BERNARD, Guillaume BESNARD.

Cette année, Airbus fête ses 40 ans : le constructeur se devait donc d'organiser un événement à la hauteur. Démarrée le 29 mai dernier et se déroulant sur 15 sites de part le monde, la série des « Family Day » s'est conclue dimanche 19 septembre à Toulouse par une grande kermesse aéronautique.

Airbus a vu les choses en grand : au sol, l'ensemble de la gamme Airbus était présente, y compris 2 A300 (un prêté spécialement par DHL en lieu et place du 757 quotidien habituel et un autre préservé aux couleurs du F-WUAB, prototype du premier A300) et l'A400M !. Plusieurs avions statiques sont visitables, comme l'A330F Air Hong Kong et un des Beluga. Du côté des installations, presque tout était ouvert : chaînes de montages, salles de peinture, delivery center ...Ce fut une excellente occasion de voir « pour de vrai » comment sont assemblés les liners. Les visiteurs ont pu également juger de l'avancée des travaux de la chaîne A350, dont les premières pièces ont commencé à être produites chez les sous-traitants au cours de l'été 2010.

L'histoire aéronautique et l'héritage d'Airbus étaient aussi très attendus depuis près d'une décennie, la mise en commun des avions préservés par Airbus et par les Ailes Anciennes ayant enfin eu lieu dans un lieu plus facilement accessible au public. Unique en dans le monde, on peut admirer côte à côte le Concorde F-BVFC, deux Caravelle (une aux couleurs d'Aérospatiale, l'autre aux couleurs de la défunte Air Toulouse) un A300 et un Super Guppy ! Mais la collection ne se résume pas à cela et j'invite chacun à se rendre sur le site des Ailes Anciennes http://www.aatlse.org pour se rendre compte de la qualité (et de la quantité !) du travail effectué. A terme, ces avions seront regroupés au sein d'Aéroscopia, un projet de musée mettant en commun le patrimoine aéronautique de la région, un peu à la manière du Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget. Reste que le musée n'est pas encore construit, et les nombreuses turbulences politiques et financières de ces dernières années n'ont pas acceléré les choses, ce qui est bien regrettable et se ressent par l'état de dégradation avancé de certains avions préservés pourtant restaurés il y a quelques années.
Ne pas oublier que Toulouse, ce n'est pas seulement Airbus, mais également ATR. Les « avions à hélice » ne sont pas morts ! Si les volumes commandés ne sont pas les mêmes que chez Airbus, il n'en reste pas moins que les livraisons vont bon train, ainsi que les innovations. En 2009, les ATR 42 et 72-600, ATR de prochaine génération, ont fait leurs premiers vols et les essais se poursuivent. Les nouveaux modèles devraient être certifiés avant la fin de l'année 2010. Exterieurement la différence est minime, mais à l'intérieur le rétrofit est important, particulièrement dans le cockpit qui profite d'un glass cockpit. Les capacités générales de l'avion sont augmentées,  notons au passage qu'il est prévu une certification CAT IIIa, c'est à dire en atterrissage automatique sur les aéroports équipés d'ILS de même catégorie. Un bel avenir en perspective pour ATR, qui voit ses avions renforcer leur capacité tout temps et terrains sommaires.

Les démonstrations en vol ne sont pas en reste. ATR 72, Beluga, A320, A330, A340 et A380 font 2 démonstrations (une le matin et une le soir) les uns après les autres. Si les toulousains sont habitués à les voir évoluer, on a moins l'habitude de les voir effectuer des virages très serrés, montée sous forte pente et autres joyeusetés. C'est donc l'occasion pour les spotters et photographes de faire des clichés qui sortent de l'ordinaire.
Alors, fin de la crise chez Airbus ? L'année 2007 restera forcément dans les mémoires au vu du nombre record de commandes, et tout ce qui passe derrière sur fond de crise économique paraît forcément plus fade. En 40 ans, 6300 avions ont été livrés, et il en reste encore 3400 en commande ! Au niveau de la production, l'avionneur a donc encore largement de quoi assurer pendant quelques années. Du côté de l'innovation, Airbus ne se repose pas sur ses lauriers : diversification vers le militaire (programmes A330 MRTT, A400M), lancement de l'A350 XWB pour concurrencer à la fois le Boeing 777 et le 787, amélioration des programmes existants ;  la recherche et développement d'Airbus n'est pas au chômage ! En 2012, les premiers A320 équipés de « sharklets » seront livrés à la compagnie de lancement, Air New Zealand. Ces winglets à la Airbus, testés en 2009, seront ensuite étendus à l'ensemble de la gamme monocouloir d'Airbus et proposés en retrofit sur les avions déjà existants.

Avec ses 140.000 visiteurs à la mi-journée, le Family Day a montré la bonne santé morale et technologique d'Airbus. Cela ne doit néanmoins pas faire oublier que la concurrence est là et que la prochaine décennie sera très riche aéronautiquement : Airbus et Boeing doivent tout deux renouveler leur gamme monocouloir et ils pourront certainement compter sur la Chine pour la concurrence sur ce créneau.