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Duxford

Battle of Britain Airshow

23-24 septembre 2017

Christophe Duponchelle - Octobre 2017


 C’est sur le mythique aérodrome de Duxford qu’à lieu, chaque année, le Battle Of Britain Airshow.
Un meeting aérien qui tient de la garden party et du who’s who des warbirds.
Il y a tous les avions, les plus beaux, les plus rares mais il y a surtout les Spitfires. Duxford est le plus grand nid à Spit de la planète. Pas moins de 15 Spitfires sont présents pour ce fabuleux évènement. Mais n’oublions pas le Hurricane, véritable héros de la bataille d’Angleterre.
Au déclenchement de celle-ci, il était utilisé par la majeure partie des Squadrons du fighter command, le reste étant équipé de Spitfire. Les Hurricane étaient chargés de s’occuper des bombardiers allemands tandis que le Spitfire, plus performant, s’occupait des chasseurs adverses.
Pour l’évènement, sept Hurricanes sont présents sur l’aérodrome !!

Petit rappel sur le déroulement des opérations.

Été 1940, la majeure partie du continent européen est sous le joug de la machine de guerre allemande, Hitler se prépare à envahir la Grande-Bretagne, mais il doit d’abord dominer l’espace aérien au-dessus de la Manche. Pour ce faire, il faut que la Luftwaffe détruise la Royal Air Force.
Le 10 mai 1940, après la capitulation de la Pologne, du Danemark et de la Norvège, La bataille de France commence. Hitler s’empare des Pays Bas, de la Belgique et de la France à une vitesse fulgurante. À la fin mai, les forces françaises et britanniques sont repoussées jusqu’à la Manche. Du 27 mai au 4 juin, c’est l’exode, au départ de Dunkerque, de milliers d’hommes embarquent sur des navires militaires et civils qui font la navette entre l’Angleterre et la France. L’Armée de terre doit abandonner une grande quantité de matériel à Dunkerque et fait maintenant face à une pénurie d’équipement.
Quelques jours plus tard, Winston Churchill, le premier ministre de la Grande-Bretagne, prononce un discours à la Chambre des communes britannique sur la situation critique des Alliés : « La bataille de France est terminée, celle d’Angleterre va bientôt commencer. […] Hitler sait qu’il devra nous vaincre sur notre île ou perdre la guerre. Préparons-nous donc à faire notre devoir et n’oublions pas que, si l’Empire britannique et son Commonwealth perdurent pendant 1 000 ans, les hommes diront encore « C’était leur heure de gloire.»

La bataille d’Angleterre va se dérouler en plusieurs étapes : 

La bataille de la Manche (Kanalkampf) : A partir du 10 juillet et pendant un mois, la Luftwaffe va attaquer les convois dans la Manche et bombarder les ports et les stations radars sur la côte sud de l’Angleterre.
Dans un deuxième temps, l’attaque de l’aigle (Adlerangriff) : bombardements intensifs des radars et des aérodromes afin de détruire la Royal Air Force (RAF) dans les airs et au sol. Ceux sont les aérodromes du 11e Groupe, au sud-est de l’Angleterre, qui vont subir le plus de dégâts.
Le jour de l’aigle (Adlertag) est l’assaut principal lancé par la Luftwaffe : le 13 août, elle bombarde les stations radars, les aérodromes et les usines qui produisent des avions. Elle effectue environ 1 500 sorties. Les attaques se poursuivent tout au long du mois et jusqu’en septembre.
Le 20 août, Churchill prononce un discours dont on se souviendra des décennies plus tard dans lequel il fait l’éloge des aviateurs combattants : « Il n’est pas de foyer dans notre île, ni dans notre empire, ni même dans le monde entier , si ce n’est chez les coupables , qui ne soit plein de reconnaissance envers ces vaillants aviateurs britanniques qui, sans se laisser intimider par le nombre, relevant sans cesse le défi, et affrontant sans cesse la mort, font basculer le sort du monde par leur dévouement. Jamais dans l’histoire des guerres un si grand nombre d’hommes a dû autant à un si petit nombre. Toutes nos pensées sont tournées vers les pilotes de chasse, dont nous voyons les actes héroïques jour après jour. »
La RAF est alors sur les genoux, il ne reste presque plus de radars, elle est quasiment aveugle. Toutefois, les allemands jugeant que leurs attaques sur les stations radars ne sont pas utiles, au moment même où elles commencent à l’être, décident de les interrompre, commettant ainsi une première erreur. Puis dans la nuit du 24 au 25 août, un avion de la Luftwaffe largue par erreur ses bombes sur Londres. La RAF riposte en envoyant plus de 80 bombardiers sur Berlin. Hitler, furieux, ordonne les bombardements des grandes villes britanniques, y compris Londres, de jour comme de nuit. Ils vont commencer le 7 septembre et vont perdurer pendant 57 nuits. Avec ce changement d’objectif, les allemands vont commettre une deuxième erreur mais fatale cette fois ci. Cela va permettre au 11e Groupe de réparer ses aérodromes et ses stations radars. Et les allemands qui se rendant à Londres sont à la portée du 12e Groupe, situé dans les Midlands. Le dimanche 15 septembre, a lieu une attaque massive sur Londres ; pas moins de 123 bombardiers y participent, escortés par plus de 650 chasseurs. La Luftwaffe subit de lourdes pertes. Les combats sont acharnés, mais en fin de compte, les aviateurs alliés sont victorieux. On appellera ce jour-là : le jour de la bataille d’Angleterre. Par la suite, la Luftwaffe n’effectue plus que des bombardements contre des villes et des objectifs militaires et à la mi-septembre, l’ampleur des raids diminue considérablement.
À la fin d’octobre, la bataille d’Angleterre est terminée.


 Mais revenons à cette journée du 23 septembre 2017 qui commence par la traditionnelle visite des hangars. L’Airspace est le premier sur la liste, ce fabuleux hangar fait la part belle à l’aviation britannique. Toujours très impressionnant !

       

On passe dans le hangar 2 (siège de The Fighter Collection de Sir Stephen Grey). Là, on observe la réfection du Curtiss P-36C et du Hawker Sea Fury T20S. De l’autre côté, deux P-51 Mustang (en provenance des Etats-Unis) qui ont participé au fameux Flying Legend Airshow en juillet. Il s’agit du North American F-6K-15NT (P-51D) Mustang 44-12852 ‘Frenesi’ et du North American P-51B Mustang 43-24837 ‘Berlin Express’. Celui-ci a connu quelques péripéties lors de ce fameux meeting, en effet, pendant un passage public pleine vitesse le P-51 a perdu son canopy qui a ensuite heurté sa dérive. Mais heureusement, plus de peur que de mal.

     


Vient ensuite le Hangar3 (Air and Sea) qui abrite, entre autre, les avions de la Fleet Air Arm.

   


Le hangar 4, construit à la fin de la première guerre mondiale, abrite aujourd'hui les expositions de la bataille d’Angleterre et de l’histoire de Duxford.

     


On entre ensuite dans le hangar 5, c’est la caverne d’Ali Baba de Duxford, c’est le hangar de la restauration primaire. A l’intérieur, on y trouve un bric à brac de moteurs, de pièces de rechange, d’avions en tout genre dont un gigantesque Victor qui se prépare à faire peau neuve.

     


Puis attiré par une musique entrainante, on se retrouve devant un trio assez charmant…Les Bluebird Belles. Qui reprennent des chansons des années 40. Un peu plus loin des passionnés d’histoire se mettent en scène pour représenter le Royal Flying Corps de la première guerre mondiale et le Royal Air Force Observer Corps de la deuxième guerre mondiale.

 
     


Après ce petit moment de détente, direction l’American Air Museum. Celui-ci a subi une grande rénovation l’année passée. A l’intérieur 18 avions y sont exposés retraçant le rôle clef de l’aviation américaine depuis 1918 jusqu’à nos jours. Cela va du Spad en passant par le Mustang, le B25, le B-17, le B29… utilisés pendant la seconde guerre mondiale au Bell Huey, F-4 Phantom et B-52 utilisés pendant la guerre du Vietnam. Présent aussi un F-111 en opération dans la guerre du Golfe et même le fameux SR-71 Blackbird utilisé durant la guerre froide. C’est un formidable musée qui retrace l’histoire américaine dans les conflits à partir de 1918 en passant par la guerre froide à des conflits plus récents dans le Golfe, l’Irak et l’Afghanistan.

       


A peine la visite terminée, pas le temps de s’assoir, car nous arrive une douce musique à nos oreilles… des moteurs Rolls-Royce merlin !
 Six Hurricanes se préparent au décollage ; mais avant, le public lève les yeux pour admirer le RAF Falcons Parachute Display Team. Une équipe constituée de neuf parachutistes basée à RAF Brize Norton, dans l’Oxfordshire. Une fois en chute libre, les Falcons vont créer différentes figures dont la formation échelonnée pour ouvrir le Battle of Britain Airshow.
Le show peut enfin commencer, les Hurricanes se lancent tour à tour sur la piste en herbe et prennent possession du ciel de Duxford. On assiste à un ballet aérien unique et incroyable, car à ma connaissance, c’est la première fois qu’un airshow regroupe, en vol, autant de Hawker Hurricane. Un septième Hurricane se présente mais celui-là est accompagné par un Spitfire et un Lancaster. C’est le Battle Of Britain Memorial Flight (BBMF).

           


Le Curtiss P-40C Warhawk de The Fighter Collection (TFC) prend le relai, suivi par une formation Hawker de l’Historic Aircraft Collection (HAC). Il s’agit d’un Fury MkI et du Nimrod MkI. Dans la famille Hawker notons le Fury FB11 de Air Leasing volant en formation avec le Grumman F8F Bearcat et le Goodyear FG-1D Corsair de TFC en formation avec le Seafire LF.IIIc de Air Leasing.

       


Les Tiger Moth sont venu nombre avec le Tiger Nine. Équipe formée pendant l'été 2005 avec quelques anciens membres du Diamond Nine. Neuf De Havilland DH82A Tiger Moth ont ravi le public avec des évolutions tout en finesse, nous replongeant ainsi dans les années folles. C'est la seule équipe de voltige au monde à avoir neuf Tiger Moth volant en étroite formation. N’oublions pas que c’était sur ce type d’avion que de nombreux pilotes de la bataille d’Angleterre ont commencé à voler.

 

On quitte les années folles pour se retrouver sur le front Russe !

Au passage d'un Messerschmitt 109 (Hispano HA-1112 Buchon de l’Aircraft Restoration Company) explosion sur le terrain, c'est l'attaque d'un aérodrome soviétique par la Luftwaffe. Immédiatement, le 109 est pris en chasse par deux Yak-3 (un Yak-3UA de Will Greenwood et un Yak-3M de Air Leasing). Dogfight dans le ciel de Moscou, tentatives pour échapper aux attaques des Yaks mais rien y fait le 109 est touché et le ciel est dégagé !

     


Duxford est une formidable machine à remonter le temps, on passe de la seconde guerre mondiale à la première avec le Great War Display Team; qui montre au public les tactiques de combat utilisées pendant cette période. On assiste à un épique combat aérien entre la RAF et la Luftwaffe comme en 1917. Les acteurs pour la RAF sont un SE5a Aircraft Factory, un Sopwith Triplane et un Royal Aircraft Factory BE2c et pour la Luftwaffe un Junkers CL1 et deux Fokker Dr1 triplan. Le tout agrémenté par des effets pyrotechniques. Un régal pour les yeux et les oreilles.


     


S’en suivent des formations atypiques, plus incroyables les unes que les autres comme celle comprenant un Bristol Blenheim MkI de l’Aircraft Restoration Company (ARC) volant au côté d’un Gloster Gladiator MkI et d’un Westland Lysander MkIII de la Shuttleworth Collection. Puis la formation d’un B-17 Flying Fortress de la B-17 Preservetion et de deux Douglas C-47 Skytrain de Percival Aircraft et de Patrick Green, le tout escorté par deux P-51 Mustang de la Norwegian Spitfire Foundation et de la Boultbee Flying Academy. Malheureusement ces deux Mustang sont entrés en collision mais les pilotes ont pu atterrir sans trop de casse.

           


 Une autre formation tout aussi impressionnante est celle des avions à réaction d’après-guerre.
Imaginez un Mig-15UTI intercepté par deux De Havilland Vampires FB.52 et T.55 tous les trois de la Norwegian Air Force Historical Squadron. Tout simplement époustouflant !


   


Pas de Battle Of Britain Airshow sans Spitfire !

Et bien, ce n’est pas un mais bien treize Spitfires qui vont effectuer un magnifique et émouvant flypast. Au so,l le public se tait et écoute religieusement les moteurs Merlin et Griffon chanter dans le ciel de Duxford. Puis vient un déluge d’applaudissement en remerciement pour ce spectacle unique au monde.

       

Mais ce n’est pas fini car juste après l’atterrissage des Spitfires, décolle la ‘Finale Formation’. Celle-ci est constituée de trois Spitfire MkIa, d’un Bristol Blenheim MkI, d’un Gloster Gladiator MkI et de six Hurricanes (MkI,MkII,MkX,MkXII et MkIb). Formation qui représente la majeure partie des avions de la RAF qui ont pris part à la Bataille d’Angleterre.

   


De nouveau, tonnerre d’applaudissement, non seulement pour la formation mais aussi pour tous les valeureux pilotes britanniques, polonais, tchèques, belge, français,…qui ont donné leur vie durant la bataille d’Angleterre.

Le public venu en masse est comblé, les spectateurs petits et grands, vont rentrer chez eux avec des images et des sons plein la tête et se diront ‘cette année, Duxford est une très grande année’ et surement ils se diront, comme moi, vivement l’année prochaine !