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L'avenir de la chasse.

Serge Nemry  - Octobre 2015


 Ce mercredi 30 septembre lors d’une parade au Centre de Compétence de la Composante Air (CC Air), le Général-major Aviateur Frederik Vansina a remis les ailes à sept jeunes futurs pilotes de chasse et à un pilote de transport. Le Lieutenant-colonel Georges Campill, représentant le chef d’Etat-major luxembourgeois, et Madame Lallemant, fille du Colonel Aviateur Raymond Lallemant DFC, l’accompagnaient pour cette cérémonie.

       

 De nombreuses autorités militaires et civiles, belges et étrangères, ont à cette occasion rejoint la base de Beauvechain. Parmi celles-ci, le Général de brigade aérienne Philippe Lavigne, patron de la ‘’Chasse’’ française, qui évoque quelques souvenirs d’une époque où, sur Mirage 2000, il venait faire du DACT (Dissimilar Aircraft Combat Training) contre les F-16 des 349 et 350ème Escadrilles du 1er Wing de chasse. Des combats épiques qui se terminaient souvent par de nouvelles joutes, verbales cette fois, à l’Ambiorix qui fut un haut lieu de rencontre des ‘’chasseurs’’. Jeune pilote de combat, il a également participé à plusieurs exercices TLP à Florennes. Une autre personnalité présente, marquante et importante pour les jeunes brevetés, est le Colonel Raphael Nal, Commandant de la 8ème Escadre à Cazaux, qui a volé sur Mirage F-1CT au sein du célèbre Escadron Normandie-Niemen et a commandé en 2013 (Athos1) la Patrouille de France après avoir occupé un an plutôt la position de ‘’charognard’’ (Athos 4). Remarquées également lors de cette belle cérémonie, la présence d’officiers pilotes mexicains et de l’attaché militaire chinois.

     

 Tanguy, jeune breveté, nous explique son parcours : "C’est un rêve de gosse, le rêve d’être pilote de chasse, qui ne m’a jamais abandonné et qui se concrétise aujourd’hui. Un grand pas dans cette direction a été fait lorsque je suis entré aux Cadets de l’Air en 2007, une aventure inoubliable, un premier vol solo sur planeur qui m’a marqué ! A 18 ans j’ai pris la décision d’entrer à l’Armée comme candidat élève pilote. J’ai passé cinq ans à l’Ecole Royale Militaire; au début j’ai ressenti cet engagement un peu comme ‘’un pas de côté ‘’ puisqu’en poursuivant cette formation d’Officier de carrière je n’atteignais pas directement mon but : devenir pilote. C’est un parcours plus long que celui du cadre auxiliaire. Ce n’est qu’en août 2012 que j’ai commencé ma formation en vol sur Marchetti,  encore un souvenir inoubliable. Et que dire du premier vol sur Alpha-Jet après lequel on se rend compte que l’on vient de franchir une étape importante vers la conquête des Ailes de pilote. Puis à Cazaux, dans cette magnifique région de Gironde et du Bassin d’Arcachon, sous un superbe ciel bleu, les vols A Jet se sont enchainés à un rythme endiablé, monitorés par des instructeurs de la 11ème (en réalité le 2/8 Saintonge, mais les traditions de la Force Aérienne belge se sont implantées là-bas et ont la vie dure). Je dois aujourd’hui totaliser quelques 200 heures de vol sur notre biréacteur. Après un dernier passage à Cazaux où il me reste quelques vols à faire, je vais rejoindre en mars l’OCU à Kleine-Brogel pour y entamer ma conversion sur F-16 avec un nouveau rêve : rejoindre la 350ème ou la 1ère  à Florennes".

 Ben, de nationalité luxembourgeoise, ERM cadre de carrière promotion 148 SSMW,  poursuivra une formation spécifique au transport à la BA 702 d’Avord (France);  il  volera ensuite au 15ème Wing de Transport de Melsbroek en attendant l’arrivée de l’A-400M luxembourgeois.

       

La promotion a choisi comme parrain le Colonel Aviateur Raymond ‘’Cheval’’ Lallemant DFC and BAR.
A vingt ans, Raymond Lallemant intègre l’Ecole de Pilotage de Wevelgem ; la Belgique envahie, il accompagne son unité en France puis au Maroc. Il décide de rejoindre l’Angleterre, un voyage effectué avec six autres élèves pilotes dont Jean Offenberg ; il est incorporé à l’école de la Royal Air Force d’Odiham où sont regroupés Français et Belges. Après sa formation, il rejoint, en 1941, le 609 Squadron de Biggin Hill, célèbre par l’audace de ses pilotes lors des missions offensives exécutées sur Typhoon. Il obtient 6 victoires avec cet avion et est, en mars 1943, décoré de la Distinguished Flying Cross (DFC). Au printemps 44, il est Flight Commander au sein du 198 Squadron commandé par Yves Ezanno. La même année, il retourne à  la ‘’Six 0 Nine’’ et en reçoit le commandement en août … il y avait débuté comme sergent 3 ans plus tôt. Abattu  lors d’une opération au-dessus des Pays-Bas, il parvient à poser son avion en feu sur l’aérodrome B35 de Bardmesnil (Le Tréport, France). Après une période d’hospitalisation, il passe au 349 RAF Belgian Squadron (deuxième escadrille belge au sein de la RAF) et en prend la tête. De retour au pays, il devient le premier commandant de la base de Florennes en 1947, mettant tout en œuvre, malgré des moyens plus que limités, pour y établir le 161ème Wing (2ème Wing TAC en 1948), d’abord sur Spitfire XVI et ensuite sur F-84E Thunderjet. Le Colonel Avi. Lallemant a également commandé le 3ème Wing Tactique de Bierset  (Meteor 8 et Thunderjet). Il va ensuite à Brustem où il dirige l’Ecole de Chasse durant 5 ans. Après être passé au NATO Defense Collège, il réintègre le Quartier Général de Bruxelles comme Chef d’Etat-major de l’Entrainement et de l’Instruction. Sa carrière militaire se termine au Planning & Doctrine Division du Military Committee de l’OTAN. ’’Cheval’’ Lallemant, auteur de plusieurs livres dont « Rendez-vous avec la chance », un incontournable de la littérature aéronautique, est décédé le 30 janvier 2008 ; il repose au cimetière de Florennes. ’Cheval’ reste une figure marquante de la Force Aérienne belge, réputé pour son dynamisme à toute épreuve et son franc-parler. Quelques chefs d’Etat-major, Commandants d’escadrilles ou pilotes, se souviennent de ses ‘’coups de gueule’’ tonitruants mais c’était également un homme toujours à l’écoute des autres.