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Acrobaties au pays des Ch'tis.

Lens-Bénifontaine, Le rendez-vous aéronautique incontournable

Serge Nemry - Août 2014

C’est dans une atmosphère bon enfant, que nous sommes accueillis par une équipe pleine d’énergie et de charme à l’aérodrome de Lens-Bénifontaine ce samedi 17 mai, à l’heure de déguster un ‘’Chuche Mourette’’ ou une bonne ‘’l’Angélus’’. La tension propre à la mise en place de l’Airshow franco- belge du dimanche ne se ressent pas au travers des contacts que nous avons avec les organisateurs et bénévoles qui œuvrent sur le site. Pourtant l’activité est intense en cette fin de matinée : les premiers avions sont sortis des hangars et emmenés au statique tandis que des participants extérieurs pour cette grande fête viennent se poser  entre les vols de repérage et les répétitions de ceux qui sont arrivés la veille.
   

 A ces nombreux mouvements, s’ajoutent les premiers baptêmes de l’air sur ULM, avions du club et Alouette III, ce qui génère un ballet aérien quasi constant. Au sol, les responsables jonglent avec l’espace disponible pour parquer les appareils de manière attractive pour le public. Les derniers détails techniques et pratiques sont peaufinés sur l’ensemble du site tandis qu’au QG opérationnel, les équipages et accompagnateurs sont chaleureusement accueillis, y recevant les documents nécessaires pour ‘’survivre’’ sur  l’aérodrome durant ce week-end ainsi qu’un beau badge souvenir. Dès l’entrée, de nombreux stands promotionnels et commerciaux, militaires et civils, ainsi que des points de ravitaillement sont en cours d’installation et dans les hangars, différentes expositions prennent place. Enfin, restaurateurs et personnels mettent la touche finale aux installations qui vont accueillir les sponsors et VIP lors de la soirée ‘’Sunset’’ et toute la journée du dimanche. Aujourd’hui, samedi, le ‘’grand’’ public n’as pas accès à l’aérodrome ; seuls 160 spotters préalablement  inscrits, les équipes de support et de promotion des équipages participants, les membres de l’Aéro club et leurs familles ainsi que des invités sont admis. En début de soirée, pour le ‘’Sunset Airshow, une ‘’première’’ en France, ce sont quelques 4.000 personnes, conviées par différentes entreprises et sponsors, qui vont assister à ce spectacle particulier.

Tour de piste et rencontres de  fameux branleurs de manches.

Avant que les répétitions monopolisent le temps,une visite du parc avions s’impose; elle s’effectue sous la conduite d’un pilote de l’aéroclub local, bénévole, chargé de la sécurité des lieux. C’est indispensable dans ce contexte où des avions sont en mouvement de ou vers la piste. Notre guide, hasard des rencontres, est un ancien de l’Armée de l’Air, Gérard Castelain ; il a débuté comme navigateur sur Nord 2501 Noratlas avant de poursuivre une belle carrière sur C-160 Transal, exécutant de nombreuses missions opérationnelles dans le ciel africain et notamment au Tchad, au Sénégal et en Mauritanie. Il a rejoint ensuite le Centre d’Essais en Vol d’Istres où, comme navigateur expérimenté, il participe aux développements et essais des moyens de navigation pour aéronefs militaires et civils. Il y vole sur Météor NF-11, Alpha Jet, Mirage IIIB ainsi que sur tous les avions de transport de l’Armée de l’Air, de la Marine et des Douanes. Il a volé sur le triréacteur Mystère 50 ‘’COTAM 001’’ ayant appartenu au Président Jacques Chirac et transformé en Falcon 50M ‘’Surmar’’ -pour surveillance maritime- pour la Flottille 24F de la Marine Nationale. Gérard affiche un peu plus de 5.000 heures de vol militaire et est aujourd’hui pilote privé, instructeur, à l’Aéroclub de Lens.
La visite se poursuit en découvrant quelques belles machines préservées par des associations ou des collectionneurs privés, alignées sur le vaste parking herbeux. Les appareils civils sont également omniprésents, venus des nombreux aéroclubs de France et de Navarre. Remarqué dans la ‘’ligne’’, le Robin ‘’Aiglon ‘ (F-GCRA) qui porte à coté de son immatriculation une pub pour le Hurricane Bar, ‘’l oasis’’ de l’aéroclub local ! Un peu plus loin, trône l’impressionnant T-28A ‘’Fennec’’, un appareil mis en service au  début des années 60 ; plateforme de tir redoutable, il a été utilisé  pour des opérations d’appui  feu lors de la guerre d’Algérie.  Le ‘’Fennec’’ est équipé d’un moteur Wright de 1.425 cv et peut atteindre les 550Km/h, il appartient à Aéro Fox basé à Beaune-Challanges (Bourgogne). Surprise, son pilote du jour n’est autre que le Capitaine Cédric ‘’Rut’’ Ruet, pilote de Chasse sur Rafale, Escadron 1/7 Provence (BA-113 St Dizier) qui totalise + de 4.100 heures de vol dont 900 sur Rafale et 18 missions de guerre (OPEX). Cédric a assuré le Solo Display Rafale de l’Armée de l’Air pour les saisons 2009 et 2010. Pour sa première participation en 2009 sur Rafale, il décroche le Sir Douglas Bader Trophy, la plus haute distinction, et le prix du public lors du fameux Royal International Air Tatoo de Fairford. Il a ensuite assuré durant deux ans le rôle de coach pour le Capitaine Michaël Brocard. Pilote passionné, ‘Rut’’ a volé sur Mirage 2000N (1/4 Dauphiné) et Alphajet (6 ECS à Tours).
Au détour de la ballade, nous épinglons : un Bücker CASA  Jungman  Bü 1131 E(F-AZTT), un Mudry CAP-20 ‘’Seigneur des Baux’’ (F-AZTP), un MH-1521 Broussard (F-GJBF), un Eurocopter-120 Colobri, un T-6 Harvard, un CANU 3J construit par Lucien Canu (Aérodrome d’Yvetot) et qui a un petit air de ressemblance avec un Piper J3, une réplique d’un Yak 3 aux couleurs de l’avion de Marcel Lefèvre  du ‘’Neu-Neu’’ (Normandie-Niemen) (en réalité M. Lefèvre pilotait un Yak 9) . 
           

 Saisi à l’atterrissage le Zlin 526F ‘’Petit Prince’’ qui appartient à la famille Duval. Cet avion a été décoré sur le thème cher à Antoine de Saint Exupéry par des enfants de centres aérés aidés par des Peintres de l’Air.
 

 Quand le Starduster bleu et blanc piloté par Jean-Marc d’hulst décolle, tous les regards suivent l’avion qui grimpe sec à l’assaut du ciel, trainant de jolies volutes de fumigène blanc. Directeur général adjoint de la société TRESCAL (spécialiste mondial en métrologie) qui parraine le biplan, Jean-Marc d’Hulst, issus d’une famille de pilotes, son père était pilote chasse, est un passionné de voltige aérienne un sport qu’il pratique assidument sur son Tolp SA300 Starduster. Un touché de piste avec la roulette de queue conclu une démonstration appréciée par ses pairs. 
       

Extra, Ralloche et Bunny.

Un autre pilote d’exception, François ‘’Ralloche’’ Rallet, Capitaine, membre de l’Equipe de Voltige de l’Armée de l’Air (EVAA), 2.500 heures sur Mirage 2000 et + de 600 heures sur Extra de l’EVAA, nous rejoint. Une belle occasion de prendre une photo d’un ‘’duo’’ d’acrobates du ciel. En effet, Ralloche qui a été le dernier ‘’Tator 2000 ’’ (pilote démonstrateur) sur Mirage 2000 C, a embarqué Cédric en place arrière lors d’un vol sur 2000C (5-OV), le 15 octobre 2008. Peu de temps après, Cédric devenait le premier ‘’Tator Rafale’’. Ralloche nous emmène  ensuite vers le magnifique Extra 300 SC de l’EVAA 69 56 avion qu’il pilote ce week-end en alternance avec le Capitaine Alexis’’Bunny’’ Busque. Comme quatre démonstrations sont prévues quotidiennement lors du meeting de Lens, deux pilotes sont nécessaires pour assurer ce spectacle de voltige aérienne.
Nous rencontrons le Capitaine Alexis ‘’Bunny’’Busque alors qu’il bichonne le 04. Entré à l’Armée de l’Air en 1998, il obtient son brevet de pilote de chasse en 2002. Instructeur sur Epsilon TB30 à Cognac, il intègre l’équipe des Cartouche Doré en 2005 comme équipier droit, ensuite (2008) comme équipier gauche. En 2011, ‘’Bunny’’ rejoint l’équipe de l’EVAA et dès l’année suivante enlève le titre de vice-champion de France sur Biplace. Le Capitaine Busque a volé sur Cap10, Epsilon TB30, Embraer 213, Tucano, Alphajet, Mirage 2000B, Cirrus SR22 et Extra 300 ; il totalise + de 3.000 heures de vol. L’Adjudant Frédéric Delamort, mécanicien spécialisé équipement de bord, accompagne les pilotes pour ce déplacement ; il est en charge de la mise en ligne et de la préparation de l’avion. Frédéric a intégré l’Equipe de Voltige il y a 11 ans, après un passage par la Base Aérienne 278 d’Ambérieu.
L’extra 300SC, en service à l’EVAA depuis 2008, est un monoplace tripale dédié à la voltige de haut niveau, équipé d’un moteur Lycoming 6 cylindres de 330 cv. Il atteint 405 km/h en vitesse maximale et a un taux de roulis exceptionnel de 400 degrés par seconde.  C’est sur un appareil de ce type que le Capitaine François Le Vot a été sacré champion du monde l’année dernière à Sherman au Texas. Le Capitaine Rallet quant à lui, a décroché la médaille d’or dans la catégorie ‘’programme inconnu’’ et s’est classé 8ème au final. Avec ces beaux résultats, la France se voit encore attribuer le titre de championne du monde par équipe. En fin de journée nous posons quelques questions à Ralloch et Bunny : 
Quels types de programmes avez-vous pratiqués ? La majeure partie des vols du samedi étaient de la voltige académique et la fin de la voltige du free style. La voltige académique est composée de figures décrites dans le catalogue "Aresti". C'est ce type de voltige qui est effectué lorsque nous participons à des compétitions. Le Catalogue Aresti est une normalisation éditée par la Fédération aéronautique internationale (FAI) pour décrire de manière standardisée les programmes de voltige aérienne en compétition. Le catalogue a été conçu par un aviateur espagnol : Jose Louis de Aresti Aguirre (ndlr). Quand au free style c’est la partie contemporaine de la voltige. C’ets ce que nous avons volé en nocturne et le dimanche. Les figures exécutées en  freestyle n’existent pas dans le catalogue de figures académiques. Ce sont des figures inventées par le pilote en fonction de sa sensibilité et des capacités de l’avion afin de faire naître des émotions, un peu comme la musique contemporaine par rapport à la musique classique. Certaines figures pourraient s’appeler par exemple : le double éventail, le stationnaire ou encore le torque roll, le vol tranche
Volez-vous aux instruments ? La voltige se pratique en regardant dehors (à 99% du temps) et notamment avec le triangle en bout d'aile. C'est en positionnant les différentes branches de ce dernier sur l'horizon que l'on pilote les trajectoires verticales et à 45°. Seule l'altimètre et l'anémomètre (vitesse) sont (rarement) consultés.
Est-ce plus compliqué au crépuscule ? Il n'y a pas de différence fondamentale de technique entre le jour et le crépusculaire, sauf une vigilance encore plus importante.
Combien de ‘’G’’  pendant une démo ? Nous encaissons des facteurs de charge de +8G à-7G dans des laps de temps courts. L’entrainement régulier et la condition physique sont primordiaux dans ces circonstances ; nous ne portons pas de combinaison de vol spéciale.
Pas de problèmes sur une piste en herbe ? Non, le train d’atterrissage des Extra 330 est fait pour. De plus, quand nous évoluons sur une piste en herbe, nous sommes aussi plus proches du public. 
Quel est le rôle du pilote qui observe depuis le sol ? Le rôle du pilote au sol est de se mettre à la place des juges afin de décrire à la radio la moindre erreur et de donner les correctifs nécessaires car seul le verdict des juges compte le jour de la compétition.
Le Capitaine Rallet précise que l’équipe de l’EVAA va, après le meeting de Lens, s’imposer un entrainement intensif en préparation des championnats de France monoplace à Falaise (25 au 26 juin 2014)(*) et d’Europe à Matkoputszla en Hongrie en catégorie Unlimited (23/08 au 30/08). Ces entrainements seront entrecoupés de nombreuses participations à des meetings aériens, tant en France qu’à l’étranger. En 2015, le championnat du monde aura lieu en France à Châteauroux-Déols ; ce sera l’occasion de saluer chez eux ces pilotes d’exceptions.

     
(*) Les résultats du Championnat de France 2014 – ELITE
1  Francois Le Vot (EVAA) Extra 330SC 
2 Olivier Masurel (pilote civil) Extra 330SC
3 Alexandre Orlowski (EVAA) Extra 300SC
4 Mikael Brageot (pilote civil) Extra 330SC
5 Aude Lemordant (pilote civile) Extra 330SC
Francois Rallet (EVAA) et Alexis Busque (EVAA) terminent respectivement 9ème et 11ème.

Noir, Jaune, Rouge.

Airshow placé sous le signe de l’amitié Franco-belge, plusieurs appareils ‘’noir-jaune-rouge ‘ont fait le déplacement au pays des Chtis.
           
Le Bronco Demo Team de Tony  de Bruyn et le superbe OV-10B Bronco (G-ONAA) 99+18 sont de la partie. L’appareil, un modèle D spécialement construit pour l’Allemagne, a servi comme tracteur de cible pour la Luftwaffe. La modification la plus importante consiste en  la suppression des portes cargos à l’arrière, remplacées par un dôme vitré qui s’ouvre vers la gauche. C’est dans cet espace, restreint, mais à la visibilité  exceptionnelle, que Jessie a effectué le trajet Wevelgem – Lens-Liévin, une première pour la jeune fille (la seule) crew chief au sein du Bronco Demo Team. En fin de journée, Tony et les ‘’Cheerleaders’’, l’équipe aux sourires ravageurs, composée de Ruth De Bruyn, Edith Ryckmans, et Soetkin Vandecandelaere ont fêté Jessie De Cooman  avec, comme il se doit, quelques bulles.
Gérard ‘’Gee’’ Caubergs et Jean-Claude ‘’Kéké’’ Kaisin sont eux venus  à bord du DHC-1 Chipmunk et du Piper L-18C affectueusement appelé ’’la pipette’’ ; tous deux font partie du 369 Squadron Belgian Vintage Aircraft Association (Brasschaat).
       
Au programme, un duo atypique dans le ciel de Lens, duo qui n’était pas prévu au départ : nos deux pilotes ont préparé cette présentation afin de palier l’absence d’autres Piper Cub belges qui se sont désistés à la dernière minute. Du beau boulot pour Gee et Kéké dont les avions sont respectivement basés à l’aérodrome du Laboru près de Verviers (Chipmunk) et à Florennes ( Belgian Defence Aeroclub). Au statique, le Stampe & Vertongen SV-4 , V-21 durant sa carrière militaire et OO-SVG dans le civil. 25 Retenons que cet avion a durant de nombreuses années trôné sur pylône à l’entrée de l’Ecole de Pilotage Elémentaire de Gossoncourt. Sa restauration complète et remise en état de vol sont le résultat d’un travail de longue haleine dans les ateliers de RAR, Raymond Aircraft Restoration. 
Représentant de la Composante Air belge, le Commandant Aviateur Renaud ‘’Grat’’ Thijs entre en scène et, surprise, ne vient pas seul !
     

Fendant le ciel à bord de son F-16, le solo display belge est accompagné dans ses évolutions par Michael Brocard aux commandes du Rafale de l’Armée de l’Air française : un duo percutant et unique dans le ciel d’un airshow européen. Cette présentation, dite technique, met en évidence les caractéristiques propres à chaque avion; les figures volées font parties de l’entrainement de base des pilotes de chasse.
     
Grat, ajoute un commentaire enthousiaste : Le duo c'était vraiment une super opportunité. On l'avait testé à Radom avec Rût sans pouvoir le voler en show (pas assez de slots côté polonais). C'est assez significatif que deux avions de combat différents de deux Forces Aériennes puissent voler ensemble dans une séquence de show aérien. Je crois que c'est unique et que ça met assez bien en évidence le niveau de coopération et d'interopérabilité de nos deux  armées aériennes. La formation commune à Cazaux y est sans doute pour quelque chose, de même que les exercices combinés Européens et OTAN et les différentes opérations (Afghanistan, Libye) où nous avons volé ensemble. Le truc intéressant, côté technique, c'est que les deux avions ne volent pas du tout de la même façon: le Rafale, aile delta, peut prendre beaucoup plus d'incidence que le F-16 (il "bouge" son nez assez fortement avant de changer de direction), par contre, ça veut dire qu'à régime moteur constant, il va dégrader plus d'énergie. D'un autre côté, le fait qu'il soit bimoteur lui donne un net avantage au niveau puissance (en ligne droite il me "lache"). Il faut donc sans cesse ajuster, travailler sur les trajectoires, ... c'est du travail mais c'est cool à voler!
C’est également grâce  à l’appui du Commissaire de l’Air, JF Lipka, que cela a pu avoir lieu ; présent en Pologne, il avait apprécié lors de la répétition et a donc relancé les pilotes et donné l’accord nécessaire pour qu’ils poussent à nouveau les réacteurs ensemble…
 

Indicatif ‘’Cartouche Doré ‘’ .

 A la base aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard, l’heure est aux anniversaires : l’Ecole de Pilotage de l’Armée de l’Air fête les 30 ans de l’avion Epsilon mais surtout les 25 ans de la patrouille acrobatique Cartouche Doré. La patrouille évolue avec quatre TB30 Epsilon, le quatrième étant un appareil de  réserve nécessaire en cas de problème technique. L’Epsilon en service depuis 1984, est  utilisé avec le  Grob 120 A-F pour l’instruction de base  des pilotes et navigateurs de l’Armée de l’Air et de l’Aéronautique Navale. ‘’Cartouche Doré’’, qui est l’indicatif radio du team, est composé de cinq pilotes, tous anciens de la chasse et instructeurs chevronnés, dont trois effectuent les démos. Le leader est de toutes les présentations et vole en alternance avec un des deux équipiers droit et un des deux équipiers gauche. A Lens, sont présents (dans l’ordre de la photo) : ailier droit : Capitaine Gatien ‘’Averell’’ Régent, leader : Capitaine Damien ‘’Dam’s’’ Depayras, ailier gauche et pilote de réserve : Capitaine Wilfrid ‘’Blanky’’ Blanquer, ailier gauche : Capitaine Maxence ‘’Max ‘’Levy. Il manque le Lieutenant Nicolas ‘’Chap’s’’ Chapel, équipier droit. Le pilote qui reste au sol, assure ; outre son rôle de réserve, celui de commentateur et de surveillance des vols. L’équipe participe cette année à une trentaine de meetings aériens, essentiellement en France. Ajoutons que la ‘’mécanique’’ est assurée par la société civile ECATS (EADS Cognac Aviation Training Service), deux mécaniciens accompagnent chaque déplacement. Voici en images cette belle patrouille, ambassadrice des ailes françaises, qui démontre avec panache le savoir-faire des instructeurs de Cognac. Il a fait chaud dans les cockpits…
     
           
   

Avions, cadeaux et bonbons pour enfants sages.

Une manifestation aérienne, cela doit aussi être une grande fête pour les enfants, petits et adolescents. A l’initiative de la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin, avec la complicité des organisateurs de l’Airshow et la collaboration du restaurant Buffalo Grill et de son sympathique personnel, ce sont près de 400 enfants issus de milieux défavorisés qui ont été accueillis sur le site. Après avoir visité les expositions et admiré les avions, les enfants ont été conviés à déguster un bon gâteau et se sont vus offrir quelques pâtisseries et bonbons. Venus à leur rencontre, Grat, Tao et les Cartouche Doré ont eu un beau succès…même (et surtout !) auprès des accompagnatrices ! Les plus mordus parmi ces jeunes fans ont sollicité une photo ou un autographe. Bravo pour cette initiative qui a permis aux gosses d’assister aux évolutions de nombreux aéronefs et de repartir les yeux pleins de souvenirs.
         

Tao, interview à mach2

 C’est aussi pour nous l’occasion de voir ensemble Tao et Grat et de faire une petite interview du pilote Rafale Solo Display :
Tao, quels sont les principaux changements dans ta démo par rapport à 2013 ?
Alors cette année j'ai changé le décollage, j'ai rajouté un touch and go et ensuite j'ai surtout travaillé l'enchainement et les liaisons des figures du programme de l'année dernière.
Y a-t-il une figure plus difficile à voler ?
Il n'y a pas vraiment une figure difficile à voler. Prises séparément, toutes les figures sont réalisables sans problème avec du travail. Ce qui est difficile c'est d'enchainer l'ensemble du ruban, de le cadrer selon les conditions du jour et de le rendre dynamique.
Comment est validé un programme de  démo ?
Nous fonctionnons avec un cycle de "commissions" pendant la phase de préparation. Nous (toutes les équipes de l’Armée de l’Air) avons une première commission "papier" pour présenter les nouveautés et le plan d'entrainement (courant janvier), suit une commission intermédiaire pour checker le plan d'entrainement et enfin une commission finale qui se déroule à Salon de Provence avec l'ensemble des équipes de présentations.
Les commissions sont composées d'experts et de représentants de chaque grande partie de l'AA ainsi que d'experts techniques (anciens présentateurs). La dernière commission se fait devant le Général Denis Mercier CEMAA (Chef d’Etat-major de l’Armée de l’Air). C'est lui qui lance officiellement la saison.
Combien d'entrainements par jour ?
1 seul entrainement par jour car le vol est très contraignant. La première année du présentateur, il doit réaliser au minimum une quarantaine d'entrainements. La deuxième année c'est une quinzaine.
Est-il exact que tu ne peux effectuer qu'une seule démonstration par jour en plus de l'entrainement ?
Oui tout à fait, et ce n'est pas en plus de l'entrainement. Un entrainement est considéré comme une démo. Cela est une restriction "interne" (coach/pilote) car le vol demande beaucoup de concentration et est très physique. Un deuxième vol est techniquement possible mais il perd en qualité et en sécurité des vols. Nous le gardons uniquement pour des raisons très importantes....
En dehors de ton rôle de pilote démo de l'AA, continues-tu les missions au sein de ton Escadron ?
Oui bien sûr! Je dirais même plus, je suis d'abord un pilote d'escadron et ensuite démonstrateur du Rafale... La semaine, je suis instructeur pour tous les pilotes qui volent en Rafale (Armée de l’Air et Marine).
As-tu été en opérations extérieures (OPEX)? Lesquelles - si on peut en parler ?
Oui, des théâtres chauds, désertiques et au sud......
Quel est ton meilleur souvenir Airshow ?.....le plus impressionnant?
Tous les airshows sont différents et il est difficile de dire lequel est le meilleur ou le plus impressionnant. Ils ont tous une particularité qui les rendent unique. A chaque fois ce sont des supers rencontres, des nouveaux vols et une expérience grandissante.
Il y avait un passager avec Michael … ?
Quand nous ne décollons pas du terrain de l'airshow, nous emmenons souvent un" troisième homme" pour nous aider dans la logistique. C'est souvent un pilote de l'escadron. Aujourd’hui il s'agissait d'un moniteur de la marine qui est instructeur Rafale chez nous.
Enfin, quelle est ton appréciation de la démo de Grat ?
C'est toujours un plaisir de voir voler Grat. Il a une très belle démo, et c'est encore plus sympa quand on voit voler les copains!

Supervision des démos.

Durant toute la durée des vols, François Broucqsault, pilote, a assuré le rôle ingrat mais nécessaire de Directeur des vols. Chaque évolution est attentivement suivie, le respect des limites imposées (altitude, vitesse, ligne de vol…) étroitement surveillé. Lors du retour au sol, la présentation est commentée avec les pilotes et si nécessaire des corrections sont  imposées. Pour les démos qui engagent l’Armée de l’Air, le Colonel Jean-François Lipka, Commissaire de l’Air, ancien pilote de Mirage 2000 à Orange, photographe hors pair, assurait le contrôle militaire. Le co-équipier, le coach, parfois les deux sont également présents lors des répétitions. Ensuite, en direct, ils assurent avec verve et humour pour certains les commentaires pour le public.  Pour l’anecdote, JF Lipka possède plus de 100.000 diapositives dont quelques 30.000 prises en vol…ajoutez-y les photos numériques depuis quelques années…

Les Piper de Saint Dizier

Formations serrées et croisements sont au programme de la Patrouille de l’Aéroclub de Saint-Dizier. Celle-ci évolue sur un Piper J3, couleur kaki et bandes d’invasions noires et blanches, comme en 1944, et un Piper PA18 en livrée jaune US ARMY. Ce Piper PA18 Super Cub (F-BUOZ) a volé sous les cocardes belges au sein de l’Aviation Légère de la Force Terrestre (1955 à  1966) avec les codes L-84, puis OL-84 avant d’être retiré du ‘’service militaire’’ et intégré à l’Aéroclub des Forces Belges en Allemagne comme OO-FBA. Depuis 1974, il vole en France et a connu différents propriétaires et immatriculations.
     

 Les appareils sont mis en œuvre par Saint-Dizier Aéro-Rétro, qui possède encore d’autres avions de collection. Deux pilotes expérimentés volent sur ces Piper : Jean-Louis Marcireau, instructeur-examinateur et Président de l’Aéroclub pour le J3 et Gilles ‘’Sam’’ Vallée, en congé du personnel navigant de l’Armée de l’Air pour le PA19. ‘’Sam’’ n’est pas un inconnu : souvenez-vous des Raffin Mike, ce duo qui volait déjà très ‘’serré ‘sur Jaguar : il en était ! Comme équipier en 1998 et 1999, puis comme leader en 2000. Sam a volé 10 ans sur Jaguar, d’abord à Toul puis à Saint-Dizier. Il cumule 1920 heures de vol sur le biréacteur de conception franco-britannique (SEPECAT). Les Raffin Mike ont époustouflé le public de Koksijde (Coxyde) lors des grands rendez-vous (inoubliables) des International Air Show. Gilles Vallée a également été instructeur sur Tucano à Salon de Provence avant de retourner à ‘’la chasse’’ sur Rafale à l’EC 1/7 Provence puis à l’ETR 2/92 Aquitaine, deux escadrons de Saint-Dizier. Durant sa carrière (1991-2013) le Capitaine Gilles Vallée a participé à 127 OPEX sur Jaguar (Les Balkans, Afrique et l’Irak) ensuite sur Rafale (Afghanistan, Libye et Mali). En 2010 son expérience le désigne comme coach de la présentation technique sur Rafale assurée par le Capitaine Cédric ‘’Rut’’ Ruet. Sur Piper, Sam et Jean-Louis montrent la parfaite maitrise qu’ils ont du vol en patrouille.

Un pingouin (*) dans le ciel lensois.

Encore une première pour l’Airshow de Lens : la participation du Rafale Marine qui montre l’intérêt porté à cette manifestation par l’aéronautique navale française. Le ‘’17’’ (M17 mis en service le 31/10/2007) se présente plein pot à notre gauche, longe le public puis entame une série d’évolutions à basses et hautes vitesse. Le pilote, montre les qualités et performances du fleuron de la chasse  embarquée qui équipe les Flottilles 11F et 12F. Une simulation d’appontage, trains d’atterrissages et crosses sortis, dévoile la solidité des jambes de trains. A quelques mètres de nous, un couple suit et filme les évolutions de l’avion : ce sont les parents de l’Enseigne de Vaisseau (Capitaine) Antoine Charron, le pilote du Rafale. Chantal et Thierry nous confient que la famille compte sept enfants dont cinq sont pilotes sur avions à moteur ou planeurs. Aujourd’hui, ils sont fiers de voir évoluer leur fils dans le ciel de Lens. Antoine a obtenu son brevet civil avant d’avoir son permis de conduire…Il est le seul de la famille à avoir embrassé la carrière militaire, il y a 11 ans. En soirée, Thierry nous emmène à la rencontre de son fils Antoine ‘’Stone’’ qui vient de rentrer de Lesquin où il a posé son Rafale et qui prend un verre avec les copains. Stone nous raconte : Je suis entré à Lanvéoc-Poulmic en 2003, puis j’ai suivi une formation de pilote à Salon de Provence où j’ai fais partie de la dernière génération de pilotes à voler sur (Embraer) Tucano. Ensuite, j’ai rejoint l’US NAVY et la Naval Air Station de NAS Meridian (Mississipi) pour un entrainement intensif d’1an1/2  sur T-45 Goshawk et une qualification ‘’appontage’’ sur porte-avions américain. Retour en France pour une conversion sur SEM (Super- Etendard) depuis Landivisiau puis sur le Charles De Gaulle. Aujourd’hui je suis sous-chef de patrouille Rafale à la 12F, je totalise plus de 200 appontages, 1.600 heures de vol dont 600 sur Rafale M. et je suis ‘’hiboux’’ c'est-à-dire qualifié appontages de nuit. Quand j’en ai le temps, je vole également sur planeur dans les Alpes du Sud, un régal et, à l’occasion, avec mes frangins nous volons en formation de quatre planeurs. Comme mes parents l’ont dit, quelques-uns de mes frères sont également pilotes : Dominique qui est professeur en maintenance aéronautique à l’Institut Universitaire de Technologie d’Aix en Provence est breveté sur avion et planeur. Il fait de la voltige sur les deux types de machines et est aussi un grand passionné d’aéromodélisme. Pierre, Frédéric et Vincent volent sur planeur. Vincent, le cadet (15 ans) a été lâché solo mais est trop jeune pour obtenir sa licence, ce sera pour l’an prochain. Jacques, l’ainé et Aurélie, le sourire féminin de la fraterie, sont régulièrement nos passagers.
   

(*) Pingouin est le surnom donné au personnel  de l’Aéronautique navale.

Coucher de soleil et jeux de lumières

Une grande première pour la France, le Sunset Airshow ou Airshow crépusculaire mis sur pied par Régis Grébent et son équipe. Et à Lens le coucher de soleil est de la partie, il se couche face au public. Un beau spectacle avec une ambiance lumineuse qui joue avec les couleurs du ciel et les avions pour de beaux effets. Une grande réussite qui a émerveillé les spectateurs et emballé les participants. C’est le Breitling Jet Team qui a ouvert le spectacle à 20h30 suivi de l’Extra 300 de l’EVAA piloté par le Capitaine Rallet.
                                 

Se présentent ensuite la Patrouille Cartouche Doré, puis le Rafale de Benoit ‘’Tao’’ Planche. Hélas, l’avion est victime d’un problème technique après quelques acrobaties et  Tao doit abréger la présentation et rentrer se poser  à Lille-Lesquin.
Tao explique :
Durant la démo, une sonde est tombée en panne. La règle c'est la sécurité avant tout! Du coup, ayant une panne (même mineure), je dois interrompre le show et ramener l'avion à bon port ; c’est la règle et c'est tout à fait normal.
                         

Peu après, c’est au tour du F-16 Solo Display de Grat  d’évoluer sous une belle lumière changeante passant du bleu foncé à l’orange. Grat y va de quelques tirs de flares qui illuminent un ciel qui s’obscurci de plus en plus. A son retour, Grat précise que le type de flares qu’il tire ne laisse pas de résidus et que les cartouches restent dans l’avion.
                 

Le Twister Aerobatic Team britannique équipé de deux Silence SA1100 Twister clôture avec force feux d’artifices et illuminations les démonstrations aériennes. Le public est  invité à rejoindre le seuil de piste où un show ‘’coloré’’ de ballons à air chaud est organisé…une finale magique !
           

The place to be…

Grat est heureux de se trouver à Lens et nous fait un commentaire élogieux : L'ambiance: géniale! Les organisateurs, que je connaissais avant, nous ont accueilli comme des VIP et l'équipe et moi avons pu, comme souvent dans les shows de taille moyenne, rencontrer le public, les bénévoles, ... nous nous sommes vraiment sentis bienvenus chez les Ch'ti! et je pense qu'on le leur a bien rendu: la tente "Solo Dispay" animée comme à son habitude par Didier Mazzocco a attiré les foules et, malgré la taille de l'axe de présentation (tout petit) j'ai tout donné pour rester près du public durant la démo, faire du bruit et présenter le show 2014, qui a été apprécié je pense.
Dernière chose: les spectateurs français ont découvert le "sunset display" et ils étaient enthousiastes! Je continue de croire que c'est une des plus belles façons de présenter l'avion au public (même si pour les photographes c'est plus difficile).
Tout le monde, pilotes, bénévoles, mécanos,journalistes et spectateurs ont quitté Lens enthousiastes et tous sont d’accord pour dire que l’édition 2014 est un grand cru et mérite de déboucher le champagne !

Régis Grébant, organisateur heureux, conclut : Une très belle réussite et une grande affluence car 64.000 personnes comptabilisées le dimanche à l'entrée principale du site dont un nombreux public venu de Belgique et d’autres pays lointains. Le Sunset plébiscité par les participants a créé un précédent dans le milieu des airshows français (plusieurs intentions d'organisateurs qui nous demandent conseils et aide…). Le vol inédit du Rafale de Tao et du F-16 de Grat qui couronne la grande Amitié entre les personnels des deux équipes de solo display françaises et belges. Un regret cependant, l'absence des Red Devils et des hélicos belges, mais Grat et son équipe ont largement assuré ! Nous avons aussi enregistré l’arrivée de nouveaux sponsors aéronautiques d'importance : Dassault, Thalès, MBDA, Airbus Group et Airbus Helicopters, Trescal, Breitling, qui ont montré un intérêt pour notre meeting qui est maintenant reconnu dans le milieu. Grande confiance des Armées dans l'organisation du meeting et intérêt nouveau de l'Aéronavale française.
Comment se sont déroulés  vos contactcs avec 'nos' pilotes belges ?  Ils sont de notre famille !! Des gens du Nord, chaleureux !
Que représente le budget catering? Gros budget d'environ 25.000€ réparti sur les postes suivants: Hôtellerie, repas des équipages à Lens et à Lesquin où nous avons créé une base aérienne temporaire pour 4 Rafale, 1 F-16 et 7 L39, les logistiques belge et française pour l'avitaillement des avions, le gardiennage militaire,les repas des bénévoles et des invités.


Un film sur ce week-end de fête aérienne sera présenté en septembre, en voici un avant goût : https://www.youtube.com/watch?v=wk9J8Tzmioc

L’équipe Flying-Zone remercie chaleureusement Régis Grébent et son équipe pour les facilités accordées.
Merci à tous les pilotes qui ont donné un peu de leur temps et accepté de répondre à mes questions.
Merci à Gérard, notre guide du jour.