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Texte : Benoît Denet  - Photos : Guy Liesse
Février 2011

  Du 22 au 30 janvier 2011 s’est déroulé le 33ième Festival International de ballons sur le site grandiose et spectaculaire de Château d’Oex en Suisse. Ce festival est très populaire et regroupe de nombreuses activités liés à l’aérostation mais pas seulement. En effet en plus des divers compétitions amicales et vols de montgolfières, un show aérien comprenant de la voltige avec un Extra 330, des sauts de paras et autre parapentes, des mini ballons radiocommandés étaient proposé au nombreux public. Certains jours des activités nocturnes se déroulaient aussi.
Pour nous parler de cette rencontre mais aussi de sa passion de l’aérostation j’ai interviewé un amis pilote présent à Château d’Oex cette année : Patrick Archambeau. 

Que représente un meeting comme Château d’Oex pour toi ?
C’est un des seul meeting en hiver dans une station de ski et surtout avec des ballons de formes; ces ballons de formes que l’on ne voit nulle part ailleurs, c’est surtout ça qui est intéressant. Le fait de voler ici avec le relief est aussi très sympa et puis il y a de nombreuses nationalités qui sont représentées; certains pilotes viennent des USA, ’Allemagne, d’Italie, de Belgique ; c’est aussi chouette de se retrouver. Du  point de vue compétitions , ici elles sont toutes amicales.

Y-a-t’il des particularités à voler en montagne comme ici dans les Alpes ?
Ah oui voler en montagne c’est beaucoup plus compliqué, il faut en France une qualif et faire des vols avec un instructeur qualifié « montagne ».  Les conditions ne sont pas les mêmes qu’en plaine, nous devons tenir compte du versant froid, du versant chaud,  du soleil , des effets de sol, du vent, le vent de vallée… Tout cela rend plus difficile les vols avec du relief.

Que faut- il pour voler en ballon ?
Il faut d’abord avoir une licence de pilote, on suit des cours théoriques et pratiques. Il faut minimum 12 heures avec un instructeur, deux vols en solo d’une heure et bien sur passer l’examen. Je pense que c’est identique pour la Belgique.

Tout cela à un certain prix, au point de vue ballon, matériel ?
Oh oui, tout dépend d’abord du volume de la montgolfière. Le volume moyen est de 2200 mètres cube, sans motif particulier avec une nacelle, un brûleur, ça peut aller jusque 20 –25.000 euros, après tu as l’équipement : radio, ventilateur, remorque, le  véhicule. Pour le véhicule au départ on commence avec une voiture, puis on se rend très vite compte qu’un 4X4 est plus approprié. Avec les toiles avec formes spéciales ça peut commencer à 50.000 euros et aller jusqu'à … Par exemple l’Astérix ici qui appartient à un privé, c’est certainement 50.000 euros, mais ça va encore car il a à la base une forme de ballon.
 Du point de vue assurance, nous sommes considérés comme un aéronef, c’est-à-dire qu’il faut  une qualif  de pilote, une licence radio et en France on passe chaque année au bureau Veritas, pour contrôler la toile, le matériel et nous avons une assurance aéronautique. D’ailleurs nous somme immatriculés F pour la France et OO- pour la Belgique , comme pour un avion. Pour le prix de cette assurance , en privé cela revient à 1.200 euros. On a aussi un examen médical à passer tous les deux ans comme un pilote privé avion.

On entend souvent qu’il est plus difficile qu’avant de pratiquer le ballon ?
Le problème c’est qu’il y des gens qui se sont installés comme professionnels, ce qui nous met des limites. Après de toute façon on va en venir à avoir un transpondeur pour pouvoir voler dans les zones. Pour l’instant en France on est pas limité; par contre en Allemagne, ils sont obligés de déposer un plan de vol, comme en Suisse aussi. Je pense qu’en Belgique il n’en  faut pas encore.
Pour ce qui est des espaces, des zones militaires ont été libérées, on a tout de même encore de la place pour voler tranquillement.

Peut on opérer la montgolfière de n’importe quel terrain?
La loi est un peu bizarre, théoriquement nous devons demander l’autorisation du propriétaire du terrain lors du décollage et du propriétaire du terrain de l’atterrissage. Va t’en trouver le propriétaire du terrain ! Dans la région où je vole principalement, en Alsace, nous avons des accords avec des propriétaires, nous évitons aussi de rentrer dans les champs clôturés , ou bien dans les cultures. On connaît les terrains, les gens nous connaissent et comme cela nous évitons les problèmes. Maintenant, nous devons bien sur respecter les règles de l’air et les zones de vols d‘après les cartes aéronautiques, par exemple 300 m d’altitude au dessus des villes, on contact parfois la tour de certains aérodrômes comme à Bâle-Mulhouse.

Au niveau du transport de passagers comme certains vols ici à Château d’Oex, qu’en est il?
Pour nous, en tant que privés, les passagers sont non payant. Les professionnels se font payer; certains clubs font payer les baptêmes de l’air en devenant membre de l’association pour pouvoir voler, nous ne faisons pas ça. Mon ballon est prévu pour  emporter 4 personnes plus le pilote mais en général je n’en prend que trois pour soulager la structure. Certaines nacelles peuvent emporter jusqu’à 25 personnes comme au Kenya;, ici à Château d’Oex, certains professionnels viennent avec des nacelles pour 12 passagers. Tout dépend du volume;, pour le mien il s’agit de 2.600 m3 mais ici les plus gros ballons sont a 10.000 m3, mais là c'est du charter . Comme tu peux le voir ils ont un tracteur pour décharger la toile qui pèse pour ces ballons 300 kg, un autre tracteur pour la nacelle, c’est une autre organisation, pour moi ce n’est plus du ballon de plaisir.

Au niveau météo qu’est-ce qui peut empêcher les vols?
La pluie, on ne vole pas sous la pluie car la toile doit être sèche pour voler. L’autre limite est le vent; selon les montgolfières nous avons des limites de vent pour les décollages et atterrissages. En général au-dessus de 15 nœuds nous ne volons pas. Il faut que le vol reste du plaisir aussi pour les gens que l’ont invite et puis pour éviter la casse à l’atterro. Ce sont souvent les vols du matin qui sont les plus beaux, tu vois la nature qui s’éveille , tu te poses avant que les courant thermiques n’arrivent et tu as encore tout ton temps pour ranger ton matériel, ce qui n’est pas le cas lors des vols du soir avec la luminosité qui diminue.

Y a-t-il d’autres rencontres comme Château d’Oex auxquelles tu vas participer cette année?
Oui la dernière semaine du mois de juillet il y a la grande rencontre à Lorraine juste à côté de Metz , c’est un meeting organisé tout les deux ans où nous avons environ 500 ballons qui volent toute la semaine. Ca se déroule sur une ancienne base de l’OTAN, à Chambley. Le terrain est tellement grand qu’il nous arrive de faire des gros décollages groupés, si tu pars en premier et que tu regardes c’est comme un paquet de popcorn. Tu peux alors te rendre compte que l’aérologie est bizarre : tout le monde part d’un même site mais aucun ne va se poser au même endroit.

Au niveau consommation il y a des différences selon l’endroit je suppose?
Ici à Château d’Oex c’est intéressant au niveau du gaz car plus il fait froid moins nous consommons;, sur un vol ici d’une heure et demi nous utilisons une bouteille et demi alors qu’en été ils nous faudrait quatre bouteilles pour un vol identique ailleurs. Nous emportons quatre bouteilles de gaz propane , leur poids varie entre 20 et 40 kilos. En général pour un meeting comme ici, il y a un camion de gaz qui nous permet de remplir les bouteilles après chaque vols, le camion est payé par l’organisateur.

Quels matériaux sont utilisés dans la conception des montgolfières?
La toile est en polyester, la nacelle en osier, les bonbonnes sont en inox ou en titane, et les câblages en acier. Pour le montage il faut être trois personnes, une à la bouche du ballon, le pilote qui monte avec le ventilateur et un troisième à l’arrière à la corde; souvent nous demandons l’aide des passagers.  Au niveau du dessin, certain peignent eux même sur la toile , comme ce ballon « cowboy » des américains ici à Château d’Oex. La toile est alors beaucoup plus lourde. Pour les autre ballons comme le mien c’est un assemblage de tissus de différentes couleurs. Pour les logos, plus il est compliqué et plus la toile sera chère.

Beaucoup ici possèdent un sponsor? 
Le problème du sponsor c’est qu’il nous met des limites. Il va vouloir faire certaines choses; nous en ballon privé par exemple si la météo n’est pas trop bonne on ne vole pas , tandis qu’un ballon sponsorisé comme ici devra gonfler son ballon, car souvent le sponsor invite des gens lors des meetings et le ballon doit être visible.


Y a-t-il encore un endroit dans le monde que tu aimerais survoler?
Tu sais j’ai déjà été un peu partout , du Nouveau Mexique ( 8 fois) à la Corée du Sud, en passant par Israël et le Japon aussi. Au début nous emportions notre propre ballon, par cargo aérien. Au fil du temps on a connu des pilotes locaux, ce qui nous permet de trouver la nacelle et les bouteilles et nous n’avons plus qu’a amener notre propre enveloppe. Il arrive aussi que certains louent du matériel sur place. A Albuquerque aux USA par exemple il y a une équipe de personne attitrée pour s’occuper des pilotes étrangers, avec leurs 4X4, leurs pickups, ils n’ont pas besoin de remorques les 4X4 sont tellement démesurés là-bas. J’ai aussi volé au-dessus du Mont Blanc avec de l’oxygène à bord du ballon, avec un décollage à partir de Chamonix. Je n’ai pas encore volé au Kenya, mais c’est devenu vraiment un truc à touristes là bas, ça deviens du transport de bétail.
Autrement survoler les volcans en Auvergne ou alors la montagne comme ici en Suisse…c’est vraiment sympa.

Et la Belgique?
Je connais bien Benoît Siméon et j’ai fait un meeting il y a longtemps, le meeting de l’ULB à Bruxelles. C’était un peu plus compliqué, nous décollions de la plaine (de la VUB) et suivant la direction du vent nous pouvions partir vers la zone de l’aéroport. Je crois que c’est à cause de ces contraintes qu’ils ne l’ont plus fait.


Merci Patrick…

Mais si tu es libre fin juillet, je te donnerai les dates et tu viens au meeting de Chambley pour un petit vol , on a justement un gîte à 2 kms du terrain avec des potes. Là-bas nous n’avons pas de passagers confiés par l’organisateur à transporter comme ici à Château d’Oex, on peut donc inviter des amis à venir faire des vols avec nous.